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La fille au van

Envoyé par Oncle-Julien 
La fille au van
Sunday 5 January 2025 09:18

Oncle-Julien
Homme, 53 ans, France
- Chapitre 1 - Épisode 1 - Tous droits réservés - © - 2025 -



La rencontre

Il n'est que onze heures ce mardi matin. La chaleur est déjà accablante. Ce mois de juillet commence par une séquence caniculaire. J'avise le parking de l'hypermarché. Avant d'aller me garer à proximité de l'abri à chariot, je me dirige vers la station service. Avec les chaleurs de ces trois derniers jours la voiture est couverte de poussière. Sur le noir, ça ne pardonne pas. Ça fait sale. Je roule au pas pour m'engager dans un des trois tunnels. Je coupe le moteur. Je sors du véhicule avec ma carte de crédit. En choisissant le programme de lavage, je vois arriver un van blanc. Je n'y prête pas véritablement attention. Je retourne à mon auto pour saisir le pistolet à eau dont j'entends les trépidations.

Je tourne autour de la voiture pour y projeter de l'eau savonneuse. Effet Karcher garanti. En plus fort encore. Soudain, là-bas, sur la droite, de l'arrière du van blanc dont les portières sont grandes ouvertes, tombent des cartons, des emballages. << Mais merde ! >> s'écrie la jeune fille brune qui saute de son véhicule. En maugréant, elle se met à ramasser ses affaires. Elle me voit. M'adresse un rapide et furtif sourire. Je suis amusé de la voir ramasser et jeter sans ménagement les objets à l'arrière de son van. En short et en T-shirt, elle s'affaire ainsi pieds nus. Je rince mon auto que la mousse recouvre. La pression puissante permet un nettoyage parfait. Me voilà propriétaire d'une voiture propre.

Je démarre pour venir m'aligner le long de la rambarde. Je profite de la circonstance pour vérifier le gonflage des pneus. Je suis accroupis au sol. Mécaniquement je regarde en direction du van. J'entends la fille : << Mais bordel ! >>. Je l'imagine entrain de sa battre avec quelques emballages rétifs, refusant de rester en place. C'est un grand bidon qui roule au sol. La jeune fille saute à pieds joints pour le récupérer. Elle se dirige vers ici. Il y a deux éviers et deux robinets juste à côté de la borne de gonflage. Nous échangeons un nouveau sourire. Cette fois, je regarde mieux. Elle est belle. Ces cheveux presque noirs encadre un visage avenant. Je la regarde discrètement. Aussi belle de profil.

Je raccroche le câble de gonflage. Le manomètre indique la pression parfaite par ces grosses chaleurs. Je démarre. Dans le rétroviseur je vois la jeune fille portant à deux mains son bidon rempli d'eau. Il doit être lourd. J'hésite. De nos jours, sourire à une inconnue peut faire passer un homme pour un pervers. Alors si en plus ce même homme propose ses services, c'est carrément de l'ordre du délit. Je préfère m'abstenir. Je traverse les allées de manières transversales pour aller me garer près d'un des abris à chariots. Je repère mieux la voiture.

Je pousse mon caddie dans les allées de l'hypermarché. Il n'y a pas trop de monde. J'apprécie la climatisation. Il y fait très agréable. Je flâne un peu dans les rayons où je n'ai besoin de rien. J'ai le désir de profiter de la douce fraîcheur qui règne dans cette grande surface. Le rayon culturel où je feuillette quelques magasines. Le rayon informatique où sont exposés les ordinateurs, les téléphones, les accessoires. Je passe dans les allées des vêtements hommes. Par association d'idées je regarde un peu les maillots de bain, les sandalettes en plastiques. Elles sont pratiques pour marcher les pieds dans l'eau sans risquer de se blesser sur les galets. Il m'en faudrait une nouvelle paire. Bleue.

Il est temps de m'occuper des courses que je suis venu faire. Le rayon des fruits et des légumes. J'admire les brumisateurs qui humidifient certains agrumes. Quelle n'est pas ma surprise. La jeune fille du van. Elle tient une liste de courses en tirant un panier rouge sur roulettes. Elle est grande, athlétique. Elle semble concentrée sur sa feuille de papier. Je crois même la voir énumérer la liste car ses lèvres bougent. Une fois encore, je la regarde discrètement. Je fais semblant de scruter des pommes que je tourne longuement dans ma main pour pouvoir loucher vers la fille sans qu'elle ne le remarque. C'est du moins ce que je crois. Car lorsque ses yeux croisent les miens, nous nous sourions.

J'ai envie d'aller vers elle. Mais pour dire quoi ? Passer pour un dragueur de supermarché ? J'évite. Ma raison reste la barrière qui empêche cet élan pulsionnel. Discrètement, toujours en faisant mine d'examiner des fruits, je la suis du regard. Sa façon de se déplacer. Ses attitudes. Tout cela devient rapidement comme un spectacle. Je devine une personne optimiste, pleine de vie et son dynamisme suscite l'admiration. La jeune fille du van ne s'attarde pas. Chacun de ses mouvements paraît répondre à un fonctionnement où prévaut la méthode. Je me dirige vers les caisses. Je ne pense déjà plus à la fille. La caissière, probablement une étudiante, me reçoit avec un beau sourire.

Je range mes achats dans le coffre de l'auto. La chaleur est difficilement supportable. Je fais tourner le moteur et fonctionner la climatisation. Chez Mercedes tout est très rapide et surtout efficace. Je range le chariot en récupérant le jeton vert. Là-bas, la jeune fille du van. Elle trimballe deux grands sacs en se dirigeant vers son véhicule. J'avais vu le grand ventilateur au-dessus du volant. Est-ce suffisant pour rouler sous cet ardent soleil ? C'est sur ces considérations que je démarre. C'est à dessein que je passe devant le van. La fille est probablement occupée derrière car je ne la vois pas. Alors que j'ai subitement l'envie folle de la voir. Je passe dans l'autre allée, lentement.

Je la vois. Les deux portes grandes ouvertes. Elle range certainement ses courses. Évidemment, elle ne prête aucune attention aux voitures qui circulent sur le parking. Arrivé au bout de l'allée, je fais demi tour pour repasser une seconde fois. La fille ne se doute pas un seul instant de l'intérêt qu'elle suscite. C'est un peu une constante de la gente féminine. Les filles. Rien ne leurs échappe sauf ce que nous aimerions qu'elles remarquent. Cette fois, c'est pour de bon. Je sors du parking pour prendre la direction de la nationale. Quitter la zone commerciale. La climatisation est une bénédiction. Je roule dans une agréable fraîcheur. Je prends la nationale. Direction l'océan à quelques kilomètres.

C'est à l'ombre d'un des platanes centenaires que j'installe mon fauteuil. Je le déplie en chantonnant. J'ai un bouquin à terminer. La fraîcheur toute relative sous le feuillage permet de rester à l'abri de la morsure du soleil. Dans la glacière branchée sur l'allume cigare, il y a toujours des jus de fruits et de l'eau. Je sirote avec bonheur tout en lisant. Il est presque 18 h. Je ferme mon livre. Je me lève. Je descends les marches du large escalier. Me voilà sur le sable. Je suis en bermuda kaki et en T-shirt crème. J'étrenne mes sandalettes en plastique bleu toutes neuves. Je ne rêve pas. Là-bas, sortant de l'arrière de son van, la jeune fille. En maillot de bain. Une sorte de joie euphorique m'envahit soudain.

Cette fois, tant pis, je me mets sur le chemin qu'elle est obligée d'emprunter pour aller sur la plage. Je m'assois sur le muret. J'allume mon téléphone. Je fais semblant de consulter des messages inexistants. La voilà. Elle porte un sac de plage d'où dépasse un plaid, une serviette. Je calcule l'instant précis pour lever la tête. Elle me reconnaît. Nous échangeons un nouveau sourire. Mon sang ne fait qu'un tour. Mais quel tour ! Lorsque le jeune fille s'arrête pour lancer : << Troisième rencontre avec les mêmes protagonistes ! >> mon cœur bat la chamade. Je ne suis pas très bon comédien mais je dois donner le change puisqu'elle ne remarque rien de particulier dans mon attitude. Je me sens con.

Que pourrais-je bien répondre pour paraître spirituel ? Parce que nous autres, les mecs, on a toujours besoin de paraître. Aussi, je ne réponds pas tout de suite. Elle continue son chemin en me souhaitant : << Bonne fin d'après-midi ! >>. Je réponds enfin alors qu'elle me tourne déjà le dos : << Bonne baignade ! >>. Elle marche une centaine de mètres. Se retourne soudainement. Mais que je dois être stupide à lever la main pour faire un signe. Peut-être pas puisqu'elle fait de même avant de disparaître derrière les dunes aux herbes raides, sèches. Je viens de me rendre compte que je n'avais même pas allumé mon téléphone. C'est sûr, elle s'est en est rendue compte. Elle m'a déjoué.

J'ai beau longer les dunes sans oser y pénétrer la jeune fille a disparu. Pénétrer dans le labyrinthe des dunes n'est pas une bonne idée pour jouer au hasard. Personne ne pourrait y croire. Et certainement pas cette fille dont le regard pétillant d'intelligence me verrait venir dans mes gros sabots de paysan. Ne désirant pas m'exposer encore davantage au ridicule, je retourne vers la voiture. Je m'installe dans mon fauteuil pour tenter de continuer ma lecture. Les scènes vécues défilent sans arrêts comme un film qui tournerait en boucle dans ma tête. Je tourne souvent la tête pour regarder le van, là-bas, à quelques centaines de mètres. La petite voix me dit : << Tu arrêtes tes conneries ! >>.

Il est dix neuf heures trente. Il commence à faire faim. Je plie mon fauteuil, je remballe mes affaires. Je démarre. Le van est toujours garé là-bas, entre deux caravanes. Direction le petit bourg que je vois au sommet des collines. Je passe mes vacances en parfait aventurier. Je ne réserve toujours que les hôtels le long de mes parcours. Tout le reste est totalement improvisé. Je suis confortablement installé devant une table, sur la terrasse, sous une pergola. La vue sur la mer est magnifique. Je vais avoir droit à un couché de soleil de toute beauté. Je savoure mon plateau de fruits de mer en prenant tout mon temps. D'autres hédonistes aux tables voisines profitent de ce délicat moment.


Homme, 53 ans, France
- Chapitre 1 - Épisode 2 - Tous droits réservés - © - 2025 -



La loi des séries

Il est presque huit heures quand j'ouvre les yeux. Mon lit est placé face à la porte fenêtre grande ouverte qui donne sur le balcon. Je m'étire. Je me lève. Je me précipite aux toilettes. La journée s'annonce magnifique. Depuis le balcon, situé au cinquième et dernier étage de mon hôtel, je regarde la mer. L'animation qui règne déjà sur la route. Ce marchand de glace installé là-bas, à côté du kiosque à journaux, me donne mes premières envies de cette nouvelle journée. C'est le véhicule blanc qui passe doucement, pour se diriger vers le ponton, qui me fait penser à la fille au van. Cette inconnue me laisse une bien agréable impression. Elle a égayé un peu de mon après-midi de hier. C'est étrange mais elle s'est incrustée dans ma mémoire d'une façon extrêmement précise. Je me souviens bien.

Je ne suis pourtant pas très physionomiste. C'est sur ces réflexions que je revêts mon short de lycra noir, mon T-shirt de lycra rouge. Mes chaussures de running. Je me mets de l'eau sur le visage au-dessus du lavabo. Dans l'ascenseur, je fais quelques flexions devant le miroir. Il y a du monde dans le restaurant. Je me fais servir un copieux petit déjeuner. Pas très diététique. Après tout, je suis en vacances. Dilettante insouciant et nonchalant. Me voilà derrière l'hôtel. Quelques mouvements d'échauffement. C'est parti. Mon jogging m'entraîne le long de la jetée, jusqu'au port de plaisance. Je croise d'autres joggeurs. De ces ravissantes joggeuses au physique de rêve, cheveux au vent. C'est curieux, en croisant chaque van, je regarde avec attention qui est au volant. Ce réflexe me fait sourire.

Dix heures. Je prends ma douche en prenant tout mon temps. La porte fermée à clef car la femme de ménage est au travail. Vêtu d'un bermuda beige, d'un T-shirt crème, chaussé d'espadrilles, tenant mon petit sac à dos, je reprends l'ascenseur. Le parking souterrain où je récupère la voiture. Direction le port de pêche et la criée. J'apprécie de flâner sur les quais. Les chalutiers qui se croisent à l'entrée du port. Il y plein de touristes partout. Je regarde avec admiration les énormes araignées de mer, les homards aux pinces attachées par de gros élastiques. Les marins pêcheurs qui proposent des crustacés vivant capturés tôt, au levé du jour. J'avise la terrasse d'un des restaurants le long des quais. J'y réserve une petite table pour midi trente. Je vais feuilleter quelques journaux au bar tabac.

Je prends mon temps, je suis en pleine "glande". Le soleil commence à taper. Il est le maître d'un ciel bleu d'azur. Là-bas, à marée basse, les carcasses de ces vieux chalutiers échoués. Témoins d'un temps révolu. L'endroit évoque Camaret. Même le gros phare fait penser à la Tour Vauban. Installé à ma table, entouré de touristes, je déguste mon plateau de fruits de mer. J'entends les conversations. Il y a du Hollandais, du Danois, de l'Allemand et des Anglais. Ma langue maternelle. Les Américains n'articulent pas. Qu'ils aient la bouche vide ou pleine, c'est toujours comme s'ils mâchaient un chewing-gum. Là ! C'est elle ! J'en suis certain ! Elle marche d'un pas rapide. Un petit sac sur le dos. Elle s'arrête pour prendre des photos. J'ai envie de me lever. J'ai envie de me faire remarquer.

J'ai envie de l'appeler. Seule silhouette devenue malgré moi si familière. Ses cheveux flottent en liberté jusqu'au milieu de son dos. Elle est en jupette noire. En T-shirt blanc, sandalettes. Elle me paraît soudain si particulière. Unique. Évidemment, ce qui se passe le long des terrasses des restaurants qui s'alignent sur sa gauche l'indiffère totalement. Moi aussi, j'ai mon petit sac à dos. J'en tire la minuscule paire de jumelles. Je scrute. Je la regarde marcher, s'arrêter, repartir à nouveau, prendre des photos. Les trois cent mètres jusqu'au bout de la route. Elle tourne à droite pour prendre la jetée. J'appelle la serveuse. Je n'ai même pas commencé ma coupe glacée dont les boules ont fondu. Je paie. Je trouve qu'elle traîne un peu en me présentant le terminal. J'y introduis ma carte bancaire.

Animé d'un seul désir, je me lève. Je me précipite entre les tables en mettant mon sac sur le dos. C'est d'un pas rapide que je longe à mon tour la mer. La jetée. Je mets mes lunettes noires de soleil. Ainsi je peux loucher dans toutes les directions sans que l'on sache où je regarde. Je scrute les environs avec l'attention d'un entomologiste. C'est elle que je veux voir. La fille au van. Mais bon sang ! Où est-elle donc passée ? Il n'y a qu'une seule possibilité sur les trois cent mètres de cette jetée qui ne fait pas plus d'une cinquantaine de mètres de large. Il y a plein de monde. Je suis dans la foule. J'arrive au phare. Monumentale construction massive qu'il est possible de visiter. Je la contourne. Avec la marée basse, il est possible de descendre sur la plage de galets. Les rochers de granit.

Je passe par dessus la chaîne qui en interdit l'accès. Elle est là. Je suis sûr que c'est elle. Je descends jouant au touriste lambda. Évitant de regarder franchement dans sa direction au cas où elle me repérerait. Derrière mes verres fumés je peux loucher. Je contourne les rochers. Je croyais qu'elle était assise. Elle est accroupie, fouillant dans son sac. Cette jeune fille semble constamment dans l'action. Je reste à l'écart. Je la regarde. Je n'ai de yeux que pour sa silhouette. Rien n'exerce de plus délicieux tourments sur ma psyché qu'une fille, vue de dos, accroupie. Il y a une suave excitation qui monte du plus profond de mon être. Une chaleur dans mon ventre. Mon cœur qui bat la chamade. Comment vais-je bien pouvoir entrer en contact ? Cela me tracasse soudain. Je réfléchi.

Après-tout, pourquoi ne pas rester naturel, de m'assoir, d'attendre que le destin écrive la suite de l'histoire. La fille se redresse. Elle attache ses cheveux avec un élastique. Elle retire son T-shirt. Un haut de maillot de bain noir. Je découvre son buste à la fois fin et athlétique. Ses muscles bien définis, spectaculaires selon ses mouvements, achèvent de me captiver. Elle s'accroupit à nouveau. Elle regarde la mer. Pensive. La situation perdure. Certainement pour éviter l'ankylose, la jeune fille se redresse. Puis elle s'accroupit une nouvelle fois. Mon érection contrariée, car coincée et tordue au fond de mon slip, commence à m'importuner. Je regarde autour de moi. Personne dans les environs immédiats. Les chaînes et les pancartes exercent un effet dissuasif sur les curieux. La crainte d'un danger.

Seuls celles et ceux qui aiment la transgression s'aventurent par ici. La jeune fille que je regarde à une vingtaine de mètres, fait partie de ce "Club". J'hésite. J'ai envie de me mettre à l'aise. J'enlève mon bermuda. Mon slip ressemble à un maillot de bain. Je m'allonge sur le dos. L'énorme bosse qui le déforme enfin droite et raide m'apporte réconfort. La fille au van ne m'a toujours par repéré. Elle donne d'ailleurs l'impression de se moquer éperdument de tout ce qui se passe autour d'elle. Membre du même "Club" des insouciants. Par petites contractions des muscles fessiers, je fais bouger ma turgescence. Sous le soleil. Je ne cesse de loucher vers la fille derrière mes lunettes de soleil. Elle se redresse avec une barre de céréales qu'elle déballe. Elle se dirige vers l'eau avec précautions.

Elle récupère une bouteille en plastique pour boire de l'eau fraîche. C'est là qu'elle se tourne. Je fais immédiatement semblant de consulter mon smartphone. En louchant bien évidemment. M'a t-elle reconnu ? Je fais bouger ma bosse. Impossible de ne pas remarquer ce qui remue ainsi dans mon slip. Elle reste un moment avec sa bouteille qu'elle porte plusieurs fois à la bouche. À présent elle regarde l'animation qui règne sur la route, là-bas, sur la jetée au-dessus. C'est absolument divin. Nous sommes seuls sur cette portion de rivage. La jeune fille regarde une nouvelle fois. Nul doute, ce qui bouge dans mon faux maillot doit l'interroger. Cette fois, elle observe longuement. Elle remet sa bouteille dans l'eau qu'elle coince avec un galet. Elle se met à marcher lentement en me fixant.

Mon cœur bat la chamade. Jusque dans mes tempes. J'arrête mes petits agissements érectiles. Je suis trop gêné. Je me redresse pour m'assoir. Elle me reconnaît. Je fais semblant d'être étonné. Les filles ne sont pas dupes. Elles s'amusent de nos petites comédies mal ficelées. Elle s'approche. << Bonjour ! >> me fait elle. J'adore son attitude franche. Directe. Pas le genre d'individu à s'entourer d'inutiles inhibitions. Je réponds un peu bêtement : << Bonjour ! >>. Elle s'approche encore en demandant : << Vous permettez ? >>. Sans attendre ma réponse, elle s'assoit près de moi. Je peux voir sa culotte ou son maillot de bain noir sous sa jupe. Je trouve son attitude extraordinairement détendue. Nous bavardons, partageant quelques lieux communs de circonstances. Des civilités.

<< Moi, c'est Aude-Élie ! >> lance t-elle. Je me présente à mon tour. Elle rajoute : << Nomade six mois de l'année ! Et toi ? >>. Je me présente. Je parle un peu de moi. Mais, de manière assez adroite, j'emmène Aude-Élie à parler d'elle. Cette jeune fille n'est pas seulement attractive et charismatique. Son élocution et son expression orale captivent l'attention de l'auditeur. J'apprécie rapidement sa façon de développer ses phrases. Pleine d'humour. L'optimisme et la joie de vivre omniprésents , transpirent dans une attitude dynamique et volontaire. Je l'écoute comme je le ferais d'une musique "classique". Aude-Élie tente bien de revenir sur ce qui me concerne. Parfois, elle jette un coup d'œil furtif sur mon slip. Elle s'est bien rendue compte que ce n'était pas un véritable maillot de bain. Ça me gêne.

Par contre ma bosse a disparu. Moi aussi, j'ai quelquefois un regard furtif sous sa jupette. Ses positions alternent. Parfois en tailleur, quelquefois genoux relevés, les bras croisés sous les cuisses. Aude-Élie paraît totalement indifférente à mes coups d'œil. S'en amuse t-elle secrètement ? De discrets penchants exhibitionnistes ? Toutes ces questions que j'aimerais aborder dans ma psyché d'homme. Dans le flot de la conversation j'apprends qu'elle passe quelques jours dans la région avant de descendre sur l'Espagne. J'ai envie de dire : << Tu m'emmènes ? >>. Je m'abstiens de toute considération de cet ordre. Moi aussi je suis dans la région pour la semaine à venir. Nous discutons en plein cagnard. Nous changeons d'endroit pour nous abriter à l'ombre des rochers. Je suis couché sur le dos.

Aude-Élie préfère restée assise. J'aime les mouvements de ses mains lorsqu'elle parle. Des mouvements à la fois gracieux et agiles. Ils traduisent le caractère volontaire de cette étonnante jeune fille. Elle me parle de sa Bretagne, de sa famille, de son besoin de quelques années sabbatiques pour construire une existence différente. J'écoute, admiratif. C'est comme un privilège de passer ce temps en si intéressante compagnie. J'en oublie parfois sa beauté particulière. Ses trait fins et réguliers. Ses sourires francs. Cette fille est d'un naturel rare. Doucement, ma bosse recommence à déformer mon slip. C'est bien involontaire. Un peu comme la tumescence du réveil matinal. Ce qui n'échappe pas à mon interlocutrice. Pourtant rien dans son attitude ne change. Comme si c'était naturel.

C'est naturel. Tout à fait normal. Surtout que je regarde de plus en plus fréquemment le bas de son maillot de bain. Comme une culotte noire sous sa jupette. Elle sait bien que je regarde. Il y a depuis une demi heure des silences. Des échanges de regards, des échanges de sourires. Je me sens bien auprès d'elle. Peut-être est-ce réciproque. Il va être dix sept heures trente. La marée monte. Si nous ne voulons pas êtres recouverts par les eaux, il nous faut déguerpir. Nous nous levons. Odélie remet son T-shirt blanc, ajuste sa jupette. Je remet mon bermuda, mon T-shirt. Je propose : << On va se déguster une glace à la terrasse d'un restau ? >>. La jeune fille s'exclame : << Bonne idée ! Et tu vas m'inviter à manger ce soir, non ? >>. Nous rions en montant les rochers jusqu'aux chaînes.

Attablés à la terrasse d'un des nombreux restaurants, nous dégustons d'énormes coupes glacées. Cette fois, pas d'échappatoire. Je suis obligé de répondre aux questions d'Aude-Élie. Mon existence n'ayant pas grand intérêt à mes yeux semble en avoir aux siens. Je montre des photos de quelque unes de mes toiles. Je vais sur Youtube pour montrer quelques vidéos de mes compositions instrumentales. Aude-Élie regarde, écoute, pose encore des questions, exige des détails. Doucement, s'en m'en apercevoir, je suis happé dans l'univers de cette jeune fille. Même si j'ai l'âge d'être son père, je suis parfois comme un petit garçon émerveillé. Ce qui semble beaucoup l'amuser. Nous flânons longuement jusque sur les quais du port de pêche. À présent la mer est haute. Plein de monde.

Il fait enfin moins chaud. Comme si Aude-Élie me voyait venir avec mes gros sabots, elle lance soudain : << Non, pas de restaurant ce soir. Je vois des amis voyageurs pour un barbecue. Mais si tu veux venir ! >>. Je décline l'invitation. Elle dit encore : << Par contre demain soir, ce serait sympa ! Demain après-midi, je traîne dans les dunes ! J'adore les dunes ! >>. C'est un peu comme si Aude-Élie m'envoyait un "message" en précisant une seconde fois son plaisir d'errer dans les dunes. Je comprends le message. Je l'accompagne jusqu'à son véhicule. << Viens, je te fais visiter mon château ! >> dit elle en ouvrant les portes arrières. Cet un espace confiné, réduit, mais agencé avec intelligence et subtilité. Pas un centimètre carré qui n'a une fonction précise. Aude-Élie m'apprend que c'est elle qui a tout aménagé. << On ne fini jamais d'inventer des trucs ! >> précise t-elle.

La visite terminée, s'installant au volant, elle lance : << Demain, près du phare, dix huit heures ! Ça te va ? >>. Je veux répondre lorsqu'elle rajoute : << À moins que tu aimes traîner dans les dunes ! >>. Sans me laisser dire quoi que ce soit, l'étonnante jeune fille accélère. Me faisant un dernier coucou. Le véhicule monte la pente pour disparaître dans le flot de la circulation. Je reste un moment comme cloué sur place. Je dois trouver la formule idoine pour passer d'un état à un autre. C'est presque une question de raison. Aude-Élie me laisse là, déstabilisé et "perdu" dans des pensées confuses. En marchant pour revenir à ma voiture, je ne cesse de prononcer ces mots à voix basse : << Comme c'était bien. Comme c'était bien ! >>. Je mange à la terrasse du restaurant de mon hôtel. Seul...


Re: La fille au van
Thursday 16 January 2025 11:25

Cordouan
Couple, 50 ans, Guadeloupe
Bonjour,
Nous attendons la suite avec impatience ! Super
La fille au van
Sunday 19 January 2025 09:11

Oncle-Julien
Homme, 53 ans, France
- Chapitre 1 - Épisode 3 - Tous droits réservés - © - 2025 -



Les dunes

Il est huit heures. Un rayon de soleil inonde le mur de droite. Ma chambre d'hôtel est vaste. Je dors avec la porte fenêtre ouverte. Seules les nuits apportent un peu de fraîcheur. Je reste un moment à admirer ce mur. Son ocre clair évoque certaines toiles de Vermeer. Ces fonds que le peintre Hollandais aimait représenter derrière ses modèles. Dans les intérieurs intimes où il plaçait ses personnages. Il faut absolument que je me lève. Après les toilettes, je vais sur le balcon. L'animation règne déjà sur le ponton, là-bas. Ainsi que sur les quais du port. Le marchand de glace est présent. Des clients se pressent devant sa caravane bariolée. Ce van blanc qui avance doucement, longeant la mer. Serait-ce Aude-Élie qui se dirige vers le port ? J'aimerais en avoir le cœur net. En revêtant ma tenue de jogging, je me promets d'aller courir vers les bateaux. Pour aller voir.

Je prends l'ascenseur. Dans le restaurant, le bourdonnement continu des clients qui bavardent. Je prends un copieux petit déjeuner. C'est étrange. Je projette l'image d'Aude-Élie sur toutes les jeunes filles assises là. Cette hantise m'amuse. Me voilà à l'arrière du grand bâtiment. Quelques mouvements d'échauffement. C'est parti. Bien évidemment je prends la direction des quais. C'est surtout le parking sur la gauche qui attire mon attention. Plutôt les vans blancs stationnés là. C'est en courant que je passe entre eux. Je me maudis de n'avoir pas relevé la marque ni le numéro d'immatriculation du véhicule. Je me promets de le faire dans l'éventualité d'une nouvelle entrevue. Hier, sur les galets, lorsque nous parlions, je lui ai laissé ma carte. Avec une certaine désinvolture, elle l'a fourré dans son petit sac à dos. Mais les filles, ça perd ou ça égare l'inutile.

Je reviens pour dix heures. Je prends tout mon temps. J'aime traîner longuement sous la douche. Surtout que la salle de bain de l'hôtel, spacieuse, est agréablement décorée. D'une couleur caramel. Dont certains carreaux muraux ont en relief un coquillage à chaque fois différent. Il est onze heures. Je consulte ma boîte mail. Avec le secret espoir d'y trouver un message d'Aude-Élie. C'est frustrant de ne pas le trouver. Dans ma frustration, cette absence me semble d'une ingratitude crasse. Je me résonne. Si toutes les jeunes femmes que je rencontre durant mes fréquentes pérégrinations devaient me faire un courriel le lendemain d'un moment passé ensemble, j'aurais de quoi remplir un cahier d'écolier. Mon ressenti me fait rire. Mon auto dérision vient rapidement au secours de ma déception.

Aude-Élie possède mon numéro de téléphone. Aude-Élie possède mon adresse mail. Hier, lorsque nous dégustions nos glaces, à cette terrasse devant la mer, elle m'avait confié prendre en considération ma proposition d'un bon restaurant ce soir. Me viennent à l'esprit ses allusions quant aux dunes où elle aime à errer. Je me souviens très bien de ses paroles. Pourquoi ne pas provoquer le destin ? Après tout, je passe devant ces dunes presque tous les jours. Pour aller sur la plage. Où pour aller en ville. Des dunes qui s'étalent sur environ un kilomètres sur la droite, face à la mer. Il y a de nombreux arbres. Des canisses. De ces broussailles sèches qui affectionnent le sable. Ces dunes montent vers le haut où se déroulent des champs cultivés. Il a là une chapelle gothique. La destination d'une de prochaines explorations. Nous sommes mardi. Je suis dans la région jusqu'à dimanche.

Je mange à la terrasse du dernier restaurant à la sortie du bourg. Au bout de la route qui longe la mer. Confortablement installé à ma table, savourant des coquilles Saint Jacques à la crème d'asperges. Là-bas, à quelques distances, je regarde les dunes. Bien évidemment, au passage de chaque camionnette blanche, mon cœur fait un saut dans ma poitrine. Je n'ai même pas le moindre indice visuel qui me permettrait d'identifier celle d'Aude-Élie. J'écoute les conversations des clients assis à proximité. Il y a des Anglais. Ma langue natale. À chaque fois surgit du plus profond de ma psyché cette saveur élégiaque rassurante. J'ai envie de me mêler à la discussion. Je m'abstiens quelquefois de justesse. Je traîne jusqu'à l'addition. Je roule lentement. Me faisant dépasser à grands coups de klaxons et d'accélérations rageuses par d'irascibles automobilistes pour qui les limitations de vitesses restent visiblement un concept abstrait.

Je gare la voiture sur le parking. Il ne reste que quelques places affichées sur le tableau lumineux. Des loueurs de canoës, de parasols, des vendeurs de glaces. Il y a du monde à la terrasse du bar. Sous le large auvent de la boutique à souvenirs. Des multitudes de ballons y flottent. Je change mes baskets contre des sandales. Bien plus pratiques pour évacuer le sable. Je porte mon bermuda brun. Un T-shirt beige. Une casquette à la marque de mes guitares préférées. Martin & Cie. Mes larges Ray-Ban "aviateurs". Mon image de "play-boy" Américain que reflètent les vitrines me fait sourire. Mon petit sac sur le dos. Je prends le sentier marqué entre deux rangées de canisses. Une dizaine de mètres. Je prends celui de gauche. Il montre en pente douce. Les chênes verts, les pins, offrent autant d'endroits ombragés. Je tombe plusieurs fois sur des gens allongés à deux ou seuls sur des tapis de sol.

Très rapidement, en m'enfonçant dans le labyrinthe je me retrouve loin du bruit de la route. J'avise l'ombre qu'offre ce grand chêne vert. Seule essence feuillue à pousser dans le sable parmi les résineux. Personne. Je suis entouré des collines que forment les dunes. Le calme. Je déroule ma natte que j'étale sur le sable. Je retire mon bermuda, mon T-shirt. Cette fois j'ai un véritable slip de bain. En lycra noir. Moulant. Je vérifie la bonne connexion de mon I-phone. Tout est parfait. Ma pomme, mes barres de céréales, ma thermos d'eau glacée. Mon livre. Une biographie d'Élisabeth Vigée Lebrun, ma peintre du dix huitième siècle préférée. Je m'allonge. L'agréable fraîcheur me plonge presque instantanément dans une sorte d'enchantement paradisiaque. Mon sac à dos fait office d'oreiller. Me voilà princièrement allongé. Je me les gratte, décontracté.

Je suis plongé dans une lecture captivante. Perdant toute notion du temps. Pas un souffle de vent. De très loin me parviennent les cris sur la plage pourtant distante de plusieurs centaines de mètres. << Milka ! Milka ! Viens là ! >>. Je regarde. C'est une jeune femme qui appelle l'affreux petit chien qui renifle mes pieds. Un petit chien d'une laideur affligeante. Quand il se voit découvert, il a un sursaut. << Milka, viens là, laisse le monsieur tranquille ! >> fait encore la jeune femme en tapotant sur ses genoux, penchée en avant. Milka ne se montre pas très obéissant. Je me redresse. Assis, je caresse l'hideux canidé. Il me fixe de ses yeux noirs exorbités. << Bonjour ! Rassurez-vous, il n'est pas méchant. Juste curieux ! >> rajoute sa propriétaire. Une belle quadragénaire, grande, brune, filiforme.

Vêtue d'une courte jupette claire, bleue, à motifs floraux, d'un T-shirt vert et de tongs. Le chien refuse de la rejoindre. Il renifle mon sac à dos. Je rassure la jeune femme. Je ne suis pas du tout dérangé. Elle s'approche en secouant la laisse qu'elle tient à la main. Cette menace semble être radicale sur l'animal. Il obtempère enfin. Il se met à courir vers sa maîtresse. Cette dernière me salue avant de disparaître derrière la dune. Je replonge dans ma lecture. Il se passe peut-être un quart d'heure. Quelle surprise. Milka vient me donner un de ses petits coups de museau complices. Je reste couché sur le dos. À présent il renifle mon slip de bain. La jeune femme apparaît à son tour. << Milka, laisse le monsieur tranquille ! >> lance t-elle. Elle agite la laisse. Ce qui a le même effet radical sur le comportement du petit animal qui file.

<< Bon après-midi ! >> me fait encore la jeune femme en disparaissant. Je viens de prendre conscience que je suis peut-être passé à côté d'un "bon plan". Elle était sexy, attractive et probablement dans ma tranche d'âge. Ou pas loin. Cette pensée me procure une légère érection. Très agréable de bander à l'ombre quand il fait si chaud. J'aime faire bouger mon érection par petites contractions des muscles fessiers. Sensation plaisante qui peut m'emmener à l'extase. Abîmé dans ces réflexions, faisant bouger mon sexe au rythme de mes contractions, je ne m'aperçois pas que la jeune femme repasse une troisième fois. Je m'en rends compte. Trop tard. Je suis "fait" ! Elle fixe ce qui bouge dans mon slip. Elle m'adresse un étrange sourire. Le toutou se précipite. Il se remet à renifler mon slip de bain. Mon profond embarras doit être apparent. Me revoilà l'adolescent timide et honteux de jadis.

Je suis extrêmement gêné. << Oh, n'ayez pas peur, il ne fait rien ! >> s'écrie la jeune femme. Je suis en appui sur mes coudes. Je contrôle mon sentiment d'inconfort mental. Je n'ai que cette solution. Je reprends mes contractions fessières. Ma turgescence bât la mesure à deux temps. Silencieuse, amusée, la belle inconnue reste à regarder. Le clébard hume ce qu'il prend certainement pour une bête qui habite sous le lycra noir. << Milka, viens ! Arrête ! >> lance sa propriétaire. Je dis : << Rassurez-vous je ne mords pas non plus ! >>. En éclatant de rire la jeune femme agite la laisse. Le chien la rejoint en courant. Tous deux disparaissent rapidement par le même sentier. Cet épisode m'a excité. Le sourire et l'expression de cette belle inconnue m'ont troublé. Je regarde partout autour de moi. Ma main dans mon slip.

J'en extrais ma turgescence. Couché sur le dos, au mépris d'un risque éventuel, je me masturbe un peu. Espérant secrètement le retour de la promeneuse et de son chien. Je n'attends pas longtemps. À peine cette pensée formulée, la voilà. Cette fois son chien en laisse. J'ai la soudaine certitude que tout cela n'a rien à voir avec le hasard. C'est la résultante d'une volonté délibérée. C'est sûr. Son sourire, sa façon de lancer : << Oh pardon, excusez-moi ! >> viennent conforter ma certitude. Je remballe à toute vitesse. Trop tard. Elle m'observait peut-être en secret depuis quelques minutes. Je ne réponds pas. Que pourrais-je bien dire ? La jeune femme reste un instant immobile, fixe une nouvelle fois la bosse énorme qui déforme mon slip. Elle tourne des talons en répétant : << Bon après-midi ! >>. J'ai envie de l'inviter. D'engager une conversation. Que d'occasions manquées par manque d'initiative de part et d'autre !

Je dis : << Peut-être à tout à l'heure ! >>. Elle se retourne pour m'adresser le plus merveilleux des sourires. À peine a t-elle disparu que je reprends ma douce masturbation. Priant les dieux du plaisir de m'accorder un cinquième passage. De longues minutes s'écoulent. Mon excitation s'amenuise pour disparaître. Je reprends mon livre. Après tout, si cette belle inconnue veut donner une suite à notre aventure, elle sait où me retrouver. << Milka, Milka ! Ne va pas renifler la queue du monsieur ! >>. Je me redresse instantanément. Je reconnais cette voix. Comme halluciné, redressé, je découvre Aude-Élie. Singeant la jeune femme au chien. Au bout d'une corde elle tire une vieille bassine en plastique. Elle s'arrête. La caresse, la tance vertement. Elle répète : << Milka ! Milka ! >>. J'éclate de rire. Je retrouve cet humour auquel je pense depuis ce matin. Je pourrais me lever, la prendre dans mes bras. Autre frustration douloureuse...

<< Milka ! Milka ! Et mon cul c'est du poulet ! >> s'exclame t-elle. Elle tire la bassine pour venir s'assoir à côté de moi. Aude-Élie rajoute : << Si la dame au clebs revient, je gâche la fête. Tant pis ! >>. Je cache mon enthousiasme. Je suis fou de joie de la revoir. Mon cœur bat la chamade. Jusque dans mes tempes. Aude-Élie porte une jupette kaki, un T-shirt crème, des claquettes. Assise en tailleur elle me raconte sa journée en feuilletant mon livre. Je réponds à ses questions. Comme hier, elle aussi jette des coups d'œil furtifs sur mon slip. Tout est "calme" et au "repos". Mais si elle continue à scruter, la "chose" risque de changer. Nous restons à bavarder. Je demande : << Mais dis-moi ! Comment tu connais le nom du clébard et que c'était une femme ? >>. Aude-Élie me regarde un instant. Elle m'explique : << Ben j'étais assis là-haut. Ça fait une heure que je te mâtais. J'ai tout vu ! >>. Je regarde le sommet de la colline. La rambarde blanche.

Elle agite un index menaçant en précisant : << J'ai tout vu ! >>. Soudain Aude-Élie se lève. Comme mue par ressort. << Je vais encore aller rôder un peu. J'aime me balader toute seule. Ça marche toujours le restau pour ce soir ? >> demande t-elle en secouant le sable qui macule sa jupette. Elle retire ses claquettes pour les taper l'une contre l'autre. << Je te laisse Milka ! >> conclue t-elle en me montrant la bassine. C'est en riant que je la rassure. << On se voit à dix neuf heures ? Devant le phare où on était hier ? C'est OK pour toi ? >> lance t-elle. Je réponds : << Pas de soucis ! >>. Sans répondre, Aude-Élie s'en va en abandonnant la vieille cuvette de plastique bleu. Je regarde longuement cet objet insolite. Certainement trouvé dans le sable. Cette fois, pour éviter d'être confronté à ma libido, je m'allonge sur le ventre. Je me plonge dans la lecture. Difficile de m'y consacrer totalement. Je me frotte un peu. Je suis encore sous le coup de mes émotions. Deux émotions. Ni Aude-Élie, ni la dame au clebs ne refont leurs apparitions. Il doit être dix huit heures. Je remballe mes affaires. En revenant à la voiture, je cède à la tentation d'un esquimau glacé. Un bonheur supplémentaire. Avec la mer qui monte, la masse des baigneurs se resserre.

Je suis assis sur une des bornes reliées par une grosse chaîne. Je consulte mon téléphone. << Je suis à l'heure. C'est rare mais j'ai faim ! >>. Je lève les yeux. À contre jour avec le soleil qui forme une auréole de lumière autour de sa tête, Aude-Élie. Impossible de voir ses traits. Je me redresse. Range mon téléphone. << Tu es resté encore longtemps avec ton "machin" ? >> demande Aude-Élie d'un ton espiègle. Mutine, elle rajoute : << Pardon, avec ton bouquin ? >>. Une fois encore, en marchant près d'elle, je suis pétri d'émotion. Je joue une comédie qui me déplaît. Mais c'est la règle des civilités. Même si je la devine dans une sorte de transgression permanente, cette fille transpire la joie de vivre et la liberté. Un de ces êtres qui vous recharge. << Wouah ! La bagnole ! >> s'exclame t-elle retrouvant ma grosse berline Allemande. J'ouvre sa portière. Aude-Élie s'installe sur le siège passager. Je démarre en demandant : << Tu veux rouler ? >>

Ma complice décline ma proposition. << J'aime me faire conduire ! >> dit elle en posant ses pieds sur le tableau de bord. Il y a une dizaine de kilomètres jusqu'au restaurant étoilé où j'ai réservé une table. << Put-Hein, tu t'emmerdes pas toi ! Le guide Michelin, trois étoiles, la Mercedes. Le grand jeu quoi ! >> rajoute t-elle. Attablés sous la pergola qui donne sur la mer, entourés de palmiers en pots, nous dégustons un délicieux repas. La brise du soir est un bonheur supplémentaire. Aude-Élie confie d'amusantes anecdotes vécues au hasard de ses pérégrinations. Je crois bien que je suscite bien davantage de curiosité de sa part car elle oriente la conversation sur ma personne. Je n'aime pas trop parler de moi. Je pose la question à la con de rigueur : << Et tu voyages toute seule ? Pas de mec ? >>. Elle répond du tac au tac : << Un mec, tu crois que je vais m'emmerder avec un mec ! Et puis quoi encore ! >>. Nous en rions aux éclats.

<< Et toi, pas de meuf ? >> demande t-elle. Je raconte quelques aventures racontables. Ma vie de couple qui s'est arrêtée brutalement. Une fin causée par une fatalité mortelle. Il y a déjà quelques années. Très rapidement j'oriente la discussion sur des choses beaucoup plus légères. Aude-Élie, avec un ton enjoué, me dit : << Les mecs qui sont tombés amoureux de moi sont actuellement tous dans des unités de soins psychiatriques ! Je les rends dingues. Mais pas comme tu crois. Non, c'est parce que je suis folle dingue ! >>. Nous éclatons de rire. Il n'y a pas grand monde sur la terrasse. L'addition. << Demain soir, je t'invite dans mon "château" sur roues. Barbecue de poissons et de fruits de mer. Ça te dit ? >> s'exclame t-elle. Je suis absolument ravi. Sans pouvoir cacher ma joie. Nous retournons à la voiture. Aude-Élie ne veut toujours pas rouler. Je la dépose devant l'entrée d'une aire réservée aux campings cars et aux vans à la sortie du bourg.

En sortant de la voiture, Aude-Élie lance : << Demain, je traîne dans les dunes et dans les alentours. Sinon, rendez-vous ici à dix neuf heures ! >>. Sans me laisser le temps de dire quoi que ce soit, elle tourne les talons pour filer à toute vitesse entre les caravanes. En revenant à mon hôtel, amusé, je me dis que je serais volontiers pensionnaire d'une unité de soins psychiatriques après ces vacances...


Mes textes paraissent toujours d'abord sur mon Blog, dont les droits sont réservés, avant d'êtres publiés en ligne
Re: La fille au van
Monday 20 January 2025 09:48

b83s
Homme, 50 ans, France, Provence-Alpes-Côte d'Azur
c'est vraiment très bien écrit, très agréable à lire ... merci !!!
La fille au van
Sunday 26 January 2025 08:47

Oncle-Julien
Homme, 53 ans, France
- Chapitre 1 - Épisode 4 - Tous droits réservés - © - 2025 -



La chapelle

Nous sommes déjà mercredi. Je m'en vais dimanche. C'est la première pensée qui m'assaille en me réveillant. Un peu plus de huit heures. J'admire ce rayon de soleil qui magnifie le mur à droite de mon lit. La vaste chambre d'hôtel me paraît plus grande encore. Le lustre qui pend au milieu des moulures du plafond. Les milles éclats de ses gouttes de verre bleuté. Les boiseries sur lesquels sont accrochées des reproductions de toiles de maître. Le besoin naturel qui contraint mon levé me frustre quelque peu. Une fois encore je me promets de m'accorder davantage de temps en ce lieu. Lire. Écrire. Comment le pourrais-je avec cette météo magnifique ? Après les toilettes, je décide de me faire monter le petit déjeuner. Je n'attends pas longtemps. Voilà le groom. Il avance le petit chariot. Je lui donne un billet.

Je mange de bon appétit en faisant le très vague programme de la journée. Mon esprit recommence à être pénétré des souvenirs de la veille. La soirée au restaurant avec Aude-Élie. Beaucoup des paroles de la fille au van me reviennent. Ses fulgurances, ses affirmations. Autant de considérations qui m'interpelle. J'ai l'âge d'être le papa de cette étonnante jeune fille. Et pourtant je peux passer des heures à l'écouter. À l'entendre philosopher sur ses perceptions du monde qui nous entoure. Elle a probablement bien davantage de choses à m'apprendre avec sa vie nomade que moi avec mon existence sédentaire. Je termine mon copieux petit déjeuner. Je revêts ma tenue de running. Un petit tour sur le balcon. Je scrute chaque van, chaque caravane qui passe. Déjà dans l'ascenseur je fais mes flexions du torse.

Mon jogging m'emmène le long de mon circuit quotidien. Bien évidemment, je viens courir entre les campings cars et les vans garés sur le parking devant le port. Avec le secret espoir de tomber sur Aude-Élie. Elle m'a confié être très sportive. Il y a donc peut-être une chance. Même si je sais que son van n'est sans doute pas là. Juste des associations d'idées qui me comblent de joie. Il est dix heures lorsque je suis sous la douche. C'est en simple T-shirt et en slip que j'allume mon Mac. Avec une fois encore l'espérance d'un courriel qui est cruellement absent. Je me maudis. Une fois encore je suis victime de mon sentimentalisme absurde et totalement inconvenant. Mais j'aime me bercer d'illusions. Par contre j'ai un mail de mon expert comptable. Un message de Sophie.

J'en prends connaissance distraitement avant d'y répondre tout aussi distraitement. Il va être l'heure de mon entraînement en salle. Deux fois par semaine, j'aime manipuler des charges additionnelles. Il fait tellement beau. Tellement chaud déjà. Pourquoi ne pas simplement aller flâner sur les quais ? Il y a la criée. Je reprends l'ascenseur. Il n'est que onze heures et la température est de 28°. Je suis en short blanc, en T-shirt blanc, des espadrilles blanches, un chapeau blanc. Mes Ray-ban "aviateur". Qu'il est plaisant de savourer le moment. J'avise ce restaurant au bout de la jetée. Ce n'est nullement un établissement gastronomique comme je les affectionne. C'est un simple bar restaurant touristique. J'y réserve une table. Je consulte le menu affiché. Ce sera langoustes grillées avec pommes frites.

Je me balade encore un peu. Les filles sont belles, riantes, insouciantes. Les garçons sont facétieux. Des couples en goguette. Des familles parfois bruyantes. Des "Simpson" en vadrouilles. Il va être midi trente. Je regagne le restaurant. Ma table m'attend à l'intérieur. Dans ces suaves effluves de vacances où se mélangent des odeurs de grillades, de beurre rance et de fritures. C'est "populaire". Donc bruyant. Rien de comparable avec les lieux étoilés du guide Michelin ou du Gault & Millau. Mais après tout, un petit bain de foule "lambda" aura son charme. Je suis étonné par la qualité du service autant que par la qualité du repas. Je me régale. L'addition. En sortant sous le cagnard, je vais au bord de la jetée. La mer est basse. Les odeurs fortes me montent aux narines. Un léger vent du large.

Je regarde les dunes, là-bas, à environs deux kilomètres. Vingt minutes à pieds. Je sais qu'Aude-Élie aime y aller flâner. Je retourne d'abord à l'hôtel pour préparer mon petit sac à dos. Mettre un short beige moins salissant. Un T-shirt crème, des baskets parce que j'ai l'intentions de monter en haut des dunes. Il y a des chemins à travers champs. La chapelle néo gothique que je veux enfin visiter. La gourde isotherme d'eau glacée, les barres de céréales, deux nectarines bien fermes. Ma minuscule paire de jumelles et cette fois mon appareil photo. Un gros Lumix bien lourd. C'est parti. Je longe la mer sur ma droite. À gauche les terrasses des bars restaurants qui se succèdent. Un monde fou partout. Vivement les dunes. J'y arrive enfin. L'ombre bienfaisante des chênes verts. À gauche il y a la plage.

Je prends le même sentier que hier. Le labyrinthe des collines que forment des milliers de tonnes de sables accumulées par les éléments. Comme hier je tombe quelquefois sur des solitaires avachis sur des serviettes de bain. Des couples parfois. Tous ces gens qui préfèrent la solitude plutôt que l'effervescence de la plage. La pente est douce. Les sentiers provisoires formés par le vent serpentent entre les collines blanches. J'arrive en haut. Il y a une clôture électrifiée qu'il faut longer sur une centaine de mètres. Les vaches qui m'observent. Je leurs parle, je les salue, je leurs adresse des coucous de la main. Là-bas, à environ cinq cent mètres, la chapelle. C'est un peu mystérieux. J'imagine facilement l'ambiance quand les journées sont grises. Un peu comme dans mon Écosse natale. Je longe le grand champs de maïs.

Il n'y a personne. Du moins en apparence. En fait, c'est plus grand que je ne le supputais. Ce serait plutôt une petite église. Avec une nef transversale assez imposante. Un édifice qui doit mesurer une centaine de mètres sur une trentaine de large. Un clocher. Le silence est lourd. Plus aucun bruit ne provient de la mer. J'entre dans l'édifice. Il y règne fraîcheur et pénombre. Cette odeur caractéristique des lieux de cultes. Peut-être les effluves d'encens, de sauge se mêlant à celles du vieux bois de chêne des bancs. Sept colonnes de chaque côté. Jusqu'à la nef. Un hôtel de pierre recouvert d'un velours carmin. L'endroit respire le mystère des lieux solitaires. Mais ce n'est qu'illusion car un tableau d'affichages annonce les prochaines activités paroissiales et associatives. Un vide grenier.

Je fais le tour dans un sens, puis dans l'autre. Même si je ne me voue à aucun culte traditionnel, j'éprouve toujours un certain respect pour ces édifices dévots. Les vitraux tamisent la lumière pour les transformer en rayons multicolores. Les clefs de voûtes représentent de petits démons grimaçants. Un peu à l'image des gargouilles extérieures. L'endroit est un enchantement. Je savoure cette douce fraîcheur assis sur un des bancs, dissimulé de l'entrée par une colonne lorsque des murmures se font entendre. Je suis de nature discrète. Je ne me retourne pas. Bientôt, dans l'allée centrale, un trio de visiteurs avance lentement. Ce sont des asiatiques. Très certainement les parents et leurs filles. Ils ne m'ont pas vu. Ils vont jusqu'à la nef, puis jusqu'à l'hôtel. Ils murmurent. On entend à peine.

Les asiatiques sont des gens extrêmement discrets. Secrets. Ces touristes en sont un parfait exemple. Ils se séparent. Chacun allant découvrir un endroit particulier. Sur ma droite il y a un vieux confessionnal en bois de chêne. D'épais rideaux verts de chaque côté du compartiment réservé à l'officiant. C'est la jeune fille qui arrive. Elle vient de m'apercevoir. Me prenant sans doute pour un fidèle en méditation. Elle m'adresse un sourire. Ses longs cheveux noirs forment un écrin autour de son visage en amande. Tous comme ses yeux bridés. Elle est en T-shirt blanc, jupette "tennis" bleue. Des baskets. Je lui rends son sourire. Il y a toujours quelque chose d'éminemment troublant dans ces situations. Ma sensibilité à fleur de peau m'en fait encore la victime en cet instant. Je la regarde.

Elle visite. Elle écarte le rideaux du compartiment de droite. Elle monte la marche pour y pénétrer. Referme le rideau derrière elle. Que peut-elle bien faire ? Ma curiosité se colore d'une excitation insidieuse. Là, dans l'obscurité, quelqu'un s'est caché derrière l'épais rideau d'un vieux confessionnal. Inutile d'avoir une libido débridée pour être animé d'insolites interrogations intimes. J'ai une explication. Une série de flashes lumineux. Sans doute que la jeune asiatique prend des selfies. Ses parents se rejoignent là-bas, devant l'hôtel pour s'assoir sur le premier banc. Le rideau s'ouvre enfin sur la jeune fille qui se réajuste. Elle passe dans l'autre compartiment. Le rideau à nouveau tiré. J'aimerais tant me lever en cachette pour aller faire mon voyeur. Jouer à l'abbé confesseur dans le compartiment peut-être. Cette idée me fait sourire. J'imagine le genre d'abbé...

Je me touche. Mon érection contrariée est inconfortable. Je passe ma main dans mon short par le haut pour redresser mon sexe. C'est infiniment plus confortable qu'enroulé et tordu au fond de mon slip. Comme il ne se passe toujours rien. Je sors ma turgescence. Ce qui se passe là m'excite vraiment. À nouveau des flashes lumineux. Le rideau qui s'ouvre. La jeune fille qui se réajuste. Je la vois tirer sur sa jupette. L'avait-elle relevée pour quelques photos polissonnes ? Je me plaît à l'imaginer en me masturbant doucement. Il est tout à fait impossible de voir à quelle activité je m'adonne. Le dossier du banc devant celui où je suis assis me dissimule. La jeune fille m'adresse un nouveau sourire. Plus désarmant cette fois. Avant d'entrer dans la partie centrale réservée aux prêtres. Elle y pénètre. Elle referme derrière elle la porte aux fines dentelles de bois sculpté. De l'endroit où elle se trouve à présent, elle peut parfaitement voir ce que je fais.

D'abord hésitant. Je cache mon sexe avec le petit sac à dos que je serre contre ma cuisse. Malgré l'obscurité il est évident que le mouvement de mon bras trahit mon geste lent et régulier. Là-bas, le couple bavarde en chuchotant. Ces gens sont venus profiter de la fraîcheur de la chapelle. Mais que peut bien faire la jeune fille dans cette espèce de grande armoire ? J'hésite. Je sais qu'elle regarde. Mon sixième sens est infaillible. Je retire le petit sac à dos. Je tiens mon érection à sa base, entre le pouce et l'index. Immobile. Je sens la sueur perler sur le bout de mon nez qui me chatouille. Mon cœur bat la chamade. J'ai du courant électrique qui parcourt mon échine. J'ai des frissons. L'indicible plaisir que procure la transgression. Je tourne soudain franchement la tête vers le confessionnal.

Je ne sais pas si ce sont mes sens qui me jouent un tour mais je crois entendre comme un léger gloussement. Je recommence à me masturber. La porte s'ouvre lentement. Le sourire merveilleux que m'adresse la jeune fille me donne le vertige. Je suis en proie à la honte, à la gêne, à l'excitation. J'ai envie de m'excusez. De tomber à genoux pour implorer son pardon. Quel meilleur endroit qu'une église pour implorer le pardon ! Elle reste un instant à me sourire. Comme pour me rassurer. Non. Je ne commets là aucun péché semble t-elle vouloir me faire comprendre par son attitude. C'est en tous cas ce que je ressens. Elle s'en va d'un pas lent. Une dizaine de mètres. Elle se retourne pour me sourire à nouveau. Assises aux côtés de ses parents elle se met à converser. J'ai peur d'une dénonciation toujours possible. Je me maudis d'être aussi téméraire et futile.

Je me lève. Je dois quitter cet endroit. Je remballe avec soin. Je saisis mon sac et je sors. Le battant de gauche grince affreusement. Me voila en pleine lumière. Il me faut remettre mes lunettes. Je reste à l'ombre du tympan. Un léger vent des terres m'enivre de douceurs. La cloche se met à sonner quatre coups. Seize heures déjà. La porte grinçante s'ouvre. Le couple me salue poliment. Ils se dirigent vers le chemin qui longe le champs de maïs. Ils n'ont pas fait cent mètres que leur fille sort à son tour. Au merveilleux sourire qu'elle m'adresse, j'ai la certitude de ne pas avoir été dénoncé. Elle s'arrête un instant pour fouiller le petit sac qu'elle tient en bandoulière. Elle en tire une image qu'elle vient m'apporter. C'est en Anglais qu'elle me prie de la garder toujours en souvenir. Je reste hébété. Je tourne la petite carte. Je lève la tête mais la voilà à marcher rapidement pour rejoindre ses parents. Que d'émotions en si peu de temps.



Mes textes paraissent toujours d'abord sur mon Blog, dont les droits sont réservés, avant d'êtres publiés en ligne
La fille au van
Sunday 2 February 2025 10:36

Oncle-Julien
Homme, 53 ans, France
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La chapelle - (Partie 2)

Je reste un long moment assis sur le muret de pierres. Je regarde le trio s'éloigner. Je tourne et je retourne cette petite carte. L'image représente un papillon posé sur une fleur. Une illustration japonaise au dessin raffiné. Qu'elle peut bien être la signification de ce cadeau ? Je ne vois plus personne. Une légère émotion m'habite un instant. Je me lève pour retourner dans la chapelle. Comme pour un "pèlerinage". Je veux retourner m'assoir au même endroit. Revivre le "film". Je sais pourtant que cette émotion sera décuplée. Je suis d'une telle sensibilité. Pourtant je ne peux m'empêcher de jouer avec ce sentiment parfois douloureux. Mes yeux doivent s'habituer une nouvelle fois à la pénombre. Le contraste est plutôt violent avec ce soleil qui illumine toute chose d'une lumière presque impudique. La fraîcheur de l'endroit apporte du réconfort. Surtout en quittant la canicule.

Je ne rêve pas. Une forme féminine assise à l'endroit même où je l'étais il n'y a pas vingt minutes. Comme un fantôme. Je reste immobile. Je ne discerne que le haut d'un buste, à contre jour. Le halo multicolore des rayons distribués par les vitraux. Il est impossible qu'elle soit revenue. Il n'y a qu'une seule porte. Je m'avance dans l'allée centrale. Quelle n'est pas ma surprise. Une véritable stupeur d'une fraction de seconde. C'est Aude-Élie ! Je m'immisce entre les bancs pour la rejoindre. Je m'écrie : << Mais comment es-tu entrée ici ? C'est impossible ! >>. Aude-Élie tapote le banc pour m'inviter à venir m'assoir. Elle change de position pour s'installer à califourchon sur le banc. Son regard plongé dans le mien. La fille au van reste silencieuse. C'est comme si elle était descendue au plus profond de mon être. Une étrange sensation. Je suis soudain à nouveau cet adolescent de quinze ans que je m'efforce de cacher au monde dans lequel j'évolue.

De longues minutes passent ainsi. Pour me donner une certaine contenance, occuper le silence lourd et pesant, je change moi aussi de position. Pour m'installer comme elle. Nous nous faisons face. Un mètre tout au plus doit nous séparer. J'ai envie de poser mille questions. Enfin, Aude-Élie ouvre la bouche. << Regarde là-haut, tu vois le balcon en bois. Les vitraux ronds de l'œil de bœuf ? Il y a là un orgue. J'y étais bien avant que tu n'arrives ! >> dit elle à voix basse. C'est comme si tout s'effondrait en moi. J'ai envie de partir en courant. J'ai envie de me cacher sous le banc. J'ai envie de disparaître. Cet aveux m'emplit de honte. Je suis certain de ne jamais avoir vécu situation plus humiliante. Comme si elle appréciait son petit effet, Aude-Élie redevient silencieuse. Une expression mutine sur les traits de son visage.

Je n'ose pas lever les yeux. Je tripote mes doigts. Le profond sentiment de culpabilité qui m'habite me donne le vertige. J'ai vraiment honte devant cette jeune fille qui me jauge avec une certaine "cruauté" théâtrale. S'amusant visiblement du désarroi induit dans ma psyché. Un nouveau long moment de silence. Aude-Élie murmure : << J'ai tout vu ! >>. Je ne dis rien. Elle m'a dit la même chose hier, dans les dunes. Entre deux apnées, je pousse un profond soupir en essayant de retrouver une respiration normale. J'attends la suite avec anxiété. Aude-Élie reprend : << Elle avait quoi de spéciale cette meuf, pour te mettre dans ces états là ? Sa jupette ? Ses baskets ? >>. Je sais bien qu'elle ne pose pas une question mais que c'est une réflexion à haute voix. << Mais dis quelque chose ! Tu es comme un gamin qui a fait une grosse bêtise ! Comme un gosse ! >> rajoute t-elle en imitant un accent "chinois" et en bridant ses yeux de ses index.

Ces paroles, prononcées d'un ton emprunt de compassion, me soulagent. Me rassurent. Ses mimiques asiatiques. J'ai envie de rire. Aude-Élie ne porte aucun jugement sur mon comportement. J'ai apprécié à quelques occasions, les deux jours précédents, son intelligence, le recul qu'elle sait porter sur les évènements et sa capacité à exprimer ses ressentis. J'ose enfin lever la tête. J'ose enfin la fixer dans les yeux. Son sourire est désarmant. << Si on veut déguster un barbecue de fruits de mer, il va falloir profiter de la marée basse pour aller les trouver ! >> dit elle. L'atmosphère pesante n'était donc qu'un sentiment personnel. Ces mots achèvent de me sortir de cette sorte de torpeur culpabilisante. Je m'écrie : << Tu sais qu'on peut aller acheter le nécessaire dans la poissonnerie sur le quai du port ! On peut même se prendre des sardines pêchée du jour ! >>

Aude-Élie recommence à m'observer de cette étrange façon. Elle finit par lâcher : << Mais tu as de bonnes idées toi, tu sais ! Quand on te voit faire tes bêtises, on n'imaginerait pas ! >>. L'ambiance est définitivement détendue. Je demande : << Raconte-moi ta journée ! >>. Aude-Élie ne répond pas. Elle se contente d'une série de mimiques. Se bridant les yeux avec les index. Elle est adorable. Je fond en cachette. Je dois réfréner l'envie presque dévastatrice de m'avancer. De lui faire une bise. C'est une fille. Elles devinent toujours tout les filles. << Aujourd'hui, j'ai fait de la lessive, j'ai fait le plein des jerricanes, j'ai fait quelques courses, mon jogging, ma douche et mangé des fruits ! >> lance t-elle. Elle rajoute : << Puis je suis venue me promener dans les dunes. Je t'ai vu arriver et je me suis précipitée pour te précéder. Tu as même failli m'apercevoir juste avant que je ne me cache dans le maïs. Avant d'entrer ici. Que voudrais-tu encore savoir ? >>. Je reste perplexe.

Aude-Élie se lève, s'extirpe de l'inconfort de sa position. Se dirige vers le confessionnal. Elle attrape le bas de son large et court short noir en disant : << J'ai pas de jupette. Ça ira quand même ? >>. Je reste médusé. Debout devant le compartiment de gauche, s'emparant du rideau, montant la marche, Aude-Élie rajoute : << J'aimerais savoir ce que cette jeune asiatique a induit dans ta psyché durant sa découverte ! Un remake "sel te pli" ! >>. Ma profonde gêne, ma honte, me gagnent aussi soudainement. Je n'arrive même plus à déglutir. << Tu as l'air terrifié ! Tu as vu Lucifer ? >> lance Aude-Élie avant de tirer le rideau pour se dissimuler dans le compartiment. Comment vais-je pouvoir gérer ce que me demande cette étonnante jeune fille ? Je ne la connais que depuis trois jours. Je ne me sens pas encore assez complice pour ces jeux. Dans ma tête se met en route la mécanique nécessaire pour trouver une issue. Me tirer de cette affaire.

Du bruit. Des voix. Un groupe de visiteurs entre dans l'édifice. Je pousse un douloureux soupir de soulagement. Ces gens me tirent d'une situation terrorisante. Comment aurais-je réussi à reproduire les situations précédentes ? Et avec Aude-Élie ? Il m'est impossible d'y répondre. Toujours est-il qu'alertée elle aussi par les arrivants, Aude-Élie vient me rejoindre. << Viens, je te fais voir le balcon et l'orgue ! >> dit elle en prenant ma main. L'émotion qui m'étreint soudain est indicible. Aude-Élie lâche rapidement ma main pour m'inviter à monter le premier les marches de l'étroit escalier. Je m'y précipite. Aude-Élie me suit. Nous arrivons sur un large balcon. Sur la gauche un grand orgue. Moderne. Contrastant avec la vétusté du mobilier qui l'entoure. << Regarde ! >> lance Aude-Élie en me montrant la salle.

Je constate que de cet endroit stratégique, le regardant a une vue générale sur l'ensemble de la chapelle. << Tu comprends ? >> me fait encore ma guide. Je réponds, un peu gêné : << Oui, je comprends tout ! >>. Aude-Élie rajoute, en pointant l'index vers son œil droit : << Je t'avais à l'œil. Et le bon ! C'est celui-là ! >>. Elle me fait un clin d'œil. Elle conclue : << Tu n'as pas honte ? >>. Une fois encore j'ai l'envie folle de la couvrir de bises. De la remercier d'exister. Bien évidemment, je n'en montre rien. Pour donner le change je feuillette même un vieux livret de partitions. Nous entendons les gens en bas. Probablement des Hollandais. Trois familles. << On s'arrache ? >> me demande Aude-Élie. Je descends l'étroit escalier après elle. Une fois dehors, sous le soleil encore chaud, ma comparse me dit : << On ira au ciel, on a passé l'après-midi dans une église ! Et même toi ! >>. Nous rions aux éclats en longeant le champs de maïs jusqu'aux dunes. << On s'amuse bien parfois dans ces dunes ! >> affirme t-elle en dévalant les sentiers.

Nous marchons sur la plage. Les pieds dans l'eau, nos chausses à la main. La mer monte. Détruisant les nombreux châteaux de sable. C'est sympathique de se retrouver à l'ombre des falaises. Il va être dix neuf heures. << Tu sais que la poissonnerie va fermer ? >> lance Aude-Élie en se mettant à sautiller dans l'eau, mouillant son short ample. Je réponds : << Pas de barbecue. Restaurant. Mademoiselle, je vous invite à savourer de délicieux crustacés dans un établissement "classe" ! >>. Aude-Élie s'arrête. Reste immobile. Me dit : << Mais tu sais que cela ne me frustre pas du tout. On fait barbecue demain ! >>. Ces mots me pétrissent d'émotions. C'est très certainement sa façon de m'apprendre que nous serons à nouveau ensemble demain. C'est moi qui me met à sauter dans l'eau.

Attablés sous la pergola du restaurant de mon hôtel, nous savourons du homard grillé. << C'est bon à tomber parterre ! >> lance Aude-Élie à plusieurs reprises. Nous bavardons. J'arrive adroitement à éviter de parler de moi. C'est la vie de ma "nomade" qui me subjugue. J'admire son courage. Sa détermination de vivre en marge. Elle me raconte les cueillettes de fruits et de légumes en Espagne. L'argent ainsi gagné qu'elle gère en expert comptable. J'écoute, émerveillé. Après le repas, je lui fais visiter ma "suite" au cinquième étage. Le luxe la laisse indifférente. Elle s'amuse du gigantisme de ma location. << Pour toi tout seul un terrain de basket avec salle de bain, jacuzzi et dressoir ! Tu dois t'emmerder non ? >>. Dans l'ascenseur qui nous ramène dans le hall de l'hôtel, je dois affronter une épreuve supplémentaire. J'ai tellement envie de la serrer contre moi. De la remercier pour tous ces merveilleux moments. Bien évidement j'évite. Secrets.

En la raccompagnant, conduisant lentement, j'écoute ses impressions. Tout comme moi, Aude-Élie quitte la région Dimanche. Elle sera en Espagne dès lundi matin. Mon cœur se serre. Le plus difficile reste de cacher tous sentiments. Le défi consiste à ne rien montrer des élans de l'âme. Nous arrivons devant la barrière baissée de l'aire de stationnement. Là où est garée le van d'Aude-Élie. << À demain. Pour de nouvelles aventures. Tu vas encore t'ennuyer avec la fille au van ! >> dit elle en effleurant mon bras. Je fais des efforts inconsidérés pour ne rien dévoiler de mon émotion. Avant qu'elle ne descende de la voiture, je lance : << Emmène-moi avec toi ! >>. Aude-Élie hausse les épaules avant de répondre : << Pour que tu fréquentes les églises dès que j'ai le dos tourné ! >>. Je la regarde s'éloigner. D'un mouvement gracieux, les jambes jointes, en appui sur ses mains, elle saute la barrière. Sans se retourner. C'est soudain immensément triste.

Moi qui aime la solitude. Cette solitude qui me semble soudain vertigineusement insupportable. J'ai un mal fou à m'endormir...



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La fille au van
Sunday 9 February 2025 09:32

Oncle-Julien
Homme, 53 ans, France
- Chapitre 1 - Épisode 6 - Tous droits réservés - © - 2025 -



Le souterrain

Il est aux environs de huit heures en ce jeudi matin. J'ouvre les yeux dans l'agréable luminosité de ma chambre inondée du soleil de ce début juillet. Me parviennent les lointains bruits de la circulation. Là-bas, sur le port, la criée et ses animations estivales. Je téléphone à la réception pour me faire monter mon petit déjeuner. Le temps de passer aux toilettes, de passer mes vêtements de jogging. Voilà le groom. J'ouvre la porte afin qu'il emmène le chariot devant le fauteuil. Je lui tends un billet. Un sourire. Il me remercie avant de filer à toute vitesse. Je savoure ce pain grillé que je beurre avant d'y étaler un miel crémeux. Le jus d'oranges est onctueux. Oranges probablement pressées il y a quelques minutes. Le café est aussi suave que ses parfums subtils. Je prends tout mon temps.

Je me lave les dents lorsque mon I-phone se met à vibrer. Avant d'émettre sa sonnerie "à l'ancienne". En maugréant quelque peu je sors de la salle de bain en courant pour m'en saisir. Quelle belle surprise. C'est Aude-Élie. << Coucou ! Je dérange ? >> demande t-elle. Je n'ai pas eu le temps de me rincer correctement la bouche. C'est donc avec quelques gargouillis que je réponds. Je l'entends rire. Je veux lui dire à quel point je suis content d'avoir ce coup de téléphone. Mais elle ne me laisse pas parler. << Tu as un vélo ? Rendez-vous à onze heures sur le port. Prépare ton sandwich ! >> lance t-elle. Je voudrais bien pouvoir m'expliquer. Mais c'est sans compter sur la spontanéité de l'intervention. << À plus alors ! >> conclue t-elle avant de raccrocher. Je regarde mon téléphone. Pas de numéro. C'est un "secret d'appel".

Je retourne à la salle de bain pour me débarrasser enfin de la crème dentifrice devenue désagréable en bouche. Dans l'ascenseur je fais mentalement le programme de la matinée. Dans une sorte de confusion car je suis tellement heureux à l'idée de revoir cette étonnante personne. Je demande à la jeune fille de la réception s'il est possible de louer une bicyclette dans les environs. Ma demande n'échappe pas au garçon d'étage qui passe à proximité. Il s'adresse à moi : << Vous n'en trouverez pas ! Les locations et les réservations sont certainement complètes jusqu'en septembre ! Mais je vous prête le mien. Il est tout neuf et je ne m'en sers pas ! >>. Je remercie le jeune homme qui m'invite à le suivre au sous-sol. Dans l'ascenseur, jusqu'à la partie vélos du parking souterrain.

C'est une bicyclette de style VTC. Parfaite pour la route comme sur terrain accidenté. Rouge. << Ma Ferrari ! >> lance le garçon qui me tend la clef du cadenas. << Vous le gardez tant que vous voulez. Si ça vous intéresse, je le vends ! >> rajoute t-il. Il me laisse pour retourner à ses travaux. La machine est effectivement toute neuve. Un Lapierre parfaitement équipé. Je l'essaie dans le parking. Parfait. Je peux donc honorer ma participation à la demande d'Aude-Élie. Quelques mouvements d'échauffement avant de partir en courant en direction du port. Ce réflexe de scruter chaque van qui passe. Une heure d'un running des plus gratifiants avant la douche. Il est dix heures trente. Le temps d'enfiler un short de lycra beige, un T-shirt gris clair, mes baskets. Je prends l'ascenseur.

C'est à bicyclette que j'arrive sur le port. Des touristes partout sur les quais. Des marins proposent leurs pêches de la nuit et du matin. Je suis toujours impressionné par ces énormes crustacés dont les pinces sont nouées par de gros élastiques. Je reste en hauteur, sur le mur qui surplombe les quais. Je tente de retrouver la silhouette familière de mon rendez-vous. J'ai beau scruter. Aude-Élie n'est pas du genre à poser des lapins. Une fois encore, la coquine a préparé son "entrée". << Bonjour ! Prêt pour de nouvelles aventures ? >> lance t-elle en arrivant derrière moi. Je me retourne pour la voir freiner en frottant son pneu arrière sur l'asphalte comme le ferait une collégienne en retrouvant ses amis. Aujourd'hui, ses longs cheveux noirs sont attachés en une longue natte. Short ample et noir. T-shirt bleu.

Son arrivée, son irruption, font parties des attitudes de ce personnage qui me subjugue. Dans la lumière impudique de cette merveilleuse matinée d'été, Aude-Élie respire la joie de vivre, l'optimisme et l'insouciance. Nous nous saluons. << Viens, on s'arrache. J'ai plein de trucs à te montrer ! ! >> dit elle en prenant une gorgée d'eau. Nous voilà à pédaler l'un derrière l'autre. Je n'ai qu'à la suivre dans le labyrinthe de la circulation déjà dense. J'admire sa plastique. Ce corps d'athlète. Sa grâce naturelle malgré une certaine "virilité" dans sa façon de pédaler. De fournir les efforts nécessaires pour s'extraire des chicanes de la route. Nous quittons la sortie du bourg. En roulant sur l'étroite piste cyclable, il faut rester prudents. Pour certains imbéciles c'est un sport de frôler dangereusement les cyclistes. Attention.

Je ris en écoutant Aude-Élie insulter les plus inconscients. Elle n'a pas la langue dans sa poche avec les chauffards. Nous parcourons une dizaine de kilomètres jusqu'en haut des falaises. Je ne m'approche pas, je suis sujet au vertige. Alors qu'Aude-Élie, avec une désinvolture affolante, s'approche du vide en disant : << On est au moins à cent mètres au-dessus de la mer ! >>. Nous poussons les bicyclettes jusqu'aux ruines d'une grande masure. Une partie de cette maison serait habitable. Les volets sont clos. L'autre partie croule sous les ronces. Aude-Élie me montre la grande pierre. Elle y pose son petit sac à dos. J'y pose le mien. Nous sommes à l'ombre. Assis en tailleurs, l'un en face de l'autre, nous mangeons nos abricots. Aude-Élie évoque son départ dimanche prochain. Destination l'Espagne.

Je n'en montre rien. Mais une profonde tristesse m'envahit soudain. Je ne veux pas en parler. Aussi, je dévie la conversation sur sa Bretagne d'origine. Ma maman en est originaire aussi. Nous y avons vécu dans mes jeunes années. Mon papa Écossais est issu de la même culture Celte. J'en suis fier. Nous dégustons nos sandwichs. Aude-Élie me fait gouter le sien en précisant : << Tartex, pâté végétal, aux champignons ! >>. Elle goute le mien alors que je précise : << Pâté Hénaff ! >>. Nous terminons notre frugal repas par des nectarines. << Viens, je vais te montrer le pourquoi du comment ! >> fait Aude-Élie en se levant. Elle saisit mon poignet un court instant. Je me dis alors que je la suivrai jusqu'aux enfers. Je garde ma pensée secrète. Nous contournons le muret de ce qui devait être un potager.

Il y a une petite maison en pierres. Juste une fenêtre ronde à l'ouverture cyclopéenne, de style "œil de bœuf". Stupéfait, je regarde Aude-Élie escalader le mur. Prenant appui sur chaque aspérité avec une agilité déconcertante. Je dis : << La femme araignée ! >>. Aude-Élie arrive dans l'ouverture. Assise, les jambes dans le vide, elle m'invite à grimper. J'imite ses mouvements. Je n'ai pas sa vélocité. Quand j'arrive maladroitement à sa hauteur, elle disparaît dans l'ouverture. Je m'y glisse à mon tour. Nous voilà sur la terre battue, dans l'odeur d'humus. Il y a des étagères en pierre sur lesquelles sont posées des jarres, des pots de terre cuite. Des outils de jardin dans un coin. La porte en fer est condamnée depuis l'intérieur. Mais ce qui attire l'attention c'est l'escalier qui descend dans le noir.

<< Lampes frontales. J'en ai deux. Autonomie de quatre heures chacune ! >> lance Aude-Élie en m'invitant à la suivre. En descendant les marches avec précaution, Aude-Élie m'explique : << J'ai découvert cet endroit lors de mes explorations. Je n'ai pas eu le courage de pousser plus loin mes investigations. Si ça ne te branche pas, on remonte ! >>. Je la rassure. Les aventures "urbex" me passionnent. Même si je n'en ai jamais vécu de réelles. Quelques usines désaffectées, un manoir abandonné. Mais jamais de souterrains. Sauf ceux de ma demeure. Je ne compte pas les marches mais cet escalier semble sans fin. Aude-Élie porte la lampe à son front. Avec sa longue natte, elle n'est pas sans évoquer une guerrière Cheyenne en chasse. Je suis derrière elle. Autour de nous ce ne sont que pierres de tailles bien assemblées.

Quand elle se retourne pour me demander si tout va bien Aude-Élie m'éblouit de sa lampe frontale. << Oh, "sexcuse-moi" ! >> dit elle en s'en rendant compte. Nous rions en arrivant enfin dans un interminable couloir au sol plat. Nous pouvons marcher côte à côte. Sous terre, il est difficile de garder le sens du temps et des distances. Un flou spatio-temporel s'installe inexorablement. Les notions de surfaces disparaissent rapidement sous terre. Tous nos sens aux aguets nous avançons d'un bon pas. Aude-Élie tire son smartphone de la poche banane fixée autour de sa taille. Elle l'allume en disant : << Bientôt plus aucun signal ! >>. J'enlève mon sac à dos pour en tirer le mien. J'allume. Je préfère prévenir la réception de mon hôtel. À la jeune fille de l'accueil, je donne notre position. Aude-Élie, silencieuse, m'observe et m'écoute. Nous pouvons continuer rassurés.

<< Moi j'ai prévenu un collègue "nomade". Il sait où je suis ! >> lance Aude-Élie. Forts de ces certitudes, nous continuons notre exploration. Il y a un couloir qui prend à droite. Identique à celui où nous nous trouvons. Je ramasse un morceau de granit pointu. Sur une des pierres, je marque un cercle grossier avec nos initiales. << Tu es un homme intelligent toi ! >> s'exclame Aude-Élie en m'entraînant par la main. Quelques mètres et elle me relâche. Un nouvel escalier. Il descend. Sans hésiter un seul instant Aude-Élie avance. << Viens ! Tu as les pétoches ? >> me demande t-elle. Je réponds : << Non, avec toi je n'ai peur de rien ! >>. Elle s'arrête pour répondre : << Tu as tort, je suis une descendante d'Anne de Bretagne ! Elle s'y connaissait en cachots et en instruments de tortures ! >>

Nous arrivons dans une vaste cavité. Creusée à même la roche. En éclairant nous prenons conscience d'êtres dans une sorte de chapelle. Ou d'un lieu de culte. Aucune statuaire qui pourrait donner la moindre indication. Un cercle fait de dalles de pierres. << Regarde ! >> fait Aude-Élie en s'accroupissant. Du bout de l'index elle montre et caresse la gravure d'une clef. En fait il y a une gravure toutes les trois dalles. Là, un cerf. Là, un marteau. Là, un triangle. En éclairant la voûte nous découvrons la roche taillée par endroit en pointes qui ne sont pas sans évoquer des stalactites. << J'ai un peu froid ! >> s'écrie soudain Aude-Élie en se serrant contre moi. Je peux enfin refermer mes bras sur son corps. Tout pourrait s'écrouler autour de nous, au fond de moi naissent les plus doux tourments. Je ferme les yeux.

Aude-Élie se dégage rapidement de mon étreinte légère. Elle ouvre son petit sac à dos pour en tirer un K-ways rouge. Elle l'enfile. Nous faisons le tour de la salle qui semble figurer un grand ovale. Il y a comme un hôtel de pierre. Au centre une bassine creusée. Il y a des restes de cire collées sur le granit. Au fond, un couloir noir. Aude-Élie s'y engouffre sans hésiter. Nous percevons un bruit lointain. Comme un orage. << C'est la mer ! Je suis certaine qu'on va déboucher aux bas des falaises ! >> dit ma guide en m'entraînant par la main sur quelques mètres. << Pipi ! >> lance soudain Aude-Élie. Je fais mine de reculer, de la laisser à l'intimité de son besoin. << Non, ne t'en va pas ! On va se perdre si on se sépare ! >>. Je réponds : << Mais je ne m'en vais pas, je m'éloigne par correction ! >>

Aude-Élie éclate de rire en demandant : << Par civilité peut-être ? >>. De son petit sac à dos elle tire un étrange entonnoir de plastique bleu. Je demande : << C'est quoi ? >>. Elle répond : << Pipi debout ! C'est plus pratique et ça permet de partir en courant ! >>. Aude-Élie fait tourner l'objet. Je commence à comprendre. Elle rajoute : << 2,50 euros sur AliExpress ! >>. Par pudeur, je détourne le regard lorsqu'elle descend son short et sa culotte à mi cuisses. C'est plus fort que moi. Par curiosité plus que par voyeurisme, je risque un coup d'œil. C'est surréaliste autant qu'insolite. Stupéfait je regarde Aude-Élie uriner comme un homme. Elle pousse l'analogie jusqu'à siffloter. Je reste à distance. La lampe frontale éclaire cette scène de façon "biblique". Aude-Élie se soulage par plusieurs petits jets.

Je dis : << Je vais t'appeler "Audélien" à partir de maintenant ! >>. Éclatant de rire, Aude-Élie s'exclame : << Ne me fait pas rire, je vais m'en mettre partout ! >>. Je réponds : << Mais non, je déconne ! >>. Comme ma compagne d'exploration prend tout son temps, savourant peut-être d'être vue ainsi, d'être regardée, je viens me positionner à sa gauche. Je tire sur l'élastique de mon short pour en extraire mon sexe. Aude-Élie reste silencieuse en me regardant pisser. En sifflotant, en chantonnant, elle imite chacun de mes gestes. Secouant son tuyau de plastique comme je le fais pour les toutes dernières giclées. Les gouttes ultimes. Je remballe le premier. Aude-Élie verse un peu d'eau dans sa main pour rincer son accessoire. Elle l'essuie avec un mouchoir en papier avant de le remettre dans son sac. << On y va ? C'est bon ? >> lance t-elle.

Nous reprenons notre exploration. Le bruit de la mer est de plus en plus fort. Nul doute. Nous approchons de la sortie. C'est évident lorsque qu'un souffle de vent du large vient gifler nos visages au détour du couloir en angle droit. Là-bas, une lueur ovale. << C'est génial ! >> s'exclame Aude-Élie en saisissant ma main quelques instants une nouvelle fois. Nous arrivons sur une espèce de terrasse naturelle. À une trentaine de mètres au-dessus de la plage déserte et inaccessible. Impossible d'y descendre sans un équipement de grimpe. Là-bas, le groupe d'îles. Les bâtiments abandonnés d'un ancien hôpital. << Demain, on prend une barque et on va visiter cet île et ses bâtiments. Ça te dit ? >> me fait Aude-Élie en buvant une gorgée d'eau. Je trouve cette suggestion formidable. Réjouissante. Elle pourrait m'emmener sur la lune. J'irais avec elle...

Nous restons assis, dos contre la roche, à admirer le paysage qui ne s'offre qu'à nous. Il va être dix sept heures. Nous n'avons pas d'autres choix que de reprendre le même itinéraire pour revenir aux bicyclettes, fermées à cadenas, dissimulées dans les ruines. Nous grignotons les barres de céréales en bavardant. À chaque fois qu'Aude-Élie aborde le sujet de son départ pour l'Espagne, je change de conversation. Elle n'est évidemment pas dupe. Mais comprenant sans doute mon ressenti, elle n'insiste pas. Elle précise toutefois : << Je remonte en aout, une semaine. Si tu traînes vers Douarnenez on peut se faire des "urbex". Ces paroles exercent sur ma psyché un soulagement extraordinaire. Je n'en montre rien. Aude-Élie est une femme. Rien ne lui échappe. Je ne suis pas bon comédien. Elle me "sait" déjà.

Il va falloir songer à repartir. C'est regrettable de devoir quitter cet endroit magnifique. Comme un balcon privé, réservé aux courageux ayant eu la témérité de venir jusqu'ici. << C'est comme un parcours initiatique ! >> lance Aude-Élie en accélérant le pas. Nous retrouvons le signe marqué dans la pierre. Aude-Élie ramasse le caillou de granit. Elle barre le cercle contenant nos initiales d'une flèche en disant : << Je suis certaine de revenir ici un jour ! >>. Je la regarde. J'ai envie de la prendre dans mes bras. De me jeter à genoux. Crier toutes mes émotions, toute la reconnaissance qu'Aude-Élie m'inspire. Me gratifiant de tant de bonheur à son insu. À son insu ? Je suis empli de tous ces ressentis. C'est un effort de chaque instant de garder tout cela pour moi. De jouer l'indifférent. Quand elle parle, qu'elle tourne la tête pour m'éblouir de sa lampe, elle rit.

Nous avons passé à chaque fois plus d'une heure trente sous terre. Je ne crois pas avoir vécu situations plus magiques que celle-ci. Nous voilà de retour au milieu des ronces. Je m'apprête à ouvrir le cadenas des vélos quand Aude-Élie s'accroupit près de moi pour dire : << Merci pour ces moments. Tu passes tous les tests avec brio ! >>. Elle se redresse immédiatement. Pour éviter ma question, Aude-Élie rajoute : << Je me dégusterais volontiers une bonne glace. Et toi ? >>. Je propose de nous arrêter au bar restaurant en direction du bourg. Il est presque dix neuf heures. Je rajoute : << On mange au restaurant, ça te tente ? Je t'invite ! >>. C'est la toute première fois que je découvre ce réflexe. Comme pour brider l'élan qui l'anime soudain, elle s'éloigne. Fuyant peut-être une tentation.

<< Pipi avant de partir ! >> s'écrie t-elle en tirant son accessoire de plastique bleu de son sac à dos. Elle se place contre le mur de pierres. Son short et sa culotte à mi cuisses. Une nouvelle fois je détourne le regard avec pudeur. << Tu ne dois pas faire pipi toi ? Viens ! On fait des dessins sur le mur ! >> lance t-elle. Je reste pantois, consterné. Est-ce possible ? Je surmonte mon hésitation, mon appréhension pour venir me placer à sa gauche. Je reste totalement subjugué par le dessin qu'elle fait de ses jets. Elle éclate de rire en disant : << Je lui fais un chapeau ! >>. Elle vient de réaliser la silhouette d'un bonhomme. Je tente de l'imiter. << Tu ne lui mets pas un chapeau ? >> s'écrie t-elle. Comme dans le souterrain, nous secouons les dernières gouttes en riant comme des fous.

Il faut rester d'une extrême vigilance sur l'étroite piste cyclable. Il fait encore chaud. La circulation est dense. Quelques kilomètres et nous arrivons sur le parking du bar restaurant. Il y a des tables libres sur la terrasse. Nous investissons celle qui se trouve sous la pergola. La terrasse donne sur la mer. Les îles vues depuis notre "balcon" privé au débouché du souterrain. << Pour demain, on loue une barque. Il y a quoi ? Deux bornes au maximum. On va visiter l'île ! >> fait Aude-Élie en posant sa main sur la mienne une seconde. Nous commandons d'énormes plateaux de fruits de mer. À chacune de ses évocations de l'Espagne, je change de sujet. Ce qui la fait rire. Elle a compris ma petite astuce. Nous traînons longuement. Une énorme coupe glacée. De bons cafés. La fatigue qui commence à se manifester. À nous gagner. Nous baillons en riant. En gémissant. Oubliant les autres clients à proximité.

Le crépuscule qui précède la nuit est un autre enchantement. Assis sur le muret, devant l'entrée du parc à vans, nous profitons de cet exquis dernier moment. Je suis empli de bonheur. C'est une douleur que de ne pouvoir l'exprimer. Même si je suis un piètre comédien, je réussi à cacher mes ressentis. Quand je tourne la tête pour parler, le profil d'Aude-Élie se détache sur les eaux noires de la mer qui est remontée à son plus haut niveau. Comme elle est belle ! Je suis certain que les mêmes tourments, les mêmes pensées hantent l'esprit d'Aude-Élie. Mais elle est bien meilleure comédienne que moi. Nous nous quittons sur ses mots qu'elle prononce en martelant chaque syllabe : << Je t'appelle demain comme ce matin. On organise le "plan" ! >>. J'ai envie de la prendre dans mes bras. << À demain ! >> fait elle en tournant les talons, s'enfuyant, pour me laisser seul avec mes émois. Je rentre à bicyclette. La lampe frontale que m'a prêté Aude-Élie. Une relique. Un objet de culte. Je vais dormir avec...



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La fille au van
Sunday 16 February 2025 09:24

Oncle-Julien
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L'île - Partie 1

Il est huit heures ce jeudi matin. J'ouvre les yeux. Ce mur illuminé par les rayons du soleil me fascine. Je ne peux le quitter des yeux. Jusqu'à ce que l'impérieux besoin naturel ne me laisse d'autres choix que d'aller aux toilettes. J'hésite. Prendre mon petit déjeuner dans ma chambre ? Prendre mon petit déjeuner au restaurant de l'hôtel ? J'opte finalement pour le premier choix. Ce qui me permet de rester en slip. Je téléphone à la réception. Le groom frappe à la porte une quinzaine de minutes plus tard. Il connaît mes largesses et pousse le chariot devant le fauteuil. Je lui tends son billet. Il me remercie. Presque obséquieux dans ses manières. Très efféminé, il me fait un beau sourire avant de refermer la porte derrière lui. Amusé, je savoure un copieux petit déjeuner. Un bon jus d'oranges.

J'enfile mon short de lycra noir. Mon T-shirt de lycra rouge. Mon I-phone fixé au bras, je règle l'application. Rythme cardiaque. Nombre de pas. Distance parcourue. Dans l'ascenseur je pratique mes flexions de buste. À l'arrière de l'établissement je fais mes mouvements d'échauffement. Il y a une jeune femme qui s'échauffe également à une dizaine de mètres. Je l'ai croisé dans l'hôtel à quelques reprises depuis dimanche dernier. Nous échangeons un sourire. Elle démarre la première pour monter du parking souterrain jusqu'à la route. Une fois échauffé, je fais la même chose. Je prends la direction du port. Entre la route et la piste cyclable il y a le large trottoir que je parcours avec plaisir. Tous les matins. Avec ce réflexe de scruter chaque van qui me dépasse. Par association de pensées, Aude-Élie revient habiter mon esprit.

J'évolue à bonnes foulées depuis dix minutes. Au-dessus des quais du port de plaisance à droite, au-dessus des quais du port de pêche à gauche. Il n'est que neuf heures et il y a déjà un monde fou. Pas seulement des touristes mais également des autochtones friands des produits de la mer de toute première fraîcheur. Il faut louvoyer entre les piétons, les joggeurs et les promeneurs. Une jeune fille me dépasse avec un rythme soutenu. Je regarde mieux. Mais, c'est Aude-Élie ! M'a t-elle reconnu ? J'ai envie de l'appeler. J'évite de me faire remarquer ainsi. Je déteste le manque de tact. J'accélère. Je finirai bien par la rejoindre avant la place de la Mairie, là-bas. Mais c'est elle qui se retourne. Sans cesser de courir sur place. Toute contente de la plaisanterie qu'elle vient de me faire. << Bonjour. Vous courrez toujours tout seul monsieur ? >> lance t-elle.

J'arrive à sa hauteur. Je saute également sur place. Je réponds : << Bonjour Mademoiselle. ne sachant comment vous joindre, je ne peux vous inviter à venir courir avec moi ! >>. Nous rions. Je suis fou de joie. Cette rencontre, inespérée, m'emplit d'une intense félicité. Aude-Élie rajoute : << On va régler ça pour demain matin ! >>. Nous nous mettons à courir côte à côte vers la Mairie. La place carrée, entourée de palmiers en pots géants, nous offre un peu d'ombre. Le soleil tape. Autant s'en protéger. << J'ai un bateau pour midi. C'est le fils du patron du parc à vans. Il peut nous emmener sur l'île et nous rechercher en fin d'après-midi ! >> m'apprend Aude-Élie. Nous prenons la direction du musée botanique. La boucle nous ramènera au port. Nous restons silencieux. Consciencieux et concentrés.

En arrivant au port, je propose à Aude-Élie de venir prendre sa douche à l'hôtel. Puis de la reconduire jusqu'au parc à van. << Non, c'est gentil, mais je n'ai pas de fringues de changes. On se voit un peu avant midi ici. On embarque dans le Zodiac gris, là-bas. Tu fais les sandwichs, j'emmène les fruits et la flotte ! >> lance ma complice. Sans attendre ma réponse, elle démarre un sprint pour s'éloigner à toute vitesse. Je la regarde. Ce physique d'athlète me subjugue. Elle n'est pas seulement réactive mais gracieuse dans ses mouvements. Elle disparaît rapidement dans le flot touristique. Je cavale jusqu'à mon hôtel. Ma douche que je fais durer. Les pensées totalement focalisées sur ce nouveau rendez-vous. Décidément, la vie me réserve plein de belles surprises. Je m'habille de mon bermuda kaki, de ma chemisette beige. Baskets.

Je prends l'ascenseur. Il y a une supérette à une centaine de mètres. J'achète deux belles baguettes de pain complet bio aux graines. Il y a un rayon de produits diététiques. Je choisis les boîtes de pâté végétal. Des filets de saumon fumé sous vide. Une grosse bouteille de jus de mangue. Des barres de céréales et des brugnons. Un beau melon. Je retourne à l'hôtel pour préparer les sandwichs. Emballés dans des feuilles d'aluminium. Le tout dans mon petit sac à dos, plein à craquer. Il y a encore la lampe frontale que je dois rendre à Aude-Élie. Je redescends. Dans l'ascenseur, la jeune fille du jogging. Nous échangeons quelques mots. Elle est d'une élégance folle. Me raconte être venue passer la semaine dans sa famille. Nous nous saluons. Mon sac sur le dos, je prends la direction du port. Il va être midi.

Aude-Élie est là. Assise sur le muret. Elle bavarde avec un jeune homme. J'hésite. Elle tourne la tête, me voit, me fait signe de les rejoindre. Aude-Élie fait les présentations : << Je te présente. C'est Maël. C'est lui qui nous emmène sur l'île ! >>. Nous nous serrons la main. C'est un gaillard athlétique, genre baroudeur. Il nous invite à le suivre. Nous descendons les marches pour prendre place dans le Zodiac. Maël tire le câble. Le gros moteur Yamaha se met à ronronner. Un bruit sourd et régulier. C'est parti. Aude-Élie reste assise à ma droite. Presque contre moi. Je suis habité d'une douce sérénité. Il y a environ deux kilomètres de mer calme. Nous arrivons dans une crique. Un quai sur la droite. Maël est un garçon mutique. << Je viens vous récupérer pour 18 h30. Ça marche ? >> demande le jeune homme.

Il ralentit pour se positionner près de l'escalier dont les marches sortent de l'eau pour monter sur le quai. Nous récupérons nos affaires. Aude-Élie porte également son sac à dos. Nous saluons Maël qui prend le sens du retour. Là-bas, au loin, la ville, le port, mon hôtel et le bleu du ciel qui se reflète dans les eaux turquoise d'un calme absolu. Aude-Élie m'entraîne par la main. Juste un instant avant de la lâcher. << On commence par la colline. Comme ça on a une vue d'ensemble ! >> lance t-elle en me précédent d'un pas énergique. Aude-Élie porte un de ses shorts larges qu'elle semble affectionner. Celui d'aujourd'hui est kaki comme mon bermuda. Un T-shirt beige. Des baskets. Je marche derrière elle le long du sentier qui monte en pente douce. Nous arrivons rapidement au sommet. À peine 60 m au-dessus de la mer.

De là nous avons une vue d'ensemble sur cette île qui doit mesurer trois cent mètres sur deux cent mètres. Derrière nous le large. En contrebas, les bâtiments en "L" de l'ancien hôpital abandonné. << J'aime l'urbex. Mais je ne fais jamais toute seule. Tu es prêt pour une nouvelle aventure ? >> me demande ma compagne d'exploration. J'ai envie de lui dire que j'irais sur la lune à vélo avec elle si elle me le demandait. Mais je me contente de préciser : << Oh oui ! Moi non plus je ne m'aventure pas seul dans l'inconnu ! >>. Nous déballons les victuailles. Aude-Élie découvre le jus de mangue. Pas encore chaud. << Mmhh, c'est miam ! >> s'exclame t-elle en me tendant la bouteille. Nous commençons par le melon que je coupe en deux. Aude-Élie retire les pépins en me racontant son après jogging. L'ambiance qui règne au parc à vans.

Nous savourons ce repas simple. Les sandwichs sont parfaits. Aude-Élie place son sac à dos derrière elle. Elle s'allonge, pose sa tête dessus. Je reste assis à admirer le paysage qui nous entoure. Nous restons silencieux. Le cri strident des mouettes, le bruit des branches qui remuent sous la légère brise du large. << Tu as quelqu'un dans ta vie ? >> me demande soudain la jeune fille. Je lui ai déjà raconté les principales étapes de mon existence lors de nos repas aux restaurants. Cette question pertinente exige une réponse qui le soit tout autant. Je réponds : << Non ! >>. Un silence. Je rajoute : << Depuis trois jours j'ai une amie d'aventures par exemple ! >>. Aude-Élie se redresse pour demander : << Est-ce la partenaire idéale pour les découvertes insolites ? >>. Je reste un instant hésitant.

Je cache tout ressenti. J'ai envie de crier, d'avouer à quel point je suis heureux ! C'est pénible de devoir jouer un personnage. Tout au fond de moi, je sais bien que je suis démasqué. Mais elle joue la comédie bien mieux que moi. Ce sentiment probablement commun, unit encore davantage cette complicité grandissante. En se recouchant sur le dos, Aude-Élie rajoute : << Moi, je suis bien avec toi ! >>. Ces mots résonnent en moi comme les notes d'un orgue dans une cathédrale. Je dois cacher mes émotions. Garder la tête tournée vers l'horizon afin qu'Aude-Élie ne puisse pas lire sur mon visage. L'endroit, la situation, autant d'enchantements qui me donnent le vertige. Comme pour couper court à cette séquence d'aveux, Aude-Élie se redresse. << On s'arrache ? On va voir comment c'est là dedans ! >> lance t-elle.

Une fois encore, ma complice saisit mon poignet quelques instants. M'entraînant dans la sente descendante. Les deux bâtiments sont en bon état. Malgré leur insularité ils sont couverts de tags et de graffitis. Certainement que l'endroit sert de lieu de fête pour quelques initiés de la ville. Il est tellement simple de venir en bateau jusque là. Tous les carreaux sont intactes. Les deux battants de la grande porte voutée sont ouverts. La lumière entre à plein dans le couloir que nous suivons. Il y a de vieux lits en fer renversés. Des matelas éventrés. Sur la gauche les fenêtres qui donnent sur l'extérieur. Sur la droite des portes. Sans doute les chambres des patients. C'est avec de multiples précautions qu'Aude-Élie ouvre la première porte. C'est une chambre à l'allure monastique. Juste une table en fer.

Les volets sont tirés. Il règne dans chacune des chambres une obscurité inquiétante. C'est un chat qui détale à toute vitesse. Comment est-il arrivé sur cette île ? Nous arrivons dans la partie administrative. Des bureaux, des chaises, des armoires en métal aux portes défoncées qui dégorgent leurs classeurs, leurs feuilles et leurs documents. Aude-Élie se penche pour ramasser un cahier. << 1 janvier 1953 ! >> lance t-elle. Je m'approche pour regarder. Aude-Élie se serre contre moi pour tourner les pages. Ces instants se gravent en moi comme un tatouage dans l'âme. Je ne regarde plus les pages mais les doigts qui les tournent. Nous quittons le premier bâtiment pour entrer dans le second. Certainement les salles de soins, d'opérations. L'endroit respire une ambiance morbide. Une odeur méphitique.

Nous explorons les différentes salles. Certaines sont plongées dans une obscurité angoissante. Soudain, là, derrière nous, quelque chose tombe sur le carrelage défoncé du sol. Nous sursautons. Aude-Élie allume la lampe frontale. Elle saisit ma main pour la tenir fermement. Je n'ai plus peur. Comme c'est bon ! Un second bruit. Cette fois comme un grincement. Nous nous retournons. Un objet tombe d'une des étagères d'une armoire en métal gris. << C'est quoi ? >> lance ma compagne d'aventures. C'est une petite boîte. Mais est-ce bien cette petite boîte qui vient de tomber ? Nous percevons très clairement un soupir. Il y a quelqu'un caché là. << Peut-être un squatteur ! >> suppose Aude-Élie qui éclaire tous les recoins. Mais il n'y a personne. Strictement personne avec nous dans cette salle.

Aude-Élie garde sa main dans la mienne. La panique commence à nous gagner. Je sens battre le cœur d'Aude-Élie dans sa poigne. Il en va certainement de même pour elle aussi. À peine sommes-nous sortis de la salle que la porte claque violemment derrière nous. Il n'y a pourtant aucun courant d'air. Nous nous regardons. << Tu entends ? >> chuchote Aude-Élie en approchant son oreille de la porte. J'écoute. Nous retenons nos respirations. << Il y a quelqu'un ou quelque chose ici ! On se casse ! >> murmure ma comparse. Accélérant le pas, nous tenant par les mains, nous retournons dans le premier bâtiment. Presque en courant nous longeons le couloir jusqu'à la porte. Une fois à l'extérieur, en plein soleil, toute peur nous quitte. << Il y a des fantômes dans ces vieux hôpitaux. L'endroit évoque la souffrance ! Tu as perçu ? >> s'exclame Aude-Élie.

Nous nous asseyons sur un des vieux bancs en pierre entourant une cour carré. Une fontaine sans eau trône au milieu. Aude-Élie est assise près de moi. Elle a lâché ma main. << C'est excitant après coup ! Tu ne trouves pas ? >> me demande t-elle. Je ne sais quoi répondre. Elle a sans doute raison. Je ne sais comment exprimer mes impressions. Les mots de ma complice sont les plus justes. Il n'est que seize heures. Nous avons encore deux heures trente à rester sur cette île. Nous grignotons un brugnon, une barre de céréale. << Viens, on fait le tour de l'îlot ! >> propose Aude-Élie. J'aime quand par réflexe elle saisit ma main. Juste quelques instants. Nous quittons l'enceinte du vieil hôpital. C'est un sentier qui longe le littoral. Il faut parfois se pencher pour passer sous les branchages.

Aude-Élie se retourne soudain. Elle reste immobile. Hésitante avant de dire : << Robinson échangerait Vendredi Maigre contre Mardi gras ! >>. Elle s'amuse en découvrant mon expression. Je ne sais comment interpréter ces paroles. Est-ce une référence à l'œuvre de Daniel Defoe ? Est-ce une allusion autre, qui m'échappe ? << Que peut-on bien faire sur une île déserte pendant des dizaines d'années ? >> rajoute encore la jeune fille. En se tournant pour reprendre sa marche, elle conclue : << J'ai bien une idée ! >>. Cette fois, je crois comprendre. Je ne suis pas le genre d'homme à céder à ses pulsions. Je ne montre rien de mon trouble. Je sais qu'Aude-Élie pratique une série de tests sur ma personne. Elle me l'a précisé à quelques reprises. Elle s'arrête une nouvelle fois, se retourne, prend mes mains.

Mon sang ne fait qu'un tour. Mais quel tour ! Je n'en mène par large. J'avais moins peur dans le bâtiment hanté. Devinant mes pensées Aude-Élie chuchote << Je suis doublement bien avec toi. Tu es rassurant. Tu es de compagnie agréable ! >>. Je ne dis rien. Je sais que si j'ouvre la bouche ce sera pour libérer une bêtise. Aude-Élie m'interroge du regard. Ce regard qui plonge tout au fond de moi. La moue que fait sa bouche. Ses lèvres si finement dessinées. Contrairement à moi, elle n'a pas peur. Comme pour me forcer à dire quelques chose, ma compagne d'aventure me demande : << Tu t'ennuies avec moi, hein, c'est ça ? >>. Je pose mes mains sur ses épaules. Je m'apprête à hurler ce qui me bouffe de l'intérieur. Aude-Élie pose sa main sur ma bouche. Elle m'empêche ainsi de parler.

Elle s'écrie : << Si c'est pour lâcher une énormité ou une connerie tu ne dis rien ! >>. C'est une femme. Elles savent toujours ce qui se passe en nous. Je me sens comme un gamin. Perdu. Il me faut sortir de cette prostration mentale. C'est moi qui ai l'initiative de prendre sa main. C'est moi qui dit : << Viens ! >>. Je ne sais pas où je l'emmène. Il y a là un puisard de pierres. Bâtit sur un socle de dalles. Je m'assois le premier. Je récupère la bouteille dans le sac à dos. Aude-Élie s'installe en tailleur, devant moi. Elle me fixe. Son air amusé. Les mimiques de sa bouche. Son visage encadré de ses cheveux noirs qu'elle vient de défaire. Comme c'est difficile de devoir se contenir. De devoir jouer un rôle. De ne pas laisser ses élans se répandre. En est-il de même pour ma complice ? Impossible de le deviner...



Mes textes paraissent toujours d'abord sur mon Blog, dont les droits sont réservés, avant d'êtres publiés en ligne
Merci aux lecteurs pour leurs considérations qui me touchent
La fille au van
Sunday 23 February 2025 09:45

Oncle-Julien
Homme, 53 ans, France
- Épisode 8 - Chapitre 1 - Tous droits réservés - © - 2025 -



Quand une île déserte devient un paradis

Nous sommes à l'ombre de grand acacias. Il y a probablement longtemps qu'aucune eau n'a plus empli le réservoir du puisard. Jadis, les lavandières de l'hôpital venaient ici, au lavoir. Aujourd'hui, les pierres sont mangées par une végétation exubérante. Assis en tailleur, l'un en face de l'autre, nous savourons quelques fruits. Nous évoquons l'étrangeté des évènements vécus dans ces bâtiments abandonnées. C'est certain, il n'y a aucun autre être humain sur cet îlot. Juste Aude-Élie et moi. Aude-Élie qui me propose une nouvelle découverte demain. Un endroit en forêt, à une heure de marche de la chapelle. La rivière y tombe en chute et permet de se baigner à l'ombre dans un bassin naturel. Je veux absolument découvrir cet endroit. Il est décidé de nous y rendre à bicyclettes. Dès la fin de la matinée.

<< Tu sais que demain matin on fait notre running ensemble ? >> me fait soudain ma compagne d'aventures. J'ouvre de grands yeux. Je demande : << On se fixe un rendez-vous au port ? >>. Aude-Élie, buvant une grande gorgée d'eau me fixe d'un air espiègle. J'adore cette expression. Ces yeux presque noirs restent insistants. Je dois faire un effort pour soutenir ce regard inquisiteur. Un petit moment de silence. Elle demande : << Tu dors bien dans ton grand lit ? Il est tranquille ton hôtel ? >>. Un peu étonné par ces interrogations, je réponds par une question : << Oui ! Pourquoi ? >>. Aude-Élie pose le mouchoir en papier avec lequel elle vient de s'essuyer les mains. Elle saisit les miennes, me sourit, avant de dire : << Parce que cette nuit tu ne vas pas dormir tranquille ! Je dors avec toi ! >>

Je lève les yeux. Je la regarde. Comment surmonter le flot de joie qui me submerge soudain ? Un véritable tsunami. Je ne sais quoi dire. Aude-Élie rompt le long silence qui s'en suit : << Problème ? Je dérange ? Tu préfères dormir seul ? >>. C'est un rire nerveux qui secoue ma carcasse. Je m'entends prononcer : << Non ! Comment pourrais-tu me déranger ? Le lit est immense ! >>. Je me sens stupide. Aude-Élie lâche mes mains pour ouvrir un brugnon et en retirer le noyau. << Tiens ! >> fait elle en me le tendant. Elle rajoute : << Tu ne m'as toujours pas répondu. Je répète, cette nuit je viens dormir à l'hôtel ! >>. Je saisis son poignet. Ses doigts sont mouillés du jus du fruit. Je porte ses doigts à ma bouche. Je suce chacun d'eux. Aude-Élie m'observe, d'abord étonnée puis amusée.

Je dis : << Je te ferai de la place dans ce grand lit ! >>. Aude-Élie me tend son autre main. Je comprends immédiatement. Je suce les doigts de cette main là également. << C'est très sensuel ce que tu fais là ! >> lance ma complice. L'expression de son visage m'enchante. Elle chuchote : << Je vais me mettre du jus de brugnon partout, moi ! >> comme en se parlant à elle-même. J'ai les mains posées sur mes genoux. La paume vers le ciel d'azur. D'un mouvement lent, parfaitement contrôlé, Aude-Élie pose ses doigts sur les miens. Nous nous observons. Nous nous scrutons. Chacun imaginant l'autre dans la nouvelle dimension qui vient de s'ouvrir à nos sens. Devant mon silence, devant la timidité étonnante qui me bouleverse, Aude-Élie me dit : << Parfois j'ai envie de me blottir dans tes bras. Parfois j'ai envie de t'embrasser ! >>. Toutes ces révélations me pétrissent d'émotions. Je réponds : << Tu exprimes tout ce que je ressens moi aussi ! >>

En même temps, nous déplions nos jambes. Aude-Élie d'un mouvement se rapproche. Je fais de même. Elle se penche. Pour me donner la contenance nécessaire, j'imite chacune de ses initiatives. Nos bouches ne sont plus qu'à quelques centimètres. C'est probablement ce même réflexe qui bloque. C'est probablement la même pensée qui en est à l'origine. Une soudaine sécurité semble nous envahir en même temps. Nous sommes tous deux des cérébraux. C'est une évidence dont nous sommes conscients. Depuis le premier après-midi dans les dunes, j'en étais convaincu. Nos lèvres se posent l'une sur l'autre. Un même frisson agitent nos corps. Ce qui nous fait rire. Nos doigts se croisent. La position n'est pas très confortable. Mes pieds de chaque côté d'Aude-Élie, les siens dans la même configuration.

Mon aventurière se tourne la première. Elle s'allonge, sa tête sur mes cuisses. << Je suis tellement bien avec toi ! >> murmure t-elle. Je passe l'extrémité de mes doigts sur ses sourcils noirs. Elle me scrute. Ce doute légitime qui nous envahit toujours au début d'une nouvelle phase de relation, que je devine dans son regard. Je chuchote à mon tour : << Moi aussi, je suis bien avec toi. Tu n'imagines pas ! >>. Aude-Élie ferme les yeux, prends mes mains pour les poser sur son cœur. Je respecte le long silence qui s'en suit. J'ai envie de hurler mon bonheur. La jeune fille ouvre soudain les yeux pour lancer : << Il ne faut pas qu'on s'attache. Il ne faut pas qu'on se fasse mal ! >>. Je ne sais quoi dire. Elle rajoute : << On va jouer avec le feu. On va se brûler ! >>. Je réponds : << Bon, je rentre à la nage ! >>

<< T'es fou, je nage avec toi alors ! >> s'écrie t-elle en changeant de position. Nos deux petits sacs à dos lui servent d'oreillers, Aude-Élie me reprend les mains pour m'attirer. En appui sur mes bras, pour ne pas peser de tout mon poids, je reste au-dessus d'elle. Je me penche pour poser mes lèvres sur les siennes. Nos langues ne se sont pas encore touchées. Mais la mienne est la première à lécher ses lèvres. J'ouvre les yeux. Aude-Élie me fixe. Je me redresse. Elle s'accroche à mon cou. Passe ses jambes autour de ma taille en murmurant : << Ne pars pas ! Tu n'as plus le droit de t'éloigner ! >>. Je suis à quatre pattes, ma complice accrochée à moi. Je penche ma tête. Cette fois nos bouches s'ouvrent en même temps. Heureusement que cette position assure ma parfaite stabilité. Le parfait équilibre.

Ce qui se passe me donne l'impression d'échapper à la réalité. J'en ai des vertiges. D'abord sur les mains, je me mets sur les coudes. J'allonge mes jambes entre celles d'Aude-Élie. Au travers le fin coton de nos vêtements, nos sexes. Ils se touchent. Je prends subitement conscience d'être en érection. Mon esprit rejoint enfin mon corps. Il en va probablement de même pour ma compagne d'aventures. Je passe ma joue contre celle d'Aude-Élie. Du bout de mes lèvres je passe dans son cou, sous son oreille. Je murmure : << Comme c'est bon avec toi ! >>. Dans un gémissement, elle se love sous moi. << Attends ! >> dit elle en se contorsionnant. Je me soulève pour lui permettre de retirer son short, sa culotte qu'elle jette n'importe où en riant. J'enlève mon bermuda qu'elle m'arrache.

Mes vêtements, lancés avec joie, vont rejoindre ceux d'Aude-Élie. Il y a toujours la toute première révélation qui se définit clairement dans ce premier véritable contact. Nos peaux s'aiment immédiatement. Le contact est d'un naturel confondant. Cela ne laisse aucun doute. Aucune contre indication. L'osmose est totale. Ma complice bouge doucement. Je l'imite. Nos sexes font connaissance. Je reste à l'entrée de cette grotte mystérieuse. Mon sexe n'est plus que le prolongement de mon être, de mon âme. Doucement, avec d'infinies précautions, je pénètre la fille. Ses bras autour de mon cou. Dans un soupir, elle se détend complètement.
Elle se mordille la lèvre inférieur. Sa tête renversée en arrière. Ma bouche dans sa nuque. Je hume son odeur de fille. Je m'enivre de tout son être. Elle gémit.

Je reste immobile. Tous les deux, dans une symbiose totale, nous restons sans bouger. Je murmure : << Comme c'est bon avec toi ! >>. Elle mordille le lobe de mon oreille. Par petites contractions des muscles fessiers, je fais bouger mon sexe. Elle le sent. D'un mouvement lent son bassin cherche l'angle le meilleur pour profiter pleinement de cette caresse supplémentaire et si intime. << C'est bon ce que tu me fais ! >> chuchote t-elle, se relâchant encore davantage. Je reprends appui sur mes bras. J'imprime un léger mouvement de va et viens. Nous nous mettons à nous bercer. Je dois me raisonner. Je suis à faire l'amour avec cette jeune fille. Cette personnalité si particulière. Cette complice avec qui nous vivons des évènements magiques depuis trois jours. Nous nous aimons à l'ombre d'un épais feuillage. La légère brise du large apporte juste ce qu'il faut de fraîcheur. Notre berceuse s'interrompt pour reprendre. Nous nous regardons.

Lorsque Aude-Élie me fixe de ce regard perçant, comme pour fouiller au plus profond de mon être, je me retire doucement. << Qu'est-ce que tu fais ! Reste ! >> s'exclame t-elle soudain surprise. Je me mets à quatre pattes. Je descends mes lèvres sur son sexe. Elle se cambre. Je pose immédiatement ma bouche sur son "bouton". Du bout de ma langue j'offre la plus divine des caresses à son intimité. Aude-Élie me caresse la tête, cherche un point d'appui, trouve mes oreilles qu'elle saisit. Je me laisse guider. Elle se laisse choir dans le plus profond relâchement. Je comprends ce réflexe. Peut-être légèrement gênée par cet élan buccale, elle cherche à me repousser. Je l'en empêche en restant telle une ventouse. Je suce, je lèche en accordant mes gémissements sur ceux de la fille au van. Harmonie symphonique.

Je sais que pour emmener au plaisir, le cunnilingus est l'autoroute idéale. J'adore les frissons qui animent l'intérieur de ses cuisses, contre mes joues, quand elle resserre ses jambes. Une seconde tentative. Ma complice tente de me faire cesser. Je comprends. Je m'arrête. Je reviens m'immiscer en elle. Aude-Élie caresse ma tête, mon cou, ma nuque, mon dos en gémissant. Je crois même percevoir d'inintelligibles suites de mots à mon oreille. Nous nous berçons à nouveau. Quand nous nous arrêtons, entre les contacts de nos lèvres, de nos bouches, de nos langues qui font l'amour elles aussi, nous nous observons. C'est merveilleux d'échanger des sourires. Pas la peine de parler. Nos corps communiquent bien mieux que des mots. Des papillons blancs virevoltent autour de nous. Nous nous embrassons. C'est comme dans une romance à deux balles. Et pourtant si unique...

Dans l'enchantement paradisiaque que nous vivons, la notion d'espace temps est aussi relative que la pensée d'Einstein. Je me retire une nouvelle fois. J'embrasse les seins d'Aude-Élie. Je passe ma langue autour des extrémités turgescentes. Je redescends. Elle a le même réflexe quand je pose mes lèvres sur son clitoris. Le plaisir est immense. Dans un râle elle se cambre. Dans un dernier effort pour tenter de m'en empêcher mon aventurière se relâche complètement. Je prends mon temps. Les crampes qui menacent ma mâchoire restent mon seul lien avec la réalité. Aude-Élie saisit mes mains posées sur son ventre. Nous croisons nos doigts. Tout son corps se rigidifie soudain. Comme un arc tendu à l'extrême. Dans de petits cris d'animal blessé, la jeune fille est entraînée dans une cascade de plaisirs. Je me régale des épanchements de cyprine. Je guettais cette éjaculation qui envahit ma bouche de cette saveur indéfinissable. Dans l'abondance. Je vacille, pris de vertiges.

Je viens m'allonger à côté de ma comparse. Dans de profonds soupirs, elle reprend rapidement ses esprits. << Mais tu vas me rendre folle ! >> dit elle en se serrant dans mes bras. << Et toi ? >> me demande t-elle, me sortant subitement de la torpeur qui me gagne. Je la rassure. Je n'éprouve pas forcément le besoin d'aller jusqu'au terme. Je précise : << De faire l'amour, pour moi, est un orgasme permanent tout le temps que ça dure ! >>. Aude-Élie saisit mon sexe. Plus d'érection. << Tu fonctionnes toujours comme ça ? >> demande t-elle. Je confirme en précisant : << Je suis un cérébrale ! >>. Mon aventurière sort son smartphone du sac : << Oh put-hein, il est dix huit heures quinze ! >>. Nous nous levons d'un bond. << On a notre bateau dans un quart d'heure ! >> s'exclame ma comparse.

Nous nous habillons. Il faut secouer le slip et la culotte pour en faire tomber d'éventuels insectes. Nous rions en mettant nos sac sur le dos. Nous arrivons à l'embarcadère au moment où le Zodiac arrive. Maël en saute en nous demandant : << Vous avez fait des découvertes ? >>. Sur les deux kilomètres de mer qui nous séparent du port nous racontons nos frayeurs en explorant les bâtiments abandonnés. Assise contre moi, Aude-Élie me caresse parfois la main. Nous quittons Maël et son embarcation en le remerciant. Nous flânons en nous tenant par la main. Ces réflexes amoureux qui nous assaillent. Des bisous en regardant une vitrine. Ma complice qui me prend contre elle en murmurant toujours la même phrase : << Il ne faut pas qu'on s'attache ! >>. Je m'éloigne et fais mine de m'enfuir.

<< Non ! Me laisse pas ! >> s'écrie t-elle alors en sautant à mon cou. Je réponds à chaque fois : << On ne s'attache pas ! >>. Je propose de partager le repas du soir au restaurant de mon hôtel. C'est un établissement étoilé au guide Michelin. Nous lisons les menus affichés devant l'entrée. << Je n'ai aucun vêtements de change ! >> lance la jeune fille. Je propose de prendre la voiture et d'aller récupérer des affaires au parc à van. << Non, on réserve la table et j'y vais avec ton vélo. C'est à deux bornes ! >> s'exclame ma compagne d'aventures. Nous réservons une table. << Prête-moi ton vélo. J'y vais. Je suis de retour dans une demi heure ! >> relance t-elle. La bicyclette appartient à un employé de l'hôtel. Je prends la responsabilité de l'emprunter puisque j'en ai l'autorisation. Une bise.

Je monte me changer. Un bermuda propre. Un T-shirt propre. Je redescends par l'ascenseur. Je m'installe à la table. Je lis la carte des desserts. Aude-Élie revient. Elle traverse la grande salle comme si c'était sa propriété privée. Son port de tête altier, cette noblesse naturelle qui émane de sa personne. Comme elle est belle dans son bermuda gris, son T-shirt blanc. Elle est radieuse. Cette jeune fille fait partie de ces êtres lumineux, qui vous éclairent, qui vous grandissent. Elle s'assoit en face de moi en me racontant sa rapide expédition. C'est devant de beaux plateaux de fruits de mer que nous évoquons notre aventure sur l'île. Demain nous irons à la rivière à bicyclettes. Il suffira de repasser d'abord au parc à van afin qu'Aude-Élie récupère la sienne. Nous passons une soirée reposante.

Nous traînons à table. Par la grande baie vitrée nous avons vue sur le port, la route et la mer. Nous ne parlons pas de ce qui s'est passé. Comme par pudeur. Soudain sérieuse, s'installant devant moi, saisissant mes mains, la fille au van me dit : << Ça va être difficile dimanche. Je reprends la route en début d'après-midi. Tu vas faire quoi toi, en rentrant ? >>. Je suis un peu décontenancé. Je n'en ai pas la moindre idée. << On se voit dans trois semaines. Je monte sur Banyuls début aout. Pas encore sûre. Quelques jours. Tu y seras ? >> rajoute t-elle. Je la rassure. J'y serai déjà deux jours avant. Je conclue : << Tu m'emmènes avec toi en Andalousie ! >>. Aude-Élie serre fortement mes mains en répétant : << Il ne faut pas qu'on s'attache ! >>. Je me lève en disant : << Bon, alors adieu ! >>. Elle bondit de sa chaise. << À chaque fois je crois que tu es sérieux ! >> lance t-elle en m'entourant de ses bras. Nous rions.

Nous montons par l'ascenseur. Sur les cinq étages, nos mentons ont le temps de se tremper de nos salives. Nous nous embrassons avec tant de passion. Tant de fougue. C'est étrange d'avoir une compagnie féminine dans ma suite. << On fait tout ensemble jusqu'à dimanche ! >> s'écrie la jeune fille en m'entraînant dans la salle de bain. La douche. Je la savonne entièrement alors que nous rions aux éclats. Sa langue fouille ma bouche. La mienne fouille la sienne. << C'est bon ce que tu m'as fait sur l'île ! >> dit elle avant de s'enfuir enveloppée dans une grande serviette. Je la rejoins sur le balcon. Il fait nuit. L'ambiance ne cesse pas sur le port, sur la route. Nous admirons le paysage. Aude-Élie reste contre moi, ses bras autour de ma taille. Elle m'entraîne par la main. Me fait tomber sur le lit aux draps tirés. Je m'allonge.

Couchée à ma droite, mon aventurière me raconte les préparatifs de son départ. J'écoute. C'est intéressant. Les stratégies féminines sont captivantes. Elle s'allonge sur le dos en baillant. Nous rions. Je me mets à quatre pattes. Je pose mes lèvres sur ses seins, son nombril. Je le fouille du bout de ma langue. Je descends sur sa toison pubienne, jusqu'à son "bouton" de plaisir. << Tu vas me rendre folle ! >> s'écrie t-elle dans un dernier effort pour se soustraire à mon étreinte. Enfin, pas vraiment. Car à sa manière de s'installer, c'est pour m'offrir ses mystères une nouvelle fois. Je suce, je lèche, je m'enivre. D'entendre ses gémissements, de sentir les mouvements de son bassin, m'emplit d'un bonheur sans nom. Elle veut me repousser. Enfin, pas vraiment. Son orgasme la fait hurler. Je viens me placer à sa gauche. Elle se tourne pour se blottir dans mes bras. Sa respiration change. C'est merveilleux. Aude-Élie vient de s'endormir. Je me sens responsable de sa nuit...



Mes récits paraissent toujours d'abord sur mon Blog dont les droits sont réservés avant d'êtres publiés
Re: La fille au van
Wednesday 26 February 2025 11:47

Cordouan
Couple, 50 ans, Guadeloupe
Haaaa ! la suite ...vite !!! Rougir
La fille au van
Sunday 2 March 2025 20:27

Oncle-Julien
Homme, 53 ans, France
- Épisode 9 - Chapitre 1 - Tous droits réservés - © - 2025 -



La rivière

J'ouvre les yeux. Mon horloge biologique fonctionne. Il est aux environs de huit heures. Aude-Élie dort encore à poings fermés. Là, toute proche, la fille au van. C'est à la fois insolite, surréaliste et terriblement émouvant. Couchée sur le dos. Le tête sur l'oreiller, j'entends sa respiration régulière. Je ne bouge pas. J'ai été le chevalier de sa nuit, je serai le serviteur de son réveil. Très certainement son sixième sens. La jeune fille plisse ses paupières avant d'ouvrir les yeux. Le réflexe de se tourner pour venir se lover contre moi. Je suis submergé d'émotion. << J'ai bien dormi ! >> murmure t-elle en passant une cuisse sous mes fesses, l'autre sur ma tumescence. Elle se frotte doucement contre ma hanche en chuchotant : << J'aime les endroits sensuels où tu m'emmènes. Je vais y perdre la raison ! >>

L'idée de faire monter le petit déjeuner dans la chambre est la bonne. Je téléphone à la réception pendant qu'Aude-Élie est aux toilettes. Je l'entends chantonner à la salle de bain. Nous voilà en tenues de running. Trois coups contre la porte. Le groom pousse le chariot. Dessus, le jus d'oranges, des kiwis, des tranches de pain grillé. Beurre, miel, confiture. Aude-Élie, assise en face de moi, nous prenons le petit déjeuner en revenant sur nos aventures de ces derniers jours. << On s'est vu lundi. On s'est revus mardi, et tous les jours jusqu'à aujourd'hui samedi. C'est étrange ce que réserve la fatalité ! >> lance Aude-Élie en venant terminer sa tartine au miel assise sur mes cuisses. J'écoute beaucoup plus que je ne parle. Je n'arrive même pas à appréhender tout ce qui arrive depuis cinq jours. De toute façon, cela m'échappe complètement.

Nous traînons un peu à table. J'ai les lèvres sucrées et collantes à cause des bises qu'y dépose ma complice. J'apprécie sa présence, sa personnalité et son humeur égale. Pas une fille à se prendre la tête. Dynamique et décidée elle est motivante. On a envie d'aller au bout du monde avec elle. Une force, une puissance émanent de sa personne. Mais également la sincérité et l'honnêteté. Je la devine autoritaire. Femme Alpha. La température extérieure est déjà de 28° alors qu'il est à peine neuf heures. En sortant de la suite, nous poussons le chariot pour le laisser dans le couloir. Dans l'ascenseur, Aude-Élie passe ses main sur ma poitrine, mes abdominaux pour les poser sur mes fesses. << Tu es sexy toi dans ton petit short et ton T-shirt. Tu vas à la "gay-pride" ? >>. Sa bouche se pose sur la mienne.

Quand l'ascenseur arrive dans le hall, c'est un couple de séniors qui nous surprend à nous embrasser. Enlacés. Nos mentons trempés de nos salives, conséquences de nos baisers passionnés. La jeune femme de l'accueil me jette un étrange regard. Quelques mouvements d'échauffement derrière l'hôtel. À l'ombre. Nous courons à droite de la piste cyclable, jusqu'au port. Aude-Élie impulse un rythme soutenu. Souvent derrière sa silhouette athlétique, j'admire sa foulée, sa façon gracieuse de mouvoir son corps dans l'espace. Puis c'est elle qui passe à l'arrière. Plus rarement nous pouvons courir côte à côte. Retour à l'hôtel pour dix heures. Mon athlète m'entraîne sous la douche. Nous la prenons ensemble en riant. En faisant les clowns. J'ai la soudaine impression de connaître la fille au van depuis toujours.

Alors que je la rince, Aude-Élie se retourne soudain. Avec un air grave, elle me dit : << Tu sais pourquoi on fait les pitres ? C'est parce qu'on a peur. C'est pour nous donner de la contenance. Il ne faut surtout pas qu'on s'attache ! >>. À ces mots, je sors de la douche en faisant : << Bon, adieu alors ! >>. Toute mouillée, comme moi, elle se précipite pour me rattraper et me ramener sous l'eau. Nous nous essuyons. La jeune fille porte une jupette beige. Un T-shirt blanc. Je porte un short beige, un T-shirt blanc. Devant le grand miroir de l'armoire, nous prenons des pauses ridicules en nous amusant comme des fous. Accroupie, ses bras autour de ma jambe, sa tête contre ma hanche, Aude-Élie écarte ses cuisses. J'ai une décharge électrique qui parcourt mon dos, secouant ma carcasse.

Son regard suggestif, par en-dessous, espiègle et mutine, elle me fixe dans le reflet du miroir. << Je suis bien avec toi ! >> dit elle. Je m'accroupis. Je fais : << Moi aussi je suis bien avec toi. Mais il ne faut pas qu'on s'attache ! >>. Nous éclatons de rire. Nous relevant en même temps, nous préparons le contenu de nos petits sacs à dos. Les maillots de bain. Aude-Élie veut me faire découvrir un endroit particulier. À quelques kilomètres à l'intérieur des terres. Il faut aller jusqu'à la chapelle puis continuer en longeant la forêt. Mais cette fois nous prendrons la voiture pour gagner une demi heure jusqu'aux dunes. La circulation est dense. Nous voulions gagner du temps alors que nous en perdons dans les embouteillages. Je gare l'auto sur le parking de la plage. Enfin. C'est noir de monde. Partout.

Nos sacs sur le dos, nous traversons la route pour nous engager dans les dunes. Arrivés au sommet de la cote, nous prenons la direction de la chapelle. Parfois Aude-Élie prend ma main. Pour ponctuer une affirmation. Pour me faire part d'une idée soudaine. Moi, je suis bien trop heureux. Je me laisse emmener comme un gamin qui part en vacances. L'énergie positive de ma compagne d'aventures m'emplit d'une sorte de sérénité. Nous entrons dans la chapelle. Nous retrouvons le cadre gothique, la fraîcheur et l'endroit de notre troisième rencontre il y a trois jours. << J'ai l'impression que ça fait des semaines ! >> lance mon amie en passant ses bras autour de mon cou. Elle me dépose un rapide bisou sur la bouche. << Il commence à faire faim ! >> s'écrie t-elle. Nous quittons pour prendre le chemin.

Il faut longer les champs de maïs. Une demi heure de marche le long d'une rivière parfois torrentueuse. J'écoute Aude-Élie me raconter d'amusantes anecdotes de ses voyages en van. Belle nomade que j'ai l'immense privilège d'accompagner aujourd'hui encore. Des arrêts bisous. Des arrêts pour admirer cet endroit désert. C'est étrange qu'il n'y ait personne. << Les gens viennent en vacances au bord de la mer. Ils se moquent de ce qu'il y a de l'autre côté ! >> dit ma complice. << C'est là, regarde ! >> rajoute t-elle. De toute beauté. Ce bruit que nous entendions depuis une dizaine de minutes. C'est la cascade qui tombe dans un bassin naturel. Tout ici respire la sérénité. << Je suis certaine que ce lieu est un vortex. Et on s'emplit d'énergie ici. Si ! Tu vas voir ! >> s'exclame mon guide.

Il y a des rochers. Je n'ai qu'à suivre Aude-Élie qui semble bien connaître l'endroit. Il faut grimper. Là, une terrasse naturelle. Nous y étalons une serviette de bain. Pour y déposer les tupperwares contenant les salades, les deux baguettes de pain, le bacon au délicieux fumet, le gouda, les brugnons, les pêches. Tout ce qui me restait à l'hôtel. Assis en tailleur, l'un en face de l'autre, nous préparons les sandwichs. Nous mangeons de bon appétit dans un environnement d'un romantisme fou. Le bruit que fait la cascade nous oblige à parler plus fort. Après ce succulent repas. Aude-Élie s'allonge sur le dos. Elle retire ses baskets. Sa tête posée sur ma cuisse. Je l'écoute. Elle a tant d'histoires à partager. Je caresse sa tête. J'avoue ne plus toujours écouter le sens des phrases, mais de me laisser bercer par la musique des mots. << Tu écoutes ce que je dis parfois ? >> s'écrie t-elle. Tout confus, surpris à rêver, je me confonds d'excuses.

<< Je n'excuse plus, je donne des gages ! >> lance t-elle. << Viens t'allonger à côté de moi ! >> rajoute t-elle. Nous prenons les petits sacs à dos comme coussins. Nous pouvons y poser nos têtes. Au-dessus de nous l'azur d'un ciel sans nuages. Pas un souffle de vent. Nous sommes à l'ombre d"un feuillage dense. Aude-Élie se tourne pour poser sa tête sur ma poitrine. << J'aime comme tu m'as aimé hier après-midi et cette nuit à l'hôtel ! >> murmure t-elle. Je pose ma main sur sa hanche. Doucement je glisse sous sa jupe. Je joue avec l'élastique de sa culotte. << Si ça dérange il faut l'enlever ! >> dit elle. Je m'exécute. Mon amie se remet sur le dos, laissant l'extrémité de mes doigts frôler son intimité. << Mmhh, c'est bon ça ! >> murmure t-elle. Elle s'installe confortablement. Moi aussi.

Je me mets au-dessus de ma comparse. Je reste en appui sur mes bras afin de ne pas peser de tout mon poids. Je me penche pour déposer des bises sur son front, sur le bout de son nez, sur ses lèvres. Mon érection, encore contenue dans mes vêtements, contre le sexe de ma partenaire. Nous les pressons l'un contre l'autre. Doucement, je descends mon visage. Je lèche l'extrémité de ses seins. Ses gémissements en musique de fond. J'aime titiller l'intérieur de son nombril du bout de la langue. Cela la chatouille. Elle rit. En appui sur les coudes, sur les genoux, j'écarte ses cuisses avec la tête avant de fourrer mon visage contre son intimité. Ses odeurs m'enchantent. Du bout de ma langue je fouille les plis et les replis des lèvres de sa vulve. Aude-Élie se touche. Ma langue l'explore. Ses gémissements.

Quand je pose mes lèvres sur son clitoris, elle cesse de jouer avec pour me permettre de le sucer. C'est enivrant. J'en ai des vertiges. Les frissons de l'intérieur de ses cuisses contre mes joues. Le léger mouvement de ses hanches, de son bassin. Aude-Élie cherche la meilleure position. Elle caresse ma tête. Saisit parfois mes oreilles comme pour me guider. Entre deux gémissements, entre deux râles de bonheur, ma complice émet des propos amphigouriques. Je ne dis rien, la bouche pleine, je tente de comprendre. Quand je me retire pour laisser reposer ma mâchoire, la jeune fille se redresse en murmurant : << Tu vas me rendre folle ! >>. Elle se met à rire en voyant le bas de mon visage trempé de sa mouille. J'y retourne alors qu'elle veut m'essuyer avec un mouchoir en papier. Je retourne me régaler.

Quand Aude-Élie se cambre soudain, poussant un premier cri, je me retire. Son orgasme la fait hurler. Heureusement la cascade est assourdissante. Même s'il y avait des promeneurs, ils ne pourraient ni nous voir, ni nous entendre. Deux spasmes secouent le corps de ma comparse. Elle m'attire contre elle. C'est là que je veux la surprendre. Je me positionne. En appui sur mes bras, je la pénètre avec d'infinies précautions. Elle ouvre de grands yeux. Elle me regarde avec étonnement. Elle ferme les yeux. Comme pour savourer l'instant. Je reste immobile. Aude-Élie est belle. Je dépose des bises sur son front. Je me positionne sur les coudes. Nous sommes en sueur. Il serait désagréable de subir le contact de nos épidermes trempés. Si je reste ainsi, en appui sur mes bras, sur mes coudes, tout est parfait.

Par contractions des muscles fessiers, je fais bouger mon sexe dans celui de ma partenaire. Elle ouvre les yeux pour me fixer. Ses yeux noirs qui reflètent l'environnement et mon visage. Nous alternons les lents mouvements de berceuse et les moments d'immobilité. Aude-Élie me raconte son programme de demain, dimanche. Elle reprendra sa vie nomade après le repas de midi. << J'ai trois cent bornes à faire ! Je peux te raconter mon périple par mails. Par WatsApp ? Tu préfères Instagram ? >> propose ma compagne d'aventures. J'ai une préférence pour les courriels. Elle rajoute : << Je t'écris tous les soirs avant de me coucher ! Même crevée ! >>. Il est décidé que nous passerons tout le temps restant ensemble. Elle me laissera demain matin pour aller faire ses préparatifs.

Nous faisons l'amour. C'est d'une sensualité inexplicable. Nous tentons de ralentir chaque seconde. Retarder chaque minute. Aude-Élie s'offre un second orgasme. Blottie contre moi je l'entends reprendre une respiration normale. Son cœur a lui aussi repris un rythme normal. Elle se redresse. << Viens, on va se baigner ! >> lance t-elle en saisissant ma main. Nous voilà nus. Le temps de revêtir nos maillots de bain. Nous observons partout autour de nous. Personne. Nous descendons les rochers avec prudence. Il faut s'adapter à la fraîcheur surprenant de l'eau. Y pénétrer doucement en nous mouillant préalablement. Il faut nager immédiatement car nos pieds ne touchent plus le fond. Les sensations sont rapidement extraordinaires. Le bassin naturel dessine un ovale. Peut-être vingt mètres sur une trentaine.

Aude-Élie a accroché ses cheveux au-dessus de sa tête. J'adore sa nuque. La racine de ses cheveux. Ces petits détails infimes agissent sur ma libido avec force. Nous tournons en rond en nageant doucement, côte à côte. Nous nous rapprochons de la cascade. Elle tombe avec violence d'une hauteur d'environs cinq mètres. On découvre qu'il y a un vide entre les rochers et le large rideau d'eau. On passe derrière. Il y a une grotte. C'est un escalier formé par la roche qui nous donne la possibilité de sortir de l'eau. De nous retrouver de l'autre côté. Il fait sombre. C'est une cavité qui paraît profonde. Une étrange odeur d'humus, de cave ou de souterrain. << C'est dommage. Si on ne partait pas demain on reviendrait avec les lampes ! >> lance mon aventurière. Elle rajoute : << On reviendra un jour ! >>

Nous retournons nager. Je propose d'aller préparer ses affaires ce soir, avant de revenir manger au restaurant de l'hôtel. Nous pourrons ainsi rester ensemble jusqu'à son départ demain en début d'après-midi. << C'est une bonne idée. Je n'ai pas grand chose à préparer. Remplir les bidons de flotte et des trucs comme ça ! >> lance la jeune fille. Nous sortons de l'eau. Couchés au soleil pour sécher. Notre plateau rocheux est l'endroit idéal. Il va être dix huit heures. Nous nous habillons. Les trois kilomètres du retour prennent un temps fou. Les voitures roulent au pas. La climatisation permet de ne pas souffrir de la chaleur. Nous allons directement au parc à vans. Il y a Maël qui nous accueille. Nous le remercions encore pour hier. De nous avoir emmené sur l'île, d'être revenu nous chercher.

Il y a une chaleur infernale dans le van. Je regarde l'espace réduit. Le lit, le coin cuisine. Des fils électriques. Tout est bien rangé. J'ai soudain le cœur qui se serre à la pensée que c'est dans ce véhicule qu'Aude-Élie passe de son temps. Un choix de vie que j'admire. Il faut du courage. Elle n'en manque pas. Je l'aide à remplir les jerricanes, les bidons. L'eau des sanitaires du parc. << Voilà, tout est près pour demain. Départ à quatorze heures. Et lundi matin je suis à la cueillette des fruits en Espagne dès huit heures ! >>. Je pose mes mains sur ses hanches. Je dis : << Tu m'emmènes avec toi ? >>. Son sourire est soudain plein de compassion quand elle répond : << Je ne pars pas en vacances tu sais. Je vais bosser ! >>. Je comprends. Nous évoquons encore une fois Banyuls. Nous nous y retrouverons dans trois semaines. Sauf changement de programme. Pour quelques jours. Une belle échéance.

Il est huit heures. Nous sommes installés à une des tables du restaurent gastronomique. Devant des plats de fruits de mer que nous savourons en revenant sur nos aventures de l'après-midi. Qu'il est agréable de rester attablés devant la grande baie vitrée. Le crépuscule qui précède une nuit sans lune. Une fois dans notre suite, Aude-Élie m'entraîne dans la salle de bain. Juste une rapide toilette en faisant les clowns devant le miroir de la salle de bain. La climatisation de l'hôtel permet d'agréables températures. Nous voilà couchés. L'un contre l'autre. Silencieux. À caresser nos mains, nos bras. Le désir revient subrepticement dans nos corps qui s'enflamment à nouveau. Ma complice vit un nouvel enchantement paradisiaque sous les douceurs de ma bouche. Elle se lâche rapidement dans de profonds soupirs de bonheur. << Et toi ? >> me demande t-elle. Je réponds : << Moi ça va ! >>. J'aime la sentir rire contre mon corps. Nous sombrons dans le sommeil.


La fille au van
Sunday 9 March 2025 08:46

Oncle-Julien
Homme, 53 ans, France
. - Épisode 10 - Chapitre 1 - Tous droits réservés - © - 2025 -



Le départ

Il va être huit heures. j'entends le carillon de la chapelle du port. La porte fenêtre du balcon étant ouverte. Je reste immobile. J'ai peur de réveiller Aude-Élie. Elle est couchée sur le dos, sa tête entre son oreiller et le mien. C'est son profil qu'elle me présente. Je regarde comme un voyeur ayant peur d'être surpris. Les lèvres de sa bouche entrouvertes, sa respiration est régulière. J'aimerais que le temps s'arrête. Je me sens privilégié. Est-ce son sixième sens ? En poussant un léger gémissement, se tournant, elle vient appuyer sa joue contre mon épaule. La belle aventurière sort de son sommeil lentement. Elle ouvre les yeux. Je ferme rapidement les miens. Je fais semblant de dormir. << Bonjour Julien ! >> murmure t-elle dans un souffle. Pas dupe de ma mise en scène, elle passe son index le long de mon nez.

J'ouvre les yeux. Comme elle est belle. Une véritable émotion me submerge. J'ai un mal fou à la dissimuler. Elle caresse mes lèvres. << Tu as bien dormi ? >> demande t-elle. Je ne sais pas quoi faire de mes mains. J'ai tellement envie de la serrer contre moi. De me serrer contre elle. C'est fou ce qu'une relation nouvelle, qui n'a que quelques jours, peut transformer une existence. Je chuchote : << Bonjour mademoiselle. J'aime dormir près de vous ! >>. Aude-Élie se tourne, se met à plat ventre, joue avec mes cheveux. Elle reste silencieuse avec un sourire énigmatique. Une expression de bienêtre illumine ses traits. << Pipi, sinon je fais au lit ! >> s'écrie t-elle en se levant d'un bond. Comme propulsée par ressort. Elle se précipite vers la porte des toilettes. J'attrape mon téléphone. Assis dans le lit.

Je fais monter notre petit déjeuner. Aude-Élie vient me rejoindre. Elle passe un T-shirt. C'est à mon tour d'aller aux toilettes. Je la rejoins sur le balcon. Le ciel est voilé mais lumineux. La température extérieure est déjà de 26°. Nous admirons les environs. Là-bas, l'animation qui règne sur les quais du port. Ce grand voilier blanc qui revient à terre. Les amateurs de pêche qui s'apprêtent à partir dans leurs petites embarcations. Trois coups frappés à la porte. Je vais accueillir le groom. Il pousse le chariot au milieu de la grande pièce. Il est surpris par l'apparition de la jeune fille. Une expression où se mêle admiration et interrogation. Aude-Élie lui adresse un magnifique sourire en le remerciant. Je glisse un billet dans la main du jeune homme qui s'empresse de s'en aller. Pain grillé, Jus d'oranges pressées. Et ces petites brioches rajoutées le dimanche.

Aude-Élie passe ses bras autour de mon cou. Je veux parler. Elle pose ses lèvres sur les miennes pour m'en empêcher. << Le petit déjeuner au lit ! Un rêve ! >> fait elle en m'entraînant pour me faire tomber sur les draps. Elle retourne au chariot pour l'emmener, le plateau au-dessus du lit. Elle plonge sur la couette pour s'installer, assise à côté de moi. Nous prenons notre petit déjeuner en revenant sur notre aventure à la rivière. En revenant sur notre agréable soirée au restaurant. En revenant sur les douces folies qui s'en sont suivies. C'est notre dernier jour ensemble. Je ne peux chasser l'étrange sentiment qui commence à m'envahir de façon sournoise. La fille au van repousse le chariot. Elle s'allonge sur le dos. Je m'allonge à ses cotés, sur le ventre. Elle chantonne. Caresse mon visage.

D'un commun accord, il n'y aura pas de jogging aujourd'hui. Aude-Élie m'attire sur elle. Je reste en appui sur mes bras. Nous mitraillons nos visages de bises. Je me mets en position. Je descends lentement pour m'arrêter sur son ventre. Elle ne porte que son long T-shirt. Je fourre mon visage entre ses cuisses qu'elle écarte pour me permettre le meilleur accès. Un gémissement alors qu'elle s'installe au mieux. Je savoure cet instant. << J'aime ce que tu me fais ! >> murmure t-elle en posant ses mains sur ma tête. Je prends un plaisir sensuel à prodiguer cette indicible caresse qui la submerge de bonheur. Les frissons qui agitent l'intérieur de ses cuisses contre mes joues participent de la joie intense qui me submerge également. Nos doigts se croisent. Ma position n'est pas très confortable. Contractions dans la nuque. Je surmonte.

Nous perdons tous les deux toutes notions de temps. Toute la matinée nous appartient. << Viens ! >> murmure t-elle en me forçant à cesser. Je m'introduis avec d'infinies précautions. Nous restons immobiles à nous fixer. Ses yeux noirs, perçants, plongent au plus profond de mon être. Nous nous berçons doucement. Nous cessons pour recommencer. Nous ne faisons pas seulement l'amour. Ce qui se passe semble se dérouler sur un plan supérieur. Je me retire pour retourner à ma dégustation. << Tu me rends folle ! >> lance t-elle dans un souffle. Se lâchant soudain complètement. Ses cuisses qui se resserrent sur mes joues. Un premier spasme secoue tout son corps. C'est merveilleux. Je ne veux pas en perdre la moindre goutte. Aude-Élie, haletante, reprend sa respiration.

Elle me repousse délicatement. Elle sait que j'aime l'emmener pour un second tour de manège. Avec un coin du drap ma complice essuie le bas de mon visage trempé. Nous rions. Je pose délicatement ma main sur son intimité. Elle saisit mon poignet pour que surtout je ne la retire pas. Nous restons longuement à reprendre nos esprits. << Et toi ? >> me demande t-elle une fois encore. Je devine son questionnement. Aussi j'anticipe en expliquant : << Moi ? Ça va ! Ne te pose pas trop de questions sur mon fonctionnement. Quand je m'occupe de toi, c'est un orgasme permanent. C'est tellement intense ! >>. Comme rassurée, dans un gémissement de satisfaction, elle se love contre moi. Comme c'est bon. Je propose la douche. Une balade sur le port. Le restaurant de l'hôtel, à midi.

<< Viens ! >> s'écrie t-elle en se levant. Elle m'attrape par la main pour m'entraîner à la salle de bain. Je suggère le jacuzzi. Nous pouvons nous y installer à deux. Aude-Élie s'amuse à changer la puissance des bulles, des jets. J'adore la voir tourner sur elle-même dans l'eau. Son corps athlétique épouse les formes du bassin. Assise en tailleur, de l'eau jusqu'aux seins, elle pose ses mains sur mes cuisses. Ma complice approche son visage comme pour me dire quelque chose sur le ton du secret. Mais je ne m'y attends pas du tout. Elle enfonce soudain sa langue dans ma bouche. Ce baiser passionné et fougueux est responsable de l'érection presque immédiate qui s'en suit. Mon sexe dépasse de la surface de l'eau tel le périscope d'un sous-marin. Je le trouve même un tantinet ridicule.

Aude-Élie cesse de m'embrasser. Elle descend sa tête pour gober ma turgescence. Sous le coup de la surprise, tout mon corps se cambre. Rapidement, sous l'enchantement paradisiaque de l'indicible caresse, je me détends totalement. Je caresse sa tête en redoublant de tendresse. Je me penche pour murmurer : << Là, tu me donnes le coup de grâce. Comment veux-tu que je survive à notre séparation cet après-midi ! >>. En gloussant, Aude-Élie continue sans répondre. Je me laisse complètement aller. Je contrôle toujours parfaitement mon sexe mais là, cette fois, c'est bien plus difficile. Et je n'en ai nulle envie. Je m'écrie : << Attention ! >>. Je veux me retirer mais avec un élan décidé, ma compagne d'aventure m'en empêche. Je me lâche en poussant un cri. Je meurs un peu plus...

<< On est quitte ! >> termine par me dire ma complice en passant ses bras autour de mon cou. Ses lèvres se posent sur les miennes. J'ai envie de hurler mon bonheur. Aude-Élie coupe l'arrivée des bulles. Juste encore la douce sensation des jets puissants sous l'eau. << On va se promener sur les quais ? >> s'exclame la belle aventurière. Nous sortons de l'eau pour nous essuyer. Aude-Élie porte une jupette claire. Un T-shirt blanc, ses baskets. Je suis en short et T-shirt, baskets. Dans l'ascenseur elle me tient par les mains. Nous faisons les clowns devant les grands miroirs. Je réserve une table pour midi à l'accueil. Nous quittons l'hôtel. Il y a un monde fou sur le port. La criée des pêcheurs mais aussi les plaisanciers. Main dans la main, nous flânons. Je veux enregistrer chaque seconde tout au fond de moi. Graver chaque instant dans ma psyché.

Attablés devant la grande baie vitrée, nous dégustons du homard fumé avec un confis de petits légumes de saison. Un régal. Un délice. J'écoute Aude-Élie me parler de ce qui l'attend une fois arrivée en Andalousie. C'est étrange. Mon cœur se serre souvent dans ma poitrine. Je fais des efforts désespérés pour n'en rien montrer. Mais, comment pourrais-je cacher ce qui me tourmente. La jeune fille est bien trop perspicace. Avant le dessert, je tente de trouver les mots. D'un élan de son bras, Aude-Élie pose sa main sur ma bouche : << Comment vas-tu éviter de dire des bêtises quand je ne serai plus là pour t'en empêcher ? >> lance t-elle. Nous en rions. Elle rajoute : << Dans tes courriels je ne veux trouver aucune bêtise ! >>. Je comprends ce qu'elle sous entend. Amusant mais perturbant. Frustrant même...

Il va être treize heures trente. Nous quittons le restaurant. Nous montons dans la suite pour récupérer les affaires de ma compagne d'aventures. Dans l'ascenseur qui descend au parking, Aude-Élie se cale contre moi. La gravité de son expression me fait soudain peur. << Il ne faut pas qu'on s'attache. Ça fait toujours mal ! >> dit elle en martelant volontairement chaque syllabe. Son regard me perce alors jusqu'à l'âme. Je demande : << Pourquoi on a toujours mal après ? >>. Elle hausse les épaules en m'entraînant hors de l'ascenseur. Il y a trois kilomètres jusqu'au parc à vans. Aude-Élie, ses pieds posés sur le tableau de bord, me confie cette épreuve qu'elle redoute. Trois cent kilomètres à parcourir. << Demain matin je bosse à huit heures ! Ça va être dur ! >> précise t-elle.

Je gare la voiture sur le parking. C'est Maël qui est dans la guérite de l'accueil. Il nous fait un grand sourire. Aude-Élie ne lâche pas ma main. Elle m'entraîne entre les campings cars, les caravanes et les vans. Jusqu'au sien. Elle pose son sac sur la banquette passager. Passe ses bras autour de mon cou. Je plonge mes yeux dans les siens. J'essaie de traduire par le regard tout ce qu'il m'est interdit de dire. Bien évidemment ma complice lit en moi comme dans un livre ouvert. << Je te fais un courriel ce soir, quand je serai arrivée. Je te raconte tout ! >> dit elle. Elle me lâche pour s'installer au volant. Elle rajoute : << Tu penseras à moi parfois ? >>. Je réponds par une question : << Parfois ? Mais... >>. Une nouvelle fois Aude-Élie pose sa main sur ma bouche en concluant : << Tu seras sage, tu promets ? Et puis évite les asiatiques dans les églises ! >>

Elle démarre. Je m'installe sur le siège passager en disant : << Emmène-moi avec toi ! Je serai sage ! >>. Aude-Élie s'arrête à l'accueil. Maël actionne le mécanisme qui lève la barrière. Ma conductrice s'arrête devant l'entrée du parking. Elle se penche comme pour m'empêcher de sortir du véhicule. Je dis : << Il ne faut pas qu'on s'attache ! >>. Elle s'écrie : << Nous deux, on va vivre de belles aventures. Je reviens peut-être dans trois semaines. Je te tiens informé ! >>. Elle me lâche. Je veux mettre fin à cette torture. Je saute du van. Je me retourne. Nous échangeons un dernier coucou, agitant nos mains. Me voilà seul. Mais d'une solitude douloureuse. Affreuse. La dolence, cette expression plaintive de la douleur, me gagne inexorablement. Je démarre. Je retourne à l'hôtel. Une torture.

Je ne traîne pas. Je récupère ma valise, mon sac de sport. Je regarde l'endroit. Ce n'est pas la première fois que je vis cette situation. Je peux sentir la lame pénétrer mon cœur. Son acier froid. Ça va être terrible. Je dois me faire violence. Quitter le plus rapidement ce lieu au risque qu'il ne devienne un enfer. Dans l'ascenseur, c'est une véritable angoisse. Je salue la jeune femme de l'accueil. Oui, elle pourrait jouer ce rôle. Un être humain à qui je voudrais tout raconter, soulager ma nostalgie de l'heure précédente. Des jours précédents. Je m'en garde. Je roule doucement. Je passe devant les dunes. Je ne dois pas regarder. Je ne dois pas m'arrêter. J'ai moi aussi quatre cent kilomètres à parcourir. Je ne suis pas pressé. J'ai un plan B. Si je veux partager mon voyage en deux étapes, rien ne s'y oppose. Il suffit de trouver un petit hôtel de campagne. C'est parti.


La fille au van
Sunday 6 April 2025 08:46

Oncle-Julien
Homme, 53 ans, France
- Épisode 11 - Chapitre 2 - Rous droits réservés - © - 2025 -



Les retrouvailles

Il fait beau ce dimanche matin. Avant de prendre mon petit déjeuner, j'apprécie chaque jour de respirer à plein poumon sur le balcon. La vue sur cette partie du bois du Nevet est un enchantement. Plus bas, les clochers de l'église Saint Ronan. Ses cloches annonçant la messe à venir. Le ciel est d'un bleu d'azur. L'agréable fraîcheur légèrement humide me fait frissonner. Il va être neuf heures. Je m'habille. Je mange de bon appétit en laissant ma pensée vagabonder. Très rapidement, un peu comme une obsession, le souvenir des moments passés avec Aude-Élie envahissent une nouvelle fois mon esprit. Je suis fébrile à l'idée de la revoir en fin d'après-midi. Comment se passeront nos retrouvailles ? Il y a toujours une légitime appréhension. Cela s'inscrira t-il dans la continuité de nos aventures passées ? Je l'espère. Je déteste les plans foireux. Je fuis toujours immédiatement les caprices féminins.

Une bonne douche m'aide à retrouver le calme et la quiétude intérieure. Je passe mon séjour annuel à Locronan. Chez mon oncle Norbert et sa compagne Claude. Des gens charmants avec qui je passe chaque été quelques superbes journées. J'ai également des cousins qui vivent dans cette magnifique cité de caractère. Ce sont donc de nombreuses opportunités de convivialités. L'appartement que j'occupe est au premier étage d'une grande maison. Vêtu d'un bermuda kaki, d'une chemisette beige, je descends jusqu'au bourg. La saison touristique connaît son summum d'affluence. C'est la folie entre le 14 juillet et le 15 aout. La place pavée est noire de monde. Un peu comme un prolongement de la grande Troménie du weekend dernier. Mes amis tiennent commerces sur la place. C'est un rituel que de venir les saluer chaque matin. De chercher le pain. De bavarder avec des connaissances.

De flâner là est un bonus aux plaisirs qui m'attentent avant chacune de mes journées de détente. Je bavarde un peu avec Hugo, le sculpteur. Il officie là à la belle saison, exposant et proposant ses œuvres extraordinaires de finesses et de réalismes. Il va être midi quand je remonte. Nous mangeons en famille. Norbert, intarissable, partage souvent d'amusantes anecdotes de son passé d'antiquaire. Nous traînons à table à bavarder. Ils savent qu'une jeune fille viendra passer une dizaine de jours avec moi. Ils s'en réjouissent. Cet été je reste à Locronan deux semaines. Oncle Norbert et sa compagne vivent seuls depuis plus de vingt ans. La perspective d'un peu d'animation, d'un peu de jeunesse dans leur demeure les enchante. Après le repas nous faisons quelques pas dans le jardin, dans le potager. La poterne arrière permet de prendre le sentier qui monte dans la forêt.

Une fois dans mon appartement, je fais un peu de rangement. Je change les draps, les taies d'oreillers. Une sorte de nervosité grandissante me gagne. Ne serait-ce pas de la fébrilité ? Comme je ne m'entraîne jamais le dimanche, je ne peux chasser cette énergie dévorante par un jogging. Par le sport. Mon corps a besoin d'une journée de récupération. Vais-je déroger à cette règle pour retrouver la sérénité ? Tout est propre et ordonné. Je n'oublie pas la grande serviette de bain, le gant de toilette et le nécessaire dans la salle bain. Le peignoir mauve sur un cintre. Je fais plusieurs fois le tour de l'appartement. Le salon, la chambre à coucher, la cuisine, les toilettes qui sentent la javel malgré le parfum d'une bougie au jasmin. Tout est irréprochable. Fier de moi, je redescends. Oncle Norbert est entrain de bavarder avec le voisin, monsieur Kervenon. Je les rejoins.

Il va être dix sept heures. Le soleil joue à présent à cache cache avec de gros nuages blancs d'altitude. Tempérant ainsi les séquences de chaleur parfois accablantes. Je laisse ces gens à leurs conversations pour descendre au bourg. Je croise des connaissances parmi la foule de touristes. Ça cause néerlandais, Allemand, Anglais et même parfois Français. Je traverse la place en contournant le puits qui trône au milieu. Mon cœur me joue des tours. C'est un peu comme avant l'ouverture des paquets sous le sapin de Noël. Cette excitation irrépressible me gagne au point de me rendre euphorique. Je monte la rue de la Tour Saint Maurice pour admirer le paysage. Je me surprends à chantonner. Du manoir de Kerguénolé on voit jusqu'à la baie de Douarnenez. L'océan. Là-bas, sur la droite, le Cap de la Chèvre. Il est temps de revenir. J'accélère machinalement le pas.

C'est par la route de Quéménéven qu'arrivera Aude-Élie. J'attends en haut de la rue. Voilà le van blanc. Il va être dix huit heures trente. Mon cœur bât la chamade. J'ai un vertige. Le véhicule s'arrête sur le côté, entre deux platanes séculaires. Aude-Élie en saute. Nous n'en croyons peut-être pas nos sens, ni nos perceptions des évènements présents. Nous nous approchons l'un de l'autre en nous souriant. Ma sensibilité naturelle est encore mise à rude épreuve. Avec cette retenue des premières fois, nous nous tenons par les bras un instant. Avant de prendre nos mains, de nous approcher pour échanger des bises. << Bonjour ! >> murmure la belle aventurière. Je chuchote : << Bonjour ! >>. Comme si l'usage de la parole avait disparu, nous restons silencieux à nous sourire. Timides. << Viens, monte ! >> lance t-elle soudain en m'entraînant par la main.

Je m'installe sur le siège passager. << J'ai roulé plus de trois heures. Ça circule difficilement. C'est dimanche et c'est la saison touristique ! >> dit elle en descendant lentement la rue. Il faut prendre à gauche pour entrer dans la propriété. Oncle Norbert et sa compagne préparent la table. Nous mangerons dans le jardin, sous la pergola envahie de lierre. Je dis : << Viens, je te présente ! >>. Nous sautons du van. Oncle Norbert vient à notre rencontre. Je fais les présentations. Aude-Élie porte un large et confortable short noir, des sandalettes, un T-shirt beige. Ses longs cheveux noirs noués en une longue natte qui flotte jusqu'au milieu de son dos. Au regard discret que me lance mon oncle je comprends son ressenti. Il découvre une superbe jeune fille, souriante et immédiatement avenante. Respirant l'optimisme. La joie de vivre.

Claude nous rejoint. Elle aussi est agréablement surprise. Le charisme naturel de la fille au van fait son petit effet. << Vous n'êtes pas seulement belle mais également très jolie ! >> lance t-elle. Nous rions de ce trait d'humour. Je propose de monter les bagages. << Vous avez tout votre temps, on mange dans une demi heure ! >> fait encore Claude. Je saisis le grand sac de sport. Nous montons à l'étage à toute vitesse. Aude-Élie dépose ses affaires sur le lit. << Mais c'est génial ici ! >> s'exclame t-elle en tournant sur elle-même. Je pose le sac de sport sur la chaise en disant : << Viens, je te fais visiter ! >>. Totalement sous le charme de l'endroit, la jeune fille se jette à mon cou. Enfin nous laissons la joie de nous retrouver s'exprimer dans sa plus totale expression. Sur le balcon, admirant l'environnement bucolique, Aude-Élie se tourne vers moi, passe ses bras autour de mon cou. Elle reste silencieuse à me fixer. Ses yeux noirs plongent au plus profond de mon être.

<< Je t'ai manqué ? >> demande t-elle. Je réponds : << Si ce n'était que ça ! >>. Nous rions. Nous revenons sur les courriels que nous avons échangé durant plus de trois semaines. Comme si Aude-Élie attendait une réponse plus conséquente elle rajoute : << Raconte-moi tout ! >>. Je pose mes mains sur ses hanches en disant : << Nous avons dix jours à tout nous raconter ! >>. Elle se serre dans mes bras en gémissant de contentement. J'ai ma tête contre la sienne. Elle ne peut voir la larme qui s'écoule. Une larme qui coule sur ma joue avant de tomber sur son épaule. Formant une tache plus sombre sur son T-shirt. Je reste ainsi, à la tenir contre moi. Je sens son cœur battre à quelques centimètres du mien. L'instant est d'une irréelle profondeur. L'émotion d'Aude-Élie est palpable. Tout comme la mienne. Je ne suis donc pas seul à être submergé par ce bouleversement.

<< On mange ! >>. C'est Claude, depuis le jardin, qui nous aperçoit. Nous faisant signe de venir. Heureusement que mes yeux ont séché. Aude-Élie ne se doute de rien. << Viens ! Je suis morte de faim ! >> s'écrie t-elle en m'entraînant par la main. Nous dévalons les escaliers pour rejoindre nos hôtes. Le mobilier de jardin est très confortable. Nous savourons une salade de concombre. Des queues de langoustines fumées avec de petites pommes de terre rissolées. Je garde le silence. Je suis assis en face de mon aventurière. Je l'écoute en la regardant répondre aux questions de ma tante, femme très curieuse. Ses aventures en van ont de quoi susciter beaucoup d'intérêts. Une jeune fille qui part ainsi par monts et par vaux, seule, dans un véhicule aménagé par ses soins, a de quoi éveiller toutes les interrogations. Elle prend plaisir à raconter ses voyages et ses séjours. Je ne cherche plus à comprendre, seule la musique de ses mots me berce. Secrètement je suis comme étourdi de bonheur.

Passionnée, Aude-Élie revient sur les découvertes que procure son mode de vie, six à huit mois dans l'année. Je suis toute ouïe moi aussi. Qu'il est agréable de rester à bavarder jusqu'au crépuscule. Les lampes violettes écartent les moustiques que nous voyons virevolter. C'est la pleine lune. Elle ne semble briller ce soir que pour nous. Oncle Norbert et sa compagne sont des séniors d'un âge avancés. C'est lorsqu'ils se mettent à bâiller que nous nous lançons un regard complice. Nous proposons de débarrasser et de faire la vaisselle ensemble. << Pas question, on s'occupe de tout. Vous êtes nos invités ce soir ! >> s'exclame Claude. Elle rajoute à l'attention d'Aude-Élie : << Montez vous reposer ! Vous êtes en vacances chère demoiselle ! >>. Nous n'insistons pas. Nous remontons en courant.

J'entends Aude-Élie chanter depuis la salle de bain. Je consulte ma boîte mail lorsqu'elle vient me rejoindre dans le peignoir mauve. Elle s'installe sur mes cuisses, ses bras autour de mon cou. << Je me sens bien ici. Merci Julien ! >> murmure t-elle. << J'ai beaucoup aimé le cadeau que tu m'as fait. Parfois j'écoutais en boucle la musique que tu as composé pour moi. Tu sais, ta vidéo sur Youtube. J'écoutais en préparant ma bouffe. Tu joues super bien de la guitare. Tu as aimé le petit commentaire que j'ai mis dessous ? >> rajoute t-elle. Bien sûr que j'ai apprécié. La jeune fille ouvre sa boîte mail en disant : << Mes parents sont rassurés en sachant que je vais passer dix jours pas très loin de chez eux. Tu sais parfois ils s'inquiètent de me savoir loin ! >>. Je me lève. Je la laisse les prévenir par ses écrits. Confirmant ainsi qu'elle est bien arrivée. J'aime lorsqu'elle porte sa paire de lunettes d'étudiante aux montures noires.

Je suis allongé sur le lit. Aude-Élie, en courant, plonge dessus. Elle me chevauche en riant. << Ensemble dix jours ! >> lance t-elle avant de se redresser. En sautant sur le lit comme une collégienne la vieille des vacances, ma complice témoigne de sa joie de vivre. Je tape des mains en rythme avant qu'elle ne se mette à genoux pour me faire tomber en m'enlaçant. C'est tellement bon de faire les fous. Nos lèvres s'effleurent, se touchent, se caressent, se testent. Sa langue s'enfonce soudainement dans ma bouche. Couchée sur moi, de tout son long, la fille au van m'embrasse passionnément. À tel point que nous avons les mentons trempés de nos salives. Mon émotion est à son comble. Le fantôme qui me hante depuis plus de trois semaines a repris sa forme charnelle. Une merveilleuse réincarnation. Dans l'obscurité, Aude-Élie ne se doute pas que des larmes se mêlent à ma salive.

Où alors s'en doute t-elle en percevant les gémissements que je ne peux réfréner ? Ce léger goût salé ? Les filles devinent toujours tout. Je la repousse délicatement. Sur le dos, elle me regarde écarter les pans de son peignoir. Ses yeux noirs qui m'observent. Amusée, elle reste immobile. Je pose ma bouche sur chacun de ses seins. Le léger frisson qui anime son corps exerce sur ma psyché une sorte de fascination. C'est rassurant. Je descends lentement jusqu'à son nombril que je fouille du bout de ma langue. Aude-Élie saisit ma tête. Comme si elle redoutait ce qui va suivre. Je lutte un peu contre l'étreinte qu'elle exerce. Ma bouche se colle sur son bouton de plaisir. Je retrouve cet indicible bonheur de contrôler la situation. C'est surtout contre moi que je dois lutter. Je veux que ce soit à nouveau cet enchantement paradisiaque dans lequel ma complice aime à s'abstraire. La plus juste continuité de ce que nous avons vécu il y a un peu plus de trois semaines.

Ses gémissements sont ma première récompense. Elle vient de lâcher ma tête pour s'abandonner dans les plus insensés plaisirs. Je descends encore pour retrouver l'onctuosité de ses sécrétions. Je m'en régale comme un affamé. Aude-Élie murmure d'incompréhensibles propos. Nos gémissements résonnent de concert. Même si elle cherche parfois à me repousser délicatement, ma bouche reste collée à ses intimités. Pour chercher le meilleur angle, elle tortille du bassin. Je ne me laisse pas repousser juste avant l'explosion. Je résiste. Dans un cri, se cambrant, la fille au van est noyée des merveilles d'un plaisir irrationnel. Tout son corps se met à trembler. J'adore lorsque ses cuisses se referment sur ma tête. Je peux les sentir se tendre puis leurs muscles vibrer contre mes joues. Je me redresse. Je reste en appui sur mes bras.

Mon érection contre son sexe, je m'immisce avec d'infinies précautions. Comme si c'était une première fois, mon aventurière nomade ouvre de grands yeux. Ils se sont habitués à l'obscurité. Nous restons immobiles à nous scruter. Silencieux. Parfois, dans un mouvement synchrone, nous nous mettons à bouger. À nous bercer. Nos lèvres se frôlent. Je penche ma tête pour gober le lobe de son oreille. La grosse boucle m'empêche de sucer comme j'aimerais le faire. Nos corps, intimement mêlés, comme les deux pièces d'un puzzle, ne font plus qu'un. La fatigue nous gagne tous deux. Je me retire doucement en enfonçant ma langue dans sa bouche. Je redescends une nouvelle fois. Aude-Élie m'en empêche lorsque mes lèvres ventouses quittent ses seins. Je n'insiste pas. Son plaisir seul me préoccupe. Elle se serre contre moi. Si fort. Je ne sais pas lequel de nous deux plonge le premier. Je sais simplement que je m'endors submergé de bonheur.



Je remercie ici mes fidèles lecteurs. Également une pensée aimable pour ceux qui laissent une considération au bas du récit...
La fille au van
Sunday 13 April 2025 08:59

Oncle-Julien
Homme, 53 ans, France
- Épisode 12 - Chapitre 2 - Tous droits réservés - © - 2025 -



Le bois du Nevet

Nos profonds sommeils nous ont emmené jusqu'aux environs de huit heures. Ce lundi matin est ensoleillé. Le ciel d'un bleu d'azur. J'ouvre les yeux. Aude-Élie, couchée sur le dos, la tête entre son oreiller et le mien. Elle se met à gémir en s'étirant. Je l'observe depuis quelques minutes. En me découvrant ainsi, elle se blottit contre moi en murmurant : << Bonjour ! Tu es réveillé depuis longtemps ? >>. Je me tourne pour me mettre sur le ventre. Je dépose une bise sur son front. << Pipi ! >> s'écrie t-elle en se redressant pour se lever d'un bond. Je me lève à mon tour pour ouvrir la porte fenêtre du balcon. La température extérieure est douce. Pas un souffle de vent. La jeune fille vient me rejoindre. Nous sommes tous les deux vêtus de nos T-shirts de nuit. Quelques bisous. À mon tour d'aller aux toilettes.

Quand je vais à la cuisine, dans l'odeur du café qu'elle prépare, je pose mes mains sur sa taille, debout derrière elle. Le grille pain éjecte ses quatre premières tranches. Je les beurre, Aude-Élie les recouvre de miel et de confiture. Je presse les oranges, je pèle les kiwis. Nous prenons notre petit déjeuner en revenant sur l'arrivée de ma visiteuse, hier, dimanche en fin d'après-midi. Elle me donne ses impressions. L'accueil réservé par Claude et oncle Norbert. << J'aime bien ces gens. Ils sont gentils et m'ont reçu comme une membre de la famille. Ça me touche ! >>. En venant s'assoir sur mes cuisses, trempant sa tartine dans mon bol, elle rajoute : << Je crois que je vais beaucoup me plaire ici ! >>. Nous mangeons de bon appétit en faisant le vague programme de la journée. Aude-Élie évoque son voyage depuis chez elle. La circulation dense des dimanches sur les grands axes Bretons.

Le jogging dont nous raffolons va occuper la première heure de la matinée. À peine la vaisselle faite, nous enfilons nos shorts de lycra noir, nos T-shirts de lycra rouge. Nos baskets. Pressés d'aller courir, nous dévalons l'escalier. Quelques mouvements d'échauffement à l'ombre fraîche de la maison. Le van blanc est garé sous l'auvent des garages, au fond de la propriété. << Bonjour petit camion ! >> lance Aude-Élie en saluant son véhicule, passant sa main le long de la carrosserie. C'est parti. Nous courons en direction de Quéméneven. Sur le bord de la route pour prendre à gauche. Le chemin en pente douce descend dans la forêt. Il est agréable de courir sous les frondaisons. Les odeurs des bois. L'humus, la rosée, les premiers papillons blancs, accompagnent les quarante cinq minutes de notre running. Nous revenons vers dix heures. Le vent apporte les parfums de la baie de Douarnenez.

Nous prenons notre douche ensemble. En nous savonnant, en riant de nos espiègleries. Il est si bon de se faire des papouilles sous le filet d'eau dont Aude-Élie se plaît à régler le débit et la température. Jusqu'au froid qui nous précipite hors de la cabine. Nous nous essuyons vite. La fille au van porte une jupette carmin, un T-shirt brun clair. Je suis en short beige et T-shirt gris. Nos baskets. Dimanche matin j'ai fait les courses. Il nous faut du pain. Excellent prétexte pour nous rendre au bourg. Nous croisons oncle Norbert dans le jardin. Nous bavardons un peu en le rassurant. Nous avons merveilleusement bien dormi. Aude-Élie me tient par la main. Je redécouvre mon amie pleine d'entrain, pleine de dynamisme et qui aime à prendre toutes les initiatives. Elle m'entraîne ainsi pour descendre la rue. Partageant ses impressions.

La grande place pavée de Locronan est déjà pleine de touristes. << L'endroit me fait penser à Rochefort-en-Terre ! >> s'exclame mon accompagnatrice. Je propose d'aller saluer Jacques dans sa libraire Celtique. Il faut monter au second étage d'une des vieilles demeures par un escalier en colimaçon. Ce qui n'est pas sans évoquer quelque donjon médiéval. Arriver dans cet endroit est un instant inoubliable. Au-dessus des livres, des étagères, sont posés les objets les plus insolites. Vieux postes de radios, anciennes cartes de la Bretagne, maquettes d'avions et de bateaux d'un autre temps. C'est hétéroclite, magique et mystérieux. Je fais les présentations. Aude-Élie porte ses cheveux en catogan. Elle regarde partout autour d'elle. L'endroit est si étrange. Jacques me jette un curieux regard. La fille au van feuillette quelques ouvrages. Il y a de la clientèle.

Nous ne nous attardons pas. Nous traversons la place en nous arrêtant au puits. Il est profond. Le cercle parfait des eaux de son fond reflète nos images. La silhouette de nos bustes contrastant sur le bleu du ciel. La journée s'annonce magnifique. Je propose d'aller saluer Sylvain dans son épicerie fine. "Le loup-garou gourmand" est tout aussi étonnant que la "Librairie Celtique". On y trouve les conserves, les bières, les produits les plus rares et artisanaux. Sylvain et sa bonne humeur constante. Il nous reçoit avec les mots d'humour qui le caractérisent. Il y a des clients. Nous le laissons à ses occupations. C'est tellement agréable de de faire le tour de cette endroit charmant. Aude-Élie me donne ses impressions. Nous faisons toutes les boutiques entourant la place. Jouant aux touristes. Hugo, le sculpteur, sculpte. Devant les regards admiratifs des spectateurs qui entourent son stand.

Nous prenons du pain, une brioche au pudding et des croissants. Je suggère de manger des crêpes au Ty-Coz. La terrasse du restaurant est à l'ombre des maisons du quinzième siècle. Aude-Élie passe ses bras autour de mon cou. Elle reste un instant hésitante. Elle finit par dire : << Je préfère qu'on se fasse à manger à l'appartement. J'ai encore plein de choses à te raconter ! >>. Trop content je n'insiste pas. Nous entrons par la porte droite de l'église Saint Ronan. L'odeur très particulière du lieu est presque oppressante en cette fin de matinée. Aude-Élie remarque cette clef gravée en relief dans une des dalles de pierre du sol. Personne n'en connaît l'origine. << On va en inventer une ! >> lance ma compagne de vacances. Nous ressortons par la porte gauche pour prendre immédiatement à droite. La rue.

J'ai prévu plusieurs repas. Dans la partie congélateur du réfrigérateur, des filets de saumon, des escalopes de poulet, de dinde et des nems. Aude-Élie propose de préparer la salade de tomates et son assaisonnement. Je poêle deux escalopes de dinde avec de petits champignons noirs réhydratés. La cuisson des spaghettis. Ma complice râpe une bonne quantité de Parmesan. Préparations rapides, rationnelles et mettant l'eau à la bouche. Nous mangeons de bon appétit en revenant sur les rencontres de la matinée. Assise sur mes cuisses, ses bras autour de mon cou, ma "nomade" me raconte quelques aventures vécues en Andalousie. La chaleur accablante qui règne là-bas. Les espaces désertiques. Valence et ses marchés pittoresques. << J'ai un garde du corps tu sais. C'est mieux pour une fille ! >> me confie t-elle.

Aude-Élie développe. << On se donne rendez-vous à un point précis. C'est beaucoup plus rassurant pour une fille seule ! >> m'explique t-elle avant de demander : << Et toi, tu es le garde du corps de quelqu'un ? >>. Le sens de la question m'amuse autant qu'elle. Je réponds simplement : << Oui ! >>. Un long silence s'installe. Ni l'un ni l'autre ne ressentons le besoin d'en parler davantage. La vaisselle. Nous nous lavons les dents en faisant les clowns devant le miroir de la salle de bain. Dans le petit sac à dos que je porte, des abricots, la gourde d'eau, des barres de céréales et la minuscule paire de jumelles. Pressés de filer nous dévalons les escaliers. Nous traversons la propriété jusqu'à la poterne arrière. De là, un étroit sentier monte en pente douce vers la "montagne de Locronan". L'itinéraire reste à l'ombre du dense feuillage des arbres séculaires.

Aude-Élie marche à l'avant. Imprimant un rythme soutenu. Quelquefois elle se retourne. S'arrête, effleure mes lèvres des siennes. Qu'il est agréable de pouvoir marcher à l'ombre des feuillages. Une clairière. Les troncs des arbres qui nous entourent sont recouverts d'une mousse rouille. Les rayons du soleil y pénètrent en dansant. L'endroit est magique. Assis en tailleur sur la mousse sèche du sol, nous grignotons nos abricots. Aude-Élie revient sur des souvenirs communs. Le souterrain. L'île. << Tu te souviens du petit tuyau bleu ? Je l'ai emmené. Il est dans la petite pochette au fond du sac ! >>. Je plonge la main dans le sac pour en sortir la pochette noire. Ma complice la saisit pour l'ouvrir. Elle en sort l'objet que je reconnais bien. Nous rions du souvenir que nous en gardons. Pas de mur ici pour faire le dessin d'un bonhomme, de son chapeau et de son petit chien.

Nous reprenons notre montée. Le sentier sinueux traverse parfois l'étroite route qui va jusqu'à la chapelle Ar Sonj. Nous ne croisons que de très rares randonneurs. Quelquefois le sentier devient chemin. Nous pouvons y évoluer en nous tenant par la main. Aude-Élie s'arrête soudain. Une expression de gravité sur le visage, elle me demande : << Qu'est-ce qui te rend aussi attachant ? >>. Je reste complètement abasourdi par cette question. Je réfléchis. Que dire ? Je finis par répondre : << Toi ! >>. Elle saisit ma main pour m'entraîner. Un sourire énigmatique se dessine sur ses lèvres. Nous reprenons notre montée. Voilà la chapelle. C'est une construction de pierre toujours fermée. L'édifice religieux n'est accessible au public qu'aux Troménies. Construite en 1911 son architecture est simple. Nous nous installons à l'ombre de ses murs.

Aude-Élie s'allonge. Sa tête sur ma cuisse. << Que c'est bon d'être en vacances ! >> dit elle. Je passe l'extrémité de mon index sur ses sourcils noirs. Je les caresse en l'écoutant partager ses ressentis. Il y a une voiture qui se gare sur le parking où s'arrête la route. Une famille. Des gamins hurleurs. << Oh put-hein ! Des emmerdeurs ! >> lance ma compagne de randonnée. Elle se redresse. Nous supportons les cris, les hurlements, jusqu'aux limites de nos patiences. Environ dix minutes. << Viens on se casse ou je commets un infanticide ! >> s'exclame ma complice. Nous nous levons pour fuir. C'est par la route que nous reprenons la descente. Du sommet de la "montagne" la vue sur la baie de Douarnenez est extraordinaire. Sur la droite le cap de la chèvre. Sur la gauche la pointe du Van.

Se serrant subitement contre moi, son bas ventre collé contre le mien, Aude-Élie chuchote : << Tu sais que ces balades flattent ma libido ! >>. Je l'écarte en posant mes mains sur ses épaules. Elle me fixe de ses yeux noirs, intenses. Une expression mutine et espiègle. << J'ai dit une bêtise ? >> demande t-elle. Je réponds : << Non, mais tu as un gage ! >>. Sautillant autour de moi, ma comparse s'écrie : << Oh oui ! Oh oui ! C'est quoi ? >>. Je reste un instant hésitant. Vais-je avoir le courage de dire cette énormité ? Devant mon hésitation Aude-Élie insiste : << Allez ! >>. Je réponds d'une voix à peine audible. Une voix couverte par le bruit de la voiture qui descend en nous dépassant. Mais Aude-Élie a très bien entendu quand même. Surtout lorsque je répète : << Tu dois continuer cette randonnée jusqu'au retour, sans culotte ! >>

<< Oh, c'est ça ? Mais je fais ça parfois sans que ce ne soit un gage ! Sans qu'on ne me le demande ! >>. Nous rions aux éclats. Retroussant sa jupette Aude-Élie retire sa culotte. Manquant de perdre son équilibre en levant la jambe droite, elle se tient à mon épaule. << Et voilà ! >> lance t-elle en faisant tournoyer le sous vêtement au-dessus de sa tête. Avant de le poser sur la mienne. << Je prends une photo ! >> s'écrie t-elle en sortant son téléphone du sac. Je me prête au jeu en faisant d'horribles grimaces. Elle prend quelques photos en me priant de rester sérieux. Nous rigolons comme des fous en découvrant les clichés sur l'écran de son I-phone. Attrapant ma main, ma compagne de promenade m'entraîne. Elle retire la culotte de ma tête pour la fourrer dans la pochette avant du sac à dos. Nous descendons d'un bon pas.

Dans l'avant dernier virage en épingle à cheveux, Aude-Élie se met à courir pour me précéder d'une vingtaine de mètres. Je m'arrête sans comprendre. Elle s'accroupit soudain. Elle écarte ses cuisses en me demandant : << Tu préfères la vue sur la baie ou sur la raie ? >>. Je suis plié de rire. Je m'accroupis à mon tour en restant à une dizaine de mètres. Je réponds : << Tu es adorable ! >>. Aude-Élie se lâche soudain dans un jet puissant. Je reste pantois, sidéré. Je regarde avec attention. C'est tellement surréaliste que j'en ai le souffle coupé. La fille me fixe. Amusée, contente de l'effet que cela produit sur ma psyché. C'est troublant et surprenant. Elle termine. Reste encore quelques instants dans cette position. Elle se redresse probablement juste avant l'ankylose. Une voiture arrive.

<< Ouf ! Juste à temps ! Je l'ai échappé belle ! >> lance t-elle. Elle jette le mouchoir en papier dans les fourrés. Elle monte me rejoindre pour prendre ma main. Nous rions en reprenant notre descente. Je dis : << J'aime aussi sans le petit tuyau bleu ! >>. Aude-Élie stoppe notre marche, passe ses bras autour de mon cou pour rajouter : << Je suis si bien avec toi ! >>. Elle effleure mes lèvres des siennes. Nous revenons par la rue de la Tour Saint Maurice. Il va être dix neuf heures trente. À droite le manoir Kerguénolé. À gauche le manoir de Sylvain. Le retour sur la place, noire de monde, nous fait prendre conscience de la faim qui nous tenaille. C'est dans l'ancien restaurant du Prieuré "Ar Maen Hir" que nous trouvons une table. Sous la pergola, sur la terrasse. Il y a un monde fou là aussi.

Nous savourons des queues de homards fumées accompagnées de légumes cuits à la vapeur. C'est un délice accompagné d'un rosé frais. << Je mange au restaurant sans culotte ! >> me fait soudain Aude-Élie alors que nous envisageons déjà les aventures de demain. Je demande : << Et c'est comment ? >>. En riant elle me répond : << C'est frais quand j'écarte ! >>. Nous en rigolons comme des bossus. Un petit tour aux toilettes avant l'addition. Nous remontons la rue du Prieuré pour nous retrouver sur la place. Un vrai bonheur que d'y flâner jusqu'au crépuscule. La nuit est tombée lorsque nous revenons à l'appartement. Ma complice insiste pour que nous prenions la douche ensemble : << Interdiction de t'éloigner de moi de plus de dix mètres. Et je te préviens, je suis hyper jalouse ! >> lance t-elle.

Nus comme au premier jour de nos existences, nous sommes allongés dans les transats sur le balcon. De loin nous parviennent les derniers bruits du bourg. Demain soir il y aura le second "marché aux étoiles". Marchés nocturnes ayant lieu deux fois par semaine jusqu'à la fin d'aout. En revenant de notre randonnée nous nous promettons d'y flâner. La fatigue nous gagne. Aude-Élie se lève, s'assoit sur moi à califourchon. Elle mitraille mon visage de bisous avant de dire : << J'aime ce que tu me fais ! >>. Je comprends immédiatement l'allusion. La fille au van se frotte doucement sur mon érection. Elle se lève pour m'entraîner dans la chambre. Une fois encore, j'offre ma bouche à ses désirs. J'adore. Elle aussi. << Je ne suis revenue que pour ça ! >> murmure t-elle. En s'empressant de rajouter : << Ce n'est même pas vrai ! >>

Je fais durer avec toutes les ruses dont je suis coutumier. Cessant lorsque je sens arriver l'ultime. Les spasmes qui agitent son corps me couvrent de délicieux frissons. Cette fois, avant de l'emmener au plaisir avec ma bouche, je la pénètre lentement. Centimètre par centimètre. Ses gémissements sont la plus douce des musiques. Elle se suspend à moi pour se laisser emmener dans mes chevauchées. Je me retire pour revenir aux caresses buccales. J'adore quand elle se met à tortiller du bassin, gémissante, comme affolée. Elle se crispe, se cambre soudain, me repousse en poussant un cri. Haletante, Aude-Élie m'attire auprès d'elle car elle sait que j'aime repartir pour un second tour. À son oreille, je chuchote : << J'aime les coquines. Je m'ennuie tellement avec celles qui ne le sont pas ! >>. Le dernier mot qu'elle prononce avant de sombrer : << Coquin ! >>. Je lutte pour garder mes yeux ouverts. Je veux encore la voir, la regarder, m'enivrer...


La fille au van
Sunday 20 April 2025 08:59

Oncle-Julien
Homme, 53 ans, France
- Épisode 13 - Chapitre 2 - Tous droits réservés - 2025 - Depuis mon Blog -



Sainte-Anne La Palud

C'est une sensation étrange. Comme si un insecte se promenait sur ma joue. Remontant sur ma pommette. D'abord dans mon sommeil, cela persiste jusqu'à mon réveil. J'ouvre les yeux. Aude-Élie m'observe, amusée. Elle tient une petite mèche de ses cheveux. Comme elle le ferait d'un fin pinceau, elle caresse la surface de ma peau. << Bonjour. Je n'aime pas être réveillée toute seule quand je suis avec toi ! >> murmure t-elle. Sans me laisser répondre, elle pose ses lèvres sur les miennes. Je la serre dans mes bras. Nous revenons aux réalités en restant enlacés, entortillés dans les draps. << Pipi ! >> s'écrie soudain ma “peintre“ de visage en se redressant. Comme mue par un ressort invisible, la fille au van se précipite vers la porte. Je me lève. Je vais sur le balcon. Il va encore faire beau aujourd'hui. Le soleil est maître d'un ciel d'azur.

Aude-Élie vient me rejoindre. Nous ne sommes vêtus que de nos T-shirts de nuit. Ses bras autour de mon cou, sur la pointe de ses pieds nus, elle dit : << J'ai mes "petits machins" ! >>. Le ton fataliste qu'elle emploi me fait rire. Je réponds : << On fera avec ! >>. Elle saisit ma main pour m'entraîner à la cuisine. << Je fais le café ! >> lance t-elle. Je me précipite à mon tour aux toilettes. Je reviens dans les suaves effluves parfumées du pain grillé, du café. Sur la table, la brioche au pudding. Je presse les oranges, je pèle les kiwis. Je dois me concentrer car Aude-Élie semble beaucoup apprécier de me prodiguer des chatouilles. Me déposant un bisou sur le nez à chaque fois que je tourne la tête pour regarder son expression mutine. Nous prenons notre petit déjeuner en revenant sur notre randonnée dans le bois du Nevet.

Nous traînons à table. Nous avons tout notre temps. Assise sur mes cuisses, ses bras autour de mon cou, ma complice me confie une nouvelle fois l'immense bien-être qui l'habite. << C'est super ensemble ! >> lance t-elle en concluant ainsi chacune de ses phrases. Pour ce mardi nous prévoyons une randonnée plus conséquente. Aller jusqu'au village de Kerlaz. De là, prendre l'itinéraire balisé qui mène à la chapelle de Saint-Anne La Palud puis la plage de Kervel. C'est sur l'écran de mon I-phone que nous définissons les trajets à suivre. La vaisselle. << J'ai un peu bobo mais pas de problème pour marcher ! >> précise ma vacancière en se levant. Je me lève à mon tour. Je penche ma tête pour poser mes lèvres sur son sein droit. Je souffle de l'air chaud au travers du fin coton de son T-shirt.

<< Mmhh, c'est bon ça ! Ça soulage ! >> murmure Aude-Élie alors que je fais de même sur son sein gauche. Tout en massant délicatement son bas ventre. << Docteur Julien, vos thérapies sont redoutablement efficaces ! >> rajoute ma "patiente". Je cesse pour la prendre par les épaules. Je dis : << Je vais vous administrer ce traitement plusieurs fois dans la journée. N'hésitez pas à me demander mes services ! >>. Aude-Élie éclate de rire en se mettant sur la pointe des pieds, ses bras autour de mon cou. La vaisselle. << Quand j'ai mes "trucs", je ne vais pas courir. C'est chiant ! Mais si tu veux y aller, je t'attends là ! >> me fait elle en s'essuyant les mains. Je réponds : << Il est important que votre docteur reste à proximité ! Et puis nous marcherons cinq heures cet après-midi ! >>

<< Viens, on va sous la douche ! >> s'exclame t-elle en m'entraînant par la main. Les corps couverts de mousse parfumée à l'Aloe Vera nous nous amusons à souffler les bulles. Nous réalisons ce matin toutes choses dans une sorte d'insouciance innocente. En riant beaucoup. Aude-Élie porte sa jupette carmin, un T-shirt crème. Je suis en short beige, T-shirt rouille. Nos baskets. Impatients d'aller sur la place de Locronan, nous dévalons l'escalier. Il y a un peu plus de cinq cent mètres. Des employés communaux placent des barrières entre le bar et la Mairie. Il y a les festivités du soir qui se préparent. La place est noire de monde alors qu'il n'est que dix heures quarante cinq. Nous en faisons le tour en nous tenant par la main. Notre couple attire quelques regards. Suscite certainement des interrogations.

Cette jeune fille tenant un homme d'âge mûr par la main. Couple insolite. Non messieurs dames, je ne suis pas le papa. Lorsqu'un regard se fait plus inquisiteur, Aude-Élie me dépose une bise sur la joue ou sur les lèvres. Nous nous amusons beaucoup de ces situations. << Ne laissons pas à ces petits curieux le moindre doute sur la nature de nos relations ! >> lance t-elle en me sautant au cou. Ses seins douloureux imposent de grandes attentions. J'ai envie de la serrer dans mes bras, de la soulever. Je dois me raisonner. Un petit bonjour à Hugo, le sculpteur. Il m'adresse un clin d'œil. Je suggère que nous réservions une table pour ce soir. Le "marché aux étoiles" attire énormément de monde à partir de dix neuf heures. Ce sera le Ty-Coz. << On va se faire toutes les crêpes ! >> s'écrie ma belle aventurière.

Avant de remonter, un petit tour à la boulangerie s'impose. Nous y trouvons quelques pains spéciaux. Surtout ces miches aux noix et aux noisettes, à la farine complète et biologique. Une main dans celle d'Aude-Élie, le sac en papier contenant les croissants et le pain dans l'autre, nous prenons la rue entre la librairie Celtique et l'église Saint Ronan. Nous voilà de retour. Ma complice se met à la préparation d'un concombre et de son assaisonnement. Je fais gonfler du riz complet. Dans la poêle, je réchauffe quatre gros nems aux crabes et aux crevettes. Tout cela est rapide et ne demande qu'un tout petit quart d'heure. Nous mangeons de bon appétit en revenant sur l'itinéraire prévu. J'aime quand ma compagne de vacances vient s'assoir sur mes cuisses. Elle picore dans mon assiette à coups de fourchette. C'est délicieux.

Nous ne traînons pas. La vaisselle. Une fois encore c'est en faisant nos pitreries devant le miroir de la salle de bain que nous nous brossons les dents. Tête contre tête, à nous rincer la bouche en riant. Dans le petit sac à dos, des fruits secs, des brugnons, la gourde d'eau, la minuscule paire de jumelles. Aude-Élie me fait remarquer qu'il faudra faire des courses. Nous irons donc demain matin au Super U de Plogonnec. << J'aime découvrir de nouveaux supermarchés, c'est amusant ! >> dit ma comparse en m'entraînant par la main devant le miroir de l'armoire. Nous prenons des poses ridicules en riant comme des fous. << Docteur Julien, bobo ! >> lance t-elle. Je me penche. Je pose mes lèvres sur chacun de ses seins pour y souffler de l'air chaud. << Mmhh, comme c'est bon ! >> fait elle dans un soupir de soulagement. Nous dévalons l'escalier. Nous allons vers les garages au fond de la propriété. << Bonjour petit camion ! >> lance Aude-Élie en passant la main sur le rétroviseur de son Van. << Attends, je récupère un truc ! >> fait elle en y entrant.

<< Mais, c'est quoi cette bagnole jaune ? C'est un canari ? >> s'exclame t-elle en ressortant de son van en tenant une petite boîte. Je réponds : << Ben c'est ma voiture de Locronan ! >>. Ma comparse fait le tour de la voiture. << Mais où est l'autre, celle que tu avais quand on s'est rencontrés ? >>. Je réponds : << Ben dans son garage à la maison ! >>. M'observant, pleine de compassion, avec une expression de pitié, elle rajoute : << Tu as une bagnole dans tous les endroits où tu vas ? >>. Je la rassure en expliquant que je rechigne à parcourir de longues distances en auto. Que je vais en Écosse le plus souvent en avion et en Bretagne en train. Aude-Élie s'installe sur le siège passager. Je lui propose de conduire. << Ah non, je suis en vacances, j'aime bien me faire promener ! >> s'exclame t-elle.

Il faut contourner le bourg en reprenant la route de Quéménéven. Prendre immédiatement à gauche. Après le carrefour, direction Douarnenez. La voiture est décapotée. Dans le rétroviseur intérieur je regarde les réactions de ma passagère. Ses cheveux attachés en queue se décoiffent malgré tout. Elle tient ses mèches rebelles en me donnant ses impressions. << Tu ne roules pas avec ça en hiver quand même ! >> lance t-elle, appréciant tout de même la fraîcheur du déplacement. Je réponds : << Je ne suis jamais en Bretagne en hiver ! >>. Elle s'écrie : << Même si on t'y invite ? >>. Je roule doucement. Je déteste la vitesse. J'adore pouvoir profiter prudemment des paysages qui m'entourent. Dix kilomètres sous un ciel voilé mais lumineux. La température extérieure est de 26°. Nous arrivons à Kerlaz.

Je gare l'auto à l'ombre du préau derrière la mairie. Je referme la capote. << Finalement, c'est génial quand il fait chaud cette bagnole ! >> lance Aude-Élie en sortant pour contourner la voiture, me prendre la main. Je mets le sac sur le dos. Mon accompagnatrice y fourre la petite boîte en carton en disant : << Tampons ! >>. Nous sortons du bourg. Il y a les panneaux indicateurs. Direction Plonévez-Porzay. Il faudra prendre à gauche en direction de Sainte-Anne La Palud dans trois bornes. Une légère brise de l'océan permet une marche aérée et agréable. Nous nous tenons la main. Ma complice me raconte des anecdotes vécues durant ses escapades en van. J'écoute. C'est intéressant. Je ne voyage pas. Aussi ses récits sont rapidement passionnants. Le chemin devient sentier dès le carrefour. Il faut prendre à gauche. Ma compagne de randonnée s'arrête : << Docteur Julien, bobo ! >> répète t-elle. Je souffle une nouvelle fois de l'air chaud à travers le fin coton de son T-shirt. Je crois bien que ma thérapie soulage réellement.

Aude-Élie ouvre la marche, s'arrêtant parfois pour se retourner. Me faire un bisou furtif. Elle prend quelques photos, me proposant parfois un selfie. Ma guide impose un rythme soutenu. C'est beaucoup plus gratifiant de randonner sans rôtir sous le soleil implacable de ces derniers jours. Il y a deux heures de marche. Saint-Anne La palud est un hameau d'une vingtaine de maisons. Du moins du côté où nous arrivons. Là-bas, à quelques centaines de mètres, l'église. << Viens ! >> lance ma randonneuse en m'entraînant dans une course. Nous courons dans le pré qui descend en pente douce. Devant nous la baie de Douarnenez. Les bateaux, les voiles blanches des voiliers. Pas un bruit. Nous entrons dans l'église toute en longueur. Il n'y a personne. Cette odeur caractéristique des intérieurs religieux. Des odeurs où se mêlent humidité, beurre rance et vieux bois. Vieilles pierres. Moisissures peut-être.

<< Ça ressemble étrangement à la chapelle où j'étais cachée pour observer tes frasques. Tu te souviens ? La fille asiatique dans le confessionnal ? Celle qui t'a donné l'image ? >> s'exclame Aude-Élie en avançant dans l'allée centrale. Je réponds, un peu gêné, d'un simple : << Oui ! >>. Elle tourne sur elle-même en tenant sa jupette. Je la regarde. Son corps athlétique, ses formes parfaites, l'insouciance de sa jeunesse, trouvent là une autre façon de s'exprimer. Elle arrive au transept. Écarte ses bras. À contre jour sa silhouette est celle d'une croix. << Qu'est ce que tu fais là-bas, loin de moi ? >> chante t-elle en parodiant la psalmodie d'un air religieux. Je ris aux éclats. Elle mime une ballerine qui ferait ses pointes. C'est en courant que je viens la rejoindre. << Ah ! Quand même ! >> lance t-elle. Je la tiens par ses hanches alors qu'elle continue de faire sa danseuse. << Bobo ! >> murmure t-elle. J'applique la thérapie du docteur Julien.

Assis sur le second banc, à côté de la colonne, nous savourons nos fruits secs. Qu'il est agréable d'être dans la fraîcheur de cet édifice. Nos yeux se sont habitués à la pénombre. Aude-Élie change de position. À califourchon sur le banc, buvant à la gourde, elle regarde les vitraux partout autour de nous. Moi, je découvre sa culotte noire. Elle s'en rend compte et murmure : << Coquin ! >>. Je chuchote : << Coquine ! >>. Elle me tend la gourde. J'en prends une goulée. << Tu te souviens de ce qui s'est passé avec la fille asiatique dans la chapelle ? >> me demande ma complice. Je réponds, à nouveau gêné : << Oui, très bien ! >>. Aude-Élie se penche, pose furtivement ses lèvres sur les miennes avant de dire : << On va refaire. Je ne suis pas Japonaise, ni Chinoise. Ça t'ira quand même ? >>. Je me mets à rire un peu nerveusement avant de répondre : << Tu es adorable ! >>. Elle dit : << Je sais ! >>

Il y a deux confessionnaux. Des sortes de grandes armoires en bois de chêne. Ma complice se lève en disant : << Tu comptes jusqu'à vingt ! Doucement. Sans tricher ! >>. Je la regarde s'éloigner en sautillant. Elle passe entre les bancs pour écarter le rideaux cramoisis et tout gris. Elle pénètre dans le compartiment de droite. Tire le rideau pour se dissimuler. Je compte à voix basse. Vingt. Je me lève pour aller m'assoir sur l'extrémité du banc juste en face. Le vieux rideau gris est dégoûtant. Il y a un espace d'environ cinquante centimètres. Je ne vois que les pieds de ma comparse. Je regarde vers la porte. Personne. Nous sommes absolument seuls. Je regarde à nouveau. Aude-Élie, accroupie, de face. Dans l'obscurité de son espace restreint. Elle reste ainsi. Mon sang ne fait qu'un tour. Mon cœur bat la chamade.

Je n'ai pas le courage de sortir mon sexe. Certainement à la limite de la crampe, au bout de quelques minutes, Aude-Élie se redresse. Je suis en apnée. Je respire un grand coup. Que va t-elle encore me réserver ? Je respire à nouveau normalement. Mon érection est désagréable. Mon sexe contraint et tordu au fond de mon slip. J'hésite. La culotte tombe sur ses chevilles. Aude-Élie s'accroupit. L'obscurité ne permet pas de distinguer. Mais après tout, ce qui importe n'est pas de voir. La situation est suffisamment suggestive. Écartant largement ses cuisses, autant que le permet l'étroit compartiment, je devine la petite ficelle blanche. C'est intense. Mon excitation n'est pas gratuite. Elle est la résultante de tous les sentiments qui m'envahissent une nouvelle fois. Désordonnés et anarchiques, ils se bousculent en moi. Fourrant ma main dans mon short, mon slip, je redresse mon sexe.

Quel soulagement. Je l'extrais par le haut de mon short. Aude-Élie se redresse. Je ne vois plus que ses chevilles dont l'une est enroulée de sa culotte. Elle écarte le rideau. Jouant l'inconnue effarouchée à la perfection, elle pousse un : << Oh ! >>. Je suis terriblement gêné. << Ça vous fait cet effet là monsieur ? >> demande t-elle d'une voix innocente. Comme elle est belle, là, dans l'encadrement de ce compartiment. Une madone Bretonne. Comme elle est "craquante" ! Tenant le rideau tiré avec le coude, de son autre main, l'index pointé, elle me montre la basse banquette de bois. Elle s'y assoit. De son index elle m'invite à la rejoindre. Je me lève, je me sens terriblement ridicule avec mon érection à la main. Nous voilà tous deux dans le compartiment. Nous y tenons de justesse. Je m'accroupis entre ses jambes écartées. Je pose mes mains sur ses genoux pour préserver mon équilibre. J'avance ma tête entre ses cuisses largement écartées. Aude-Élie me retient. M'en interdit l'accès.

<< Ça me gêne ! >> chuchote t-elle. J'insiste en avançant encore. Pour pouvoir le faire dans les toutes meilleures conditions, je pose ma bouche sur son clitoris. Ma complice tire le rideau. Dès la première succion son gémissement résonne dans toute l'église. Je n'aurais pas droit à ses substances. Il me faudra me contenter de son "bouton". << Ça fait partie de votre thérapie Docteur ? >> demande t-elle en chuchotant. Sans cesser mes caresses linguales je ris. Aude-Élie caresse mes cheveux. Elle tient à présent des propos amphigouriques. Je ne comprends plus ce qu'elle marmonne. Enivrée de l'indicible plaisir que je lui prodigue elle murmure, gémit, reprenant son souffle entre deux apnées. << Tu vas me rendre folle. C'est trop bon ! >> arrive t-elle à murmurer. Je cesse aux instants critiques. Parfois, saisissant la petite ficelle entre le pouce et l'index, je tire un peu. Je donne des à coups. << Arrête ! >> murmure t-elle. Je chuchote : << C'est pour divertir. Pour retarder l'échéance ! >>

Nous restons ainsi un long moment. Soudain, en se tortillant, essayant d'étendre ses jambes, ma complice pousse un long râle. Profond. Grave. Elle veut me repousser alors que des spasmes secouent tout son corps. Je résiste. Elle insiste. C'est une lutte qui nous fait rire. Je cesse pour me redresser. Mes genoux sont douloureux. Moi aussi, noyé dans le plaisir, j'avais fait abstraction de mes sens physiques. Je suis debout. Aude-Élie masse mes genoux. Ce qui lui permet de reprendre ses esprits. Elle se lève pour enfiler sa culotte. Avec précaution elle se met contre moi, mais sans serrer ses seins contre ma poitrine. Le bruit du battant de la grande porte. C'est un groupe de touristes. Nous sortons du confessionnal pour nous diriger vers la sortie. Sans oser affronter les regards des arrivants. Il est 17 h30.

<< Comme c'était bien ! >> lance ma belle aventurière en saisissant mes deux mains des siennes. Elle pose ses lèvres sur les miennes. Le ciel semble s'obscurcir au-dessus de l'horizon. Si nous voulons trouver un restaurant pour ce soir, il faut prendre le chemin du retour. Comme à l'aller, avec un arrêt pipi dans les broussailles. << Je me fais toujours piquer par des bestioles ! >> lance t-elle depuis les bosquets. Il est dix neuf heures trente quand nous sommes de retour à la voiture. << Put-Hein ce jaune ! >> lance ma compagne de "confessions“. Le Ty-Coz et sa table nous attendent. Cette crêperie qui a attiré l'attention de ma passagère ce matin. Sa tête sur mon épaule, alors que je roule prudemment, Aude-Élie me confie son ressenti. << Et toi ? >> demande t-elle soudain en posant sa main sur ma "bosse". Je réponds : << Tu ne peux plus poser cette question sans te voir imposer un gage ! >>. Elle s'écrie : << Oh oui, un gage ! Super ! Comme hier ? Le même ? >>. Nous rions.

Nous avons beaucoup de chance. Il reste quelques tables. Confortablement installés sous la tonnelle, nous nous goinfrons de crêpes plus délicieuses les unes que les autres. Nous traînons longuement devant nos coupes de glaces à présent vides. Malgré les clients qui nous entourent, nous sommes seuls au monde. Le crépuscule. Puis la nuit. Un éclair zèbre soudain les cieux. Suivit rapidement d'un coup de tonnerre assourdissant. Aude-Élie saisit mes mains. Nous nous fixons. J'ai beaucoup de mal à soutenir son regard. Il fouille mon âme jusqu'au plus profond de mon être. L'addition. La fatigue se fait sentir. En rangeant l'auto dans le garage, ma complice me saisit le bras pour bâiller à s'en décrocher la mâchoire. Une rapide douche. Je la laisse seule. Elle vient me rejoindre en plongeant sous les draps. La pluie tombe. Des éclairs, des coups de tonnerre. Sa tête imbriquée dans le creux de mon épaule, elle se blottit. Rapidement sa respiration devient régulière. Elle dort déjà. Je tente de résister au sommeil encore un peu, mais je ne tarde pas à plonger.


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