L'inconnue du mercredi

Bonjour,

Les courses, ça fait toujours fantasmer sur bob. Alors je partage cet écrit qui, s'il rencontre son public, pourra faire l'objet d'une ou plusieurs suites.

Avertissement de l'auteur : toute ressemblance avec des faits réels serait purement fortuite.

C’est mercredi. Bon sang, ce que j’aime ce jour. C’est fou ce qu’une seule personne peut tout bouleverser. Le mercredi, c’est le jour des gosses qui courent dans les allées en braillant, des mamans excédées poussant le caddie, le jour à mi-chemin entre l’énergie du début de semaine et la délivrance du week-end… bref, un jour qui jusqu’ici me donnait envie de rester sous la couette. Enfin, ça, c’était avant mon inconnue. Un bruit de talons, je sursaute, mais déception, ça n’est pas elle. Je replonge dans ma tâche, mon réassort. Pourtant, le souvenir de la première fois où je l’ai remarqué est si vif, gravé dans ma mémoire : d’abord le bruit de ses pas avançant avec grâce dans mon rayon, puis une paire de bottes en cuir noir, laçage sexy sur le mollet, haut-talons, et enfin, ses jambes voilées de nylon. Les clients d’un supermarché, ça va, ça vient, on finit même par ne plus les voir. Mais ce jour là, j’ai relevé les yeux, et grand bien m’en a pris. Une jolie robe laissant deviner des courbes et des rondeurs digne du rayon pâtisserie, yeux d’un vert profond, et un sourire enjôleur qu’elle m’a décoché comme une flèche à la pointe acérée. Ma première dose, celle qui m’a immédiatement rendue accroc. Je n’ai pas pu m’empêcher de la suivre des yeux ce mercredi là, et je ne l’ai jamais regretté. Plus loin, mon inconnue à la démarche féline s’est arrêtée, et lentement, elle s’est penchée pour prendre un produit tout en bas du rayon. On a beau dire, mais la plupart des hommes détournent le regard dans ces cas-là, une espèce d’auto-censure pour ne pas passer pour un pervers. Pourtant, malgré la gêne, mes yeux ont eu le temps d’entrevoir quelque chose, un léger trait de dentelle dévoilé par le mouvement. J’ai chanté les louanges de cette robe qui était devenue ma complice en remontant délicatement pour moi. Des bas, des vrais, voilà ce que j’ai cru voir ce matin là en luttant pour ne pas laisser mes yeux y retourner, un aperçu fugace qui m’a littéralement envoûté. Sans m’en rendre compte, je me suis retrouvé dans le rayon d’à côté, faisant mine de chercher quelque chose, la suivant du coin de l’œil pendant qu’une douce chaleur se répandait dans mon corps, amenant avec elle une brume épaisse sous mon crâne. M’avait-elle remarqué ? Était-ce pour moi qu’elle se baissait encore, me confirmant ainsi que j’avais bien vu ? Aujourd’hui, je sais que c’était bien le cas mais au moment de cette première rencontre, j’étais dans le flou complet, sûr que la belle ne se rendait même pas compte que cette robe remontait à chaque fléchissement, offrant au monde la vue la plus délicieuse sur ses jarretières de dentelle noir. Un nouveau rayon, puis un autre et soudain, sans y prêter attention, j’étais à l’autre bout du magasin, à l’exact opposé de mon rayon, le meilleur moyen de se faire engueuler par le chef. En rejoignant mon périmètre, j’ai eu ce jour-là l’impression d’aller à l’échafaud, de me couper un bras. J’aurais tant voulu continuer à suivre mon inconnue.

Récit très sympa une suite stp

Je plussois
Très bien écrit - la belle à zyeux verts nous prend dans son sillage et nous partageons ton émoi

Chanceux... merci et vivement la suite

Un très joli récit qui nous entraîne dans le sillage de cette jolie femme au yeux verts. Rêve ou réalité ? Elle semble si réelle.

@Yaya10000 @belleronde89, @Stefx17lr, @Eurydice, merci !

Episode 2 :


Son souvenir m’a poursuivi longtemps, une sensation très sensuelle, une impression qui se transformait peu à peu en fantasme que je devinais être idéalisé. Et puis, est arrivé le mercredi suivant, le bruit de ses talons sur le carrelage, et déjà le réflexe de Pavlov. J’ai aussitôt relevé la tête, reçu ma récompense : un sourire à tomber, et ce regard pétillant de malice. Pas la même robe, mais toujours ces bottes à lacets si féminines, le nylon noir sur ses cuisses, et sa voix aussi cette fois. Bon sang, j’avais imaginé ce moment des dizaines de fois, m’étais vu en tombeur plein d’assurance. Malgré ça, son « bonjour » lorsqu’elle es passée à côté de moi m’a tellement surpris que j’en suis resté comme un con, répondant à retardement avec cet air benêt que je déteste tant. Après ça, elle allait me prendre pour un crétin me suis-je dit. Mais au lieu de ça, mon inconnue s’est baissée encore et mon cœur s’est remis à battre comme une machine qui s’emballe. Cette robe n’était-elle pas un peu plus courte ? C’est en tous cas l’impression que j’ai eu en la suivant autant que je pouvais, récompensé par ces sourires qu’elle distribuait comme un dealer refourgue sa came.
Et puis, ce cœur décidément facétieux s’est tout simplement arrêté, à loupé quelque battements pendant que mes yeux, eux, se régalaient. Cette façon de se pencher lentement, le tissu souple de cette robe qui joue avec mes nerfs et soudain, la vision fugace et délicieuse de la dentelle de ses bas, de sa peau pâle plus haut, de ces jarretelles tendues, si sexy. Oui, cette fois, aucun doute, sous cette jolie robe se cachaient des bas et un porte-jarretelle. Mon cerveau a essayé d’assimiler l’information, m’a aussitôt renvoyé l’image de ma jolie inconnue sans sa robe, poussant son caddie dans un joli ensemble soutien-gorge, string et porte-jarretelles noir, ses bottes à talons arpentant les rayons l’air de rien. Le temps que je m’en remette, elle avait tourné à l’angle de l’allée centrale, me laissant planté comme un idiot, un peu plus serré dans mon boxer. Était-ce pour moi ce porte-jarretelle ? Ridicule ! Mais pour qui je me prenais, moi, petit employé de supermarché presque cinquantenaire. Pourquoi une beauté pareille voudrait-elle me… Me quoi d’ailleurs. Ça n’était pas de la drague ou de la séduction, ou du moins pas ce qu’on entendait généralement par ces mots. Non, le premier terme qui m’était venu, c’était m’aguicher. OK, mais pourquoi donc ? Est-ce que je lui plaisais ? Qu’attendait-elle de moi ? J’ai eu un peu de mal à travailler ce matin là, d’autant qu’elle est revenue plusieurs fois dans mon rayon, choisissant toujours pour mon plus grand plaisir les produits rangés tout en bas des étagères. Sous mon crâne, c’était la tempête. Consciente ou pas ? Volontairement coquine ? Et si oui, à mon intention ? Merde ! C’était n’importe quoi, tant de questions qui allaient tourner en boucle, me hanter constamment pendant des jours et des jours. Plus d'une heure après, mon inconnue est passée encore, probablement une dernière fois au vu de son caddie bien plein, elle s’est de nouveau baissée, m’a encore scotché avec une vue à couper le souffle sur ses bas, ce porte-jarretelle si fantasmatique, puis elle s’est tranquillement dirigée vers les caisses. Je ne sais toujours pas ce qui m’a pris, comment j’ai pu oser ça, mais je l’ai fait. Sans y réfléchir, j’ai laissé ma palette en plan, me suis dirigé vers elle d’un pas étonnamment assuré, et enfin me suis arrêté à sa hauteur :

«  Euh, juste pour vous dire que je les ai vu, que c’était très joli... »

Bon sang, je n’ai même pas bégayé, pas même rougi. Ses joues à elle se sont par contre colorées un peu plus, et un sourire un peu gêné a fendu ses lèvres. Merde, qu’est-ce que j’avais fait ? Et si elle se plaignait à la direction, criait au scandale, me renvoyait dans mes cordes avec un joli autocollant « harceleur » collé sur mon front ?

- Merci.

Pris de panique, je me suis aussitôt ravisé sans même prendre en compte ce merci délicat.

- Euh, je dis pas ça pour… enfin je voulais pas vous…
- Non, mais pas de soucis, merci. 

Ça ne fut qu’à cet instant que j’ai soudain réalisé ce qu’elle me confirmait, ce que j’espérais en réalité. Je n’avais pas eu besoin de lui préciser ce que j’avais vu, nous nous étions compris. Le temps que je prenne la mesure de cette révélation, que tout mon être se réjouisse de la nouvelle, elle était partie avec un « bonne journée » habillé d’un sourire toujours aussi renversant.

De plus en plus excitant ton récit très envie de connaître la suite

Ton récit, est bien écrit, et je suis fan de te lire.
Plus que qques heures avant mercredi prochain, et je te souhaite que ta rencontre se renouvelle, qu'elle ne soit plus une inconnue, mais une partenaire (de jeu, de plaisir ?).
Je ne pense pas être le seul à attendre l'épisode 3.
:)

Merci pour ces récits il manque juste le nom et la ville du magasin. Un récit 3 en vue ?

J'adore ! Tres bien écrit !

Merciiii la suite est terrible !
Ce petit merci, cette rougeur… tellement ça les impulsions et le contrôle électrique de l’instant …

Une belle histoire joliment racontée, cela existe vraiment pour ceux qui savent regarder.

Une belle suite.....j espère juste que ce n'est pas la dernière ...

Rien que le fait de lire.... on imagine et on en prend plein les yeux.

Bonjour,

waouh ! Merci pour tous ces encouragements.


Il faudra encore un peu de patience pour un épisode 3 mais il est en effet fort probable.


D'ici là, comme le dit Eurydice, ouvrez bien les yeux, on ne sait jamais ce qu'on peut découvrir au détour d'un rayon.

Bonjour,

Prêts pour l'épisode 3 ?

Alors le voici.

Episode 3 :


Ce sourire plein de charme, ce merci à la fois flatté et gêné, ils m’avaient poursuivi sans relâche, surgissant à toute heure, m’expédiant systématiquement sur un petit nuage à chaque invocation. Et encore, ça c’était pour les pensées les plus sages, celles où je la gardais habillée, où je ne m’attardais pas sur les dentelles que j’avais vu, et d’autres, que je fantasmais. « Merci »… bon sang, je n’en revenais toujours pas. Cette beauté avait apprécié mon compliment, ne m’avait pas pris pour un pervers. Cela voulait dire tellement de choses, tant d’implications qui se bousculaient dans mon esprit : j’avais donc le droit de regarder, pour du vrai, pas à la dérobée, de trouver ça joli, de le lui dire. Et ensuite ? Ensuite, et bien, j’étais perdu, encore totalement dans le flou. Une seule chose me semblait certaine : j’en voulais encore, j’en voulais toujours plus. Sa voix, son sourire, ses jarretelles, sa robe qui remonte avec une lenteur exaspérante, ses yeux d’un vert presque minéral, il fallait que cela continue encore et encore, qu’elle m’apporte ma nouvelle dose chaque mercredi.
Seulement voilà, quand la vie vous fait un cadeau, il semble qu’il y ait toujours une contre-partie. Cette contre-partie s’appelait Kevin. Au moins quinze ans plus jeune que moi, une tête de premier de la classe et une ambition à en rayer le carrelage, notre nouveau chef des ventes fraîchement débarqué d’un autre magasin était l’archétype du gars qui pense tout savoir mieux que tout le monde. A peine trois jours qu’il était là et déjà tous les collègues étaient à cran. Au lieu de rester bien sagement dans son bureau, Kevin était partout, toujours à roder pour revoir tel ou tel placement, ici un affichage pas assez clair, là un produit trois cm trop loin dans le rayonnage ou une palette qui restait trop longtemps dans l’allée à son goût. Bref, depuis trois jours, c’était l’enfer et je courais partout, sursautant dès que cet arriviste surgissait dans mon dos, l’un de ses seuls vrais talents semblait-il.
Malgré cela, quand ma belle inconnue est apparue au bout de mon rayon, je l’ai repérée dans la seconde. Son joli sourire, ses yeux magnétiques braqués sur moi, c’était comme si elle était contente de me voir. Toujours cette démarche tranquille, presque nonchalante, et cette assurance aussi. Non, ça, c’était nouveau, du moins, c’est la première fois que je remarquais cette confiance, bien réelle, mais pas exagérée ou suffisante à la Kevin. Elle irradiait littéralement de tout son être, l’entourait d’une aura immanquable. Je me rappelle m’être dit qu’elle était encore plus belle que dans mon souvenir, bien plus naturelle que ma construction mentale. Mais voilà, il y avait Kevin et ses messages incessants sur mon portable, ses injonctions pour que j’aille ici ou là au grès de ses lubies. Toutefois, ce jour là, en la croisant sans m’arrêter au milieu du rayon, c’est moi qui ai dégainé mon « bonjour » le plus avenant avec un grand sourire que j’espérais apte à transmettre ma joie de la voir. En retour, le sien m’a transpercé de part en part, un sourire en forme d’arme létale. J’ai à peine eu le temps d’entrevoir un décolleté possiblement très généreux, et une tenue noir, mais ses yeux accrochés aux miens emprisonnaient mon regard, l’empêchant de descendre plus bas. J’aurais tant voulu me retourner, presque sûr qu’elle se baissait pour moi, mais Kevin était déjà là, m’attendant au bout de l’allée avec la tête de quelqu’un qui aurait poireauté depuis des heures. Heureusement, comme tout le monde, il fallait bien que Kevin pisse de temps en temps, une petite pause insignifiante qui a pris ce matin là des allures de paradis pour moi. Aussitôt, je me suis mis en chasse, et il ne m’a pas fallu longtemps pour la retrouver, plantée au milieu d’un rayon, visiblement absorbée par son téléphone, imperméable au monde extérieur, un grand sourire aux lèvres. Pas de bottes aujourd’hui, mais une paire de bottines très élégantes à talons hauts, et une robe noir tout à fait sidérante. Oui, mes yeux avaient vu juste, ce décolleté façon cache cœur était profond, et s’ouvrait à l’envie. J’en eu la confirmation lorsque, sans même me remarquer, elle se pencha dans son caddie, offrant à qui savait regarder une vue à couper le souffle en souriant toujours à son téléphone. Encore une fois, je restai scotché. D’abord, par cette poitrine ronde semblant prête à jaillir de sa robe. Sans doute trop accaparé par ses jolis bas, et gêné par ce gros manteau d’hiver, je ne l’avais, jusqu’ici, jamais remarquée. Comment avais-je pu vivre sans cette image ? Le temps que la question m’effleure, que je sente le rouge monter à mes joues, elle s’était redressée, le nez toujours sur son écran. C’était l’autre chose à laquelle je n’avais jamais vraiment prêté attention, le deuxième point qui m’a, ce jour-là, sauté aux yeux en même temps que ces adorables seins serrés l’un contre l’autre. Venait-elle de prendre un selfie en se penchant dans son chariot ? La position du téléphone, son sourire à l’appareil, j’en étais à peu près sûr. Bon sang, mais d’où sortait cette fille ? Plus j’en découvrais et plus je voulais en apprendre, attiré par sa lumière comme un papillon de nuit. Avant que Kevin ne réapparaisse, je la croisai dans un autre rayon. Ce fut discret mais je suis sûr aujourd’hui qu’elle m’avait remarqué du coin de l’œil et qu’elle n’avait pas du tout besoin de ce produit qu’elle attrapa en se pliant en deux. Le paradis sur terre, juste avant de retourner en enfer avec Kevin.

Ce regard émeraude doit être tellement envoûtant. Et ce selfie penchée sur le charriot une histoire passionnante

Un très beau récit laissant rêveur des prochaines courses ! Merci à vous ! ❤️

Superbe récit et quelle magnifique rencontre
Merci

C'est to. J'adore

Ate de lire la suite

Encore merci pour vos encouragements

J espère lire l épisode 4.... si le fameux Kévin pouvait te lâcher....

Ah ces Kevin... tu devrais essayer de passer dans le rayon "glue" et lui coller ses grolles dans son bureau



Modifié 1 fois. Dernière modification le 16/04/25 12:42 par XtraCool.

@Stefx17LR @XtraCool, merci à vous !

Oui … c’est encore trop court semble-t’il… n est la comme ton héros à attendre sa prochaine apparition et Kevin est très très ennuyeux et présent.
( accro je suis )

Merci l'amie @belleronde pour tes gentils mots

Ohhh c’est mercredi-moins-trente

Bonjour,

On continue ?

Episode 4 :

Le mercredi suivant, j’étais dans les starting-blocks, sursautant presque au moindre claquement de talons , surveillant mon périmètre comme un suricate à l’affût. Par je ne sais quel miracle, Kevin était en formation, une véritable bulle d’oxygène dont je comptais bien profiter pleinement. Il faut dire que celle que j’appelais dans mes pensées ma belle inconnue était devenue mon attraction de la semaine, un rendez-vous incontournable qui m’aurait fait venir au boulot même si j’étais à l’article de la mort, et, il semblait, à mon grand dam, que je n’étais pas le seul. Les jours suivant sa dernière visite dans cette robe au décolleté vertigineux, je découvrais avec stupeur que la majorité de mes collègues attendaient son retour avec la même impatience que moi. Pour Fabien, elle était « la fille aux bas », pour Thibaut, « sa MILF préférée », pour Karim, « Miss gros nichons ». Ils avaient tous un petit nom pour ma belle inconnue, un sobriquet plus ou moins élégant. Putain, ce que j’étais jaloux quand je les ai entendu se faire des gorges chaudes, que j’ai découvert qu’ils parlaient tous de la même femme, mon inconnue aux yeux verts. En réalité, elle électrisait le magasin tout entier à chacune de ses visites, laissait une trace indélébile dans l’esprit de tous ceux qui la croisaient. Untel l’avait aidée avec son caddie, l’autre avait eu droit à un grand sourire, ils se croyaient tous en VIP, avaient tous une anecdote à son sujet, jouaient des épaules comme des petits coqs en se l’appropriant déjà. N’empêches que c’était à moi qu’elle avait parlé, peut-être juste un bonjour, et un merci, mais quand même, ses joues rougissantes, ça valait tout l’or du monde.
Je ressassais tout ça, le nez dans mes produits, lorsque, probablement sorti de mes pensées par un bruit, je relevai distraitement la tête. Elle était là, au beau milieu de mon rayon, visiblement occupée à chercher quelque chose, toujours aussi séduisante. Comment avais-je pu louper son arrivée alors que je trépignais depuis presque une heure ? Du coin de l’œil, tentant encore d’être discret, je la détaillais, surpris. Je crois bien, non je suis sûr que c’était la première fois que je la voyais sans ses fameux bas qui faisaient tourner toutes les têtes. Un jeans, ses jolies bottines à talons, et toujours ce fichu manteau d’hiver bien trop long pour que je profite du seul avantage que je voyais dans ce skinny qui la moulait comme une seconde peau. A vrai dire, même aussi sobrement vêtue, une élégance folle irradiait de cette beauté tranquille dont la tête furetait en tous sens à la recherche d’un produit visiblement introuvable. Les produits de ce rayon, c’était ma spécialité. Je n’ai même pas réfléchi, me suis avancé le plus naturellement du monde vers elle avec ce que j’espérais être mon visage le plus avenant :

- Bonjour. Je peux vous aider ?
- Bonjour…

Comme d’habitude, le sourire qui vise en plein cœur, l’anesthésie générale qui me transforme en benêt. Si cette fille avait bossé dans la vente, je lui aurais donné tout mon salaire, aurais fini sur la paille juste pour ce sourire en forme de soleil.

- Oui, je cherche une sauce tomate bio aux légumes et basilic que je trouvais ici avant mais qui semble avoir disparu.
- Ah, oui, je vois, je crois qu’elle est référencée au rayon des produits bio maintenant.
- Ah d’accord… je pouvais chercher longtemps alors. Bon ben je vais aller voir ça.

Je ne sais pas si la panique s’est vue sur mon visage lorsque j’ai réalisé que je venais moi-même de l’envoyer chez un collègue, mais si j’avais été assez souple pour me mettre un coup de pieds au cul à cet instant, je l’aurais fait volontiers. Alors qu’elle attrapait son caddie et amorçait déjà son demi-tour, mes yeux tombèrent miraculeusement sur un pot de cette fameuse sauce qui aurait la chance de terminer entre ses lèvres, de connaître la chaleur de sa bouche. Un véritable signe du destin :

- Ah, attendez, j’en ai une ! Fis-je avec peut-être un peu trop d’enthousiasme.

Mais cela marcha, l’arrêtant net dans son mouvement, lui plaquant même encore un de ses sourires irrésistibles sur les lèvres.

- Oui ! Exactement ça. Merci !

C’était comme si je venais de gagner un marathon, tellement fier de lui avoir fait plaisir. Et ça, c’était sans compter qu’elle s’était cette fois avancé vers moi et que si ce manteau était trop long pour que mes yeux se perdent au bas de son dos, il était heureusement grand ouvert. Bon sang, ce petit pull ! Léger, moulant à l’extrême, c’était une véritable invitation pour les yeux, un nappage posé par-dessus ses seins qui semblaient bondir en avant. Je comprenais brusquement ce que voulait dire Karim par « Miss gros nichons », et j’en restais presque bouche ouverte alors que sa main saisissait le pot de sauce dans la mienne.

- Ils ont dû le louper celui-ci… ou alors, il vous attendait, parvins-je à articuler.
- Heureusement que vous étiez là.

La seule réponse que je trouvais fût de lui montrer toutes mes dents , avant de rester figé lorsqu’elle rouvrit la bouche.

- Vous avez vu, pas de robe cette semaine.

Faire comme si cette beauté n’était pas en train de me parler de ses fringues, de ses robes si sulfureuses, prétendre que c’était la conversation la plus naturelle du monde. Je ne sais toujours pas si j’y étais parvenu, mais mes lèvres se sont animées pour répondre :

- Trop froid ?
- Non, fatiguée, pas trop envie de jouer aujourd’hui.

Jouer ? Je devais être dans un rêve, endormi dans un coin du magasin, ou peut-être même encore dans mon lit, c’était probable, en tous cas, plus que ce moment lunaire. Cet échange ne pouvait pas être réel, ce « jouer » n’existait pas dans la vraie vie. Cette fois, mes lèvres furent incapables d’articuler quoi que ce soit, restèrent juste entrouvertes pendant qu’elle faisait volte-face. Un instant, elle sembla pourtant se raviser, me jeta encore un de ses sourires incendiaires, ses jolis yeux verts brillants de malice cette fois.

- Mais cela ne veut pas dire que la robe ne reviendra pas.

L’instant d’après, il n’y avait plus que ses pas sur le carrelage, son parfum fleuri dans l’air, et ce putain de manteau qui m’empêchait d’assister à ce que je devinais être le plus captivant des spectacles.

Jolie histoire, l'inconnue est joueuse... une femme comme tout le monde aime :)

Je suis captivité par la puissance érotique de ce récit.

Un récit toujours aussi séduisant, que l'on suit avec un grand plaisir. merci

Excellent, j'adore !