- Épisode 13 - Chapitre 2 - Tous droits réservés - 2025 - Depuis mon Blog -
Sainte-Anne La Palud
C'est une sensation étrange. Comme si un insecte se promenait sur ma joue. Remontant sur ma pommette. D'abord dans mon sommeil, cela persiste jusqu'à mon réveil. J'ouvre les yeux. Aude-Élie m'observe, amusée. Elle tient une petite mèche de ses cheveux. Comme elle le ferait d'un fin pinceau, elle caresse la surface de ma peau. << Bonjour. Je n'aime pas être réveillée toute seule quand je suis avec toi ! >> murmure t-elle. Sans me laisser répondre, elle pose ses lèvres sur les miennes. Je la serre dans mes bras. Nous revenons aux réalités en restant enlacés, entortillés dans les draps. << Pipi ! >> s'écrie soudain ma “peintre“ de visage en se redressant. Comme mue par un ressort invisible, la fille au van se précipite vers la porte. Je me lève. Je vais sur le balcon. Il va encore faire beau aujourd'hui. Le soleil est maître d'un ciel d'azur.
Aude-Élie vient me rejoindre. Nous ne sommes vêtus que de nos T-shirts de nuit. Ses bras autour de mon cou, sur la pointe de ses pieds nus, elle dit : << J'ai mes "petits machins" ! >>. Le ton fataliste qu'elle emploi me fait rire. Je réponds : << On fera avec ! >>. Elle saisit ma main pour m'entraîner à la cuisine. << Je fais le café ! >> lance t-elle. Je me précipite à mon tour aux toilettes. Je reviens dans les suaves effluves parfumées du pain grillé, du café. Sur la table, la brioche au pudding. Je presse les oranges, je pèle les kiwis. Je dois me concentrer car Aude-Élie semble beaucoup apprécier de me prodiguer des chatouilles. Me déposant un bisou sur le nez à chaque fois que je tourne la tête pour regarder son expression mutine. Nous prenons notre petit déjeuner en revenant sur notre randonnée dans le bois du Nevet.
Nous traînons à table. Nous avons tout notre temps. Assise sur mes cuisses, ses bras autour de mon cou, ma complice me confie une nouvelle fois l'immense bien-être qui l'habite. << C'est super ensemble ! >> lance t-elle en concluant ainsi chacune de ses phrases. Pour ce mardi nous prévoyons une randonnée plus conséquente. Aller jusqu'au village de Kerlaz. De là, prendre l'itinéraire balisé qui mène à la chapelle de Saint-Anne La Palud puis la plage de Kervel. C'est sur l'écran de mon I-phone que nous définissons les trajets à suivre. La vaisselle. << J'ai un peu bobo mais pas de problème pour marcher ! >> précise ma vacancière en se levant. Je me lève à mon tour. Je penche ma tête pour poser mes lèvres sur son sein droit. Je souffle de l'air chaud au travers du fin coton de son T-shirt.
<< Mmhh, c'est bon ça ! Ça soulage ! >> murmure Aude-Élie alors que je fais de même sur son sein gauche. Tout en massant délicatement son bas ventre. << Docteur Julien, vos thérapies sont redoutablement efficaces ! >> rajoute ma "patiente". Je cesse pour la prendre par les épaules. Je dis : << Je vais vous administrer ce traitement plusieurs fois dans la journée. N'hésitez pas à me demander mes services ! >>. Aude-Élie éclate de rire en se mettant sur la pointe des pieds, ses bras autour de mon cou. La vaisselle. << Quand j'ai mes "trucs", je ne vais pas courir. C'est chiant ! Mais si tu veux y aller, je t'attends là ! >> me fait elle en s'essuyant les mains. Je réponds : << Il est important que votre docteur reste à proximité ! Et puis nous marcherons cinq heures cet après-midi ! >>
<< Viens, on va sous la douche ! >> s'exclame t-elle en m'entraînant par la main. Les corps couverts de mousse parfumée à l'Aloe Vera nous nous amusons à souffler les bulles. Nous réalisons ce matin toutes choses dans une sorte d'insouciance innocente. En riant beaucoup. Aude-Élie porte sa jupette carmin, un T-shirt crème. Je suis en short beige, T-shirt rouille. Nos baskets. Impatients d'aller sur la place de Locronan, nous dévalons l'escalier. Il y a un peu plus de cinq cent mètres. Des employés communaux placent des barrières entre le bar et la Mairie. Il y a les festivités du soir qui se préparent. La place est noire de monde alors qu'il n'est que dix heures quarante cinq. Nous en faisons le tour en nous tenant par la main. Notre couple attire quelques regards. Suscite certainement des interrogations.
Cette jeune fille tenant un homme d'âge mûr par la main. Couple insolite. Non messieurs dames, je ne suis pas le papa. Lorsqu'un regard se fait plus inquisiteur, Aude-Élie me dépose une bise sur la joue ou sur les lèvres. Nous nous amusons beaucoup de ces situations. << Ne laissons pas à ces petits curieux le moindre doute sur la nature de nos relations ! >> lance t-elle en me sautant au cou. Ses seins douloureux imposent de grandes attentions. J'ai envie de la serrer dans mes bras, de la soulever. Je dois me raisonner. Un petit bonjour à Hugo, le sculpteur. Il m'adresse un clin d'œil. Je suggère que nous réservions une table pour ce soir. Le "marché aux étoiles" attire énormément de monde à partir de dix neuf heures. Ce sera le Ty-Coz. << On va se faire toutes les crêpes ! >> s'écrie ma belle aventurière.
Avant de remonter, un petit tour à la boulangerie s'impose. Nous y trouvons quelques pains spéciaux. Surtout ces miches aux noix et aux noisettes, à la farine complète et biologique. Une main dans celle d'Aude-Élie, le sac en papier contenant les croissants et le pain dans l'autre, nous prenons la rue entre la librairie Celtique et l'église Saint Ronan. Nous voilà de retour. Ma complice se met à la préparation d'un concombre et de son assaisonnement. Je fais gonfler du riz complet. Dans la poêle, je réchauffe quatre gros nems aux crabes et aux crevettes. Tout cela est rapide et ne demande qu'un tout petit quart d'heure. Nous mangeons de bon appétit en revenant sur l'itinéraire prévu. J'aime quand ma compagne de vacances vient s'assoir sur mes cuisses. Elle picore dans mon assiette à coups de fourchette. C'est délicieux.
Nous ne traînons pas. La vaisselle. Une fois encore c'est en faisant nos pitreries devant le miroir de la salle de bain que nous nous brossons les dents. Tête contre tête, à nous rincer la bouche en riant. Dans le petit sac à dos, des fruits secs, des brugnons, la gourde d'eau, la minuscule paire de jumelles. Aude-Élie me fait remarquer qu'il faudra faire des courses. Nous irons donc demain matin au Super U de Plogonnec. << J'aime découvrir de nouveaux supermarchés, c'est amusant ! >> dit ma comparse en m'entraînant par la main devant le miroir de l'armoire. Nous prenons des poses ridicules en riant comme des fous. << Docteur Julien, bobo ! >> lance t-elle. Je me penche. Je pose mes lèvres sur chacun de ses seins pour y souffler de l'air chaud. << Mmhh, comme c'est bon ! >> fait elle dans un soupir de soulagement. Nous dévalons l'escalier. Nous allons vers les garages au fond de la propriété. << Bonjour petit camion ! >> lance Aude-Élie en passant la main sur le rétroviseur de son Van. << Attends, je récupère un truc ! >> fait elle en y entrant.
<< Mais, c'est quoi cette bagnole jaune ? C'est un canari ? >> s'exclame t-elle en ressortant de son van en tenant une petite boîte. Je réponds : << Ben c'est ma voiture de Locronan ! >>. Ma comparse fait le tour de la voiture. << Mais où est l'autre, celle que tu avais quand on s'est rencontrés ? >>. Je réponds : << Ben dans son garage à la maison ! >>. M'observant, pleine de compassion, avec une expression de pitié, elle rajoute : << Tu as une bagnole dans tous les endroits où tu vas ? >>. Je la rassure en expliquant que je rechigne à parcourir de longues distances en auto. Que je vais en Écosse le plus souvent en avion et en Bretagne en train. Aude-Élie s'installe sur le siège passager. Je lui propose de conduire. << Ah non, je suis en vacances, j'aime bien me faire promener ! >> s'exclame t-elle.
Il faut contourner le bourg en reprenant la route de Quéménéven. Prendre immédiatement à gauche. Après le carrefour, direction Douarnenez. La voiture est décapotée. Dans le rétroviseur intérieur je regarde les réactions de ma passagère. Ses cheveux attachés en queue se décoiffent malgré tout. Elle tient ses mèches rebelles en me donnant ses impressions. << Tu ne roules pas avec ça en hiver quand même ! >> lance t-elle, appréciant tout de même la fraîcheur du déplacement. Je réponds : << Je ne suis jamais en Bretagne en hiver ! >>. Elle s'écrie : << Même si on t'y invite ? >>. Je roule doucement. Je déteste la vitesse. J'adore pouvoir profiter prudemment des paysages qui m'entourent. Dix kilomètres sous un ciel voilé mais lumineux. La température extérieure est de 26°. Nous arrivons à Kerlaz.
Je gare l'auto à l'ombre du préau derrière la mairie. Je referme la capote. << Finalement, c'est génial quand il fait chaud cette bagnole ! >> lance Aude-Élie en sortant pour contourner la voiture, me prendre la main. Je mets le sac sur le dos. Mon accompagnatrice y fourre la petite boîte en carton en disant : << Tampons ! >>. Nous sortons du bourg. Il y a les panneaux indicateurs. Direction Plonévez-Porzay. Il faudra prendre à gauche en direction de Sainte-Anne La Palud dans trois bornes. Une légère brise de l'océan permet une marche aérée et agréable. Nous nous tenons la main. Ma complice me raconte des anecdotes vécues durant ses escapades en van. J'écoute. C'est intéressant. Je ne voyage pas. Aussi ses récits sont rapidement passionnants. Le chemin devient sentier dès le carrefour. Il faut prendre à gauche. Ma compagne de randonnée s'arrête : << Docteur Julien, bobo ! >> répète t-elle. Je souffle une nouvelle fois de l'air chaud à travers le fin coton de son T-shirt. Je crois bien que ma thérapie soulage réellement.
Aude-Élie ouvre la marche, s'arrêtant parfois pour se retourner. Me faire un bisou furtif. Elle prend quelques photos, me proposant parfois un selfie. Ma guide impose un rythme soutenu. C'est beaucoup plus gratifiant de randonner sans rôtir sous le soleil implacable de ces derniers jours. Il y a deux heures de marche. Saint-Anne La palud est un hameau d'une vingtaine de maisons. Du moins du côté où nous arrivons. Là-bas, à quelques centaines de mètres, l'église. << Viens ! >> lance ma randonneuse en m'entraînant dans une course. Nous courons dans le pré qui descend en pente douce. Devant nous la baie de Douarnenez. Les bateaux, les voiles blanches des voiliers. Pas un bruit. Nous entrons dans l'église toute en longueur. Il n'y a personne. Cette odeur caractéristique des intérieurs religieux. Des odeurs où se mêlent humidité, beurre rance et vieux bois. Vieilles pierres. Moisissures peut-être.
<< Ça ressemble étrangement à la chapelle où j'étais cachée pour observer tes frasques. Tu te souviens ? La fille asiatique dans le confessionnal ? Celle qui t'a donné l'image ? >> s'exclame Aude-Élie en avançant dans l'allée centrale. Je réponds, un peu gêné, d'un simple : << Oui ! >>. Elle tourne sur elle-même en tenant sa jupette. Je la regarde. Son corps athlétique, ses formes parfaites, l'insouciance de sa jeunesse, trouvent là une autre façon de s'exprimer. Elle arrive au transept. Écarte ses bras. À contre jour sa silhouette est celle d'une croix. << Qu'est ce que tu fais là-bas, loin de moi ? >> chante t-elle en parodiant la psalmodie d'un air religieux. Je ris aux éclats. Elle mime une ballerine qui ferait ses pointes. C'est en courant que je viens la rejoindre. << Ah ! Quand même ! >> lance t-elle. Je la tiens par ses hanches alors qu'elle continue de faire sa danseuse. << Bobo ! >> murmure t-elle. J'applique la thérapie du docteur Julien.
Assis sur le second banc, à côté de la colonne, nous savourons nos fruits secs. Qu'il est agréable d'être dans la fraîcheur de cet édifice. Nos yeux se sont habitués à la pénombre. Aude-Élie change de position. À califourchon sur le banc, buvant à la gourde, elle regarde les vitraux partout autour de nous. Moi, je découvre sa culotte noire. Elle s'en rend compte et murmure : << Coquin ! >>. Je chuchote : << Coquine ! >>. Elle me tend la gourde. J'en prends une goulée. << Tu te souviens de ce qui s'est passé avec la fille asiatique dans la chapelle ? >> me demande ma complice. Je réponds, à nouveau gêné : << Oui, très bien ! >>. Aude-Élie se penche, pose furtivement ses lèvres sur les miennes avant de dire : << On va refaire. Je ne suis pas Japonaise, ni Chinoise. Ça t'ira quand même ? >>. Je me mets à rire un peu nerveusement avant de répondre : << Tu es adorable ! >>. Elle dit : << Je sais ! >>
Il y a deux confessionnaux. Des sortes de grandes armoires en bois de chêne. Ma complice se lève en disant : << Tu comptes jusqu'à vingt ! Doucement. Sans tricher ! >>. Je la regarde s'éloigner en sautillant. Elle passe entre les bancs pour écarter le rideaux cramoisis et tout gris. Elle pénètre dans le compartiment de droite. Tire le rideau pour se dissimuler. Je compte à voix basse. Vingt. Je me lève pour aller m'assoir sur l'extrémité du banc juste en face. Le vieux rideau gris est dégoûtant. Il y a un espace d'environ cinquante centimètres. Je ne vois que les pieds de ma comparse. Je regarde vers la porte. Personne. Nous sommes absolument seuls. Je regarde à nouveau. Aude-Élie, accroupie, de face. Dans l'obscurité de son espace restreint. Elle reste ainsi. Mon sang ne fait qu'un tour. Mon cœur bat la chamade.
Je n'ai pas le courage de sortir mon sexe. Certainement à la limite de la crampe, au bout de quelques minutes, Aude-Élie se redresse. Je suis en apnée. Je respire un grand coup. Que va t-elle encore me réserver ? Je respire à nouveau normalement. Mon érection est désagréable. Mon sexe contraint et tordu au fond de mon slip. J'hésite. La culotte tombe sur ses chevilles. Aude-Élie s'accroupit. L'obscurité ne permet pas de distinguer. Mais après tout, ce qui importe n'est pas de voir. La situation est suffisamment suggestive. Écartant largement ses cuisses, autant que le permet l'étroit compartiment, je devine la petite ficelle blanche. C'est intense. Mon excitation n'est pas gratuite. Elle est la résultante de tous les sentiments qui m'envahissent une nouvelle fois. Désordonnés et anarchiques, ils se bousculent en moi. Fourrant ma main dans mon short, mon slip, je redresse mon sexe.
Quel soulagement. Je l'extrais par le haut de mon short. Aude-Élie se redresse. Je ne vois plus que ses chevilles dont l'une est enroulée de sa culotte. Elle écarte le rideau. Jouant l'inconnue effarouchée à la perfection, elle pousse un : << Oh ! >>. Je suis terriblement gêné. << Ça vous fait cet effet là monsieur ? >> demande t-elle d'une voix innocente. Comme elle est belle, là, dans l'encadrement de ce compartiment. Une madone Bretonne. Comme elle est "craquante" ! Tenant le rideau tiré avec le coude, de son autre main, l'index pointé, elle me montre la basse banquette de bois. Elle s'y assoit. De son index elle m'invite à la rejoindre. Je me lève, je me sens terriblement ridicule avec mon érection à la main. Nous voilà tous deux dans le compartiment. Nous y tenons de justesse. Je m'accroupis entre ses jambes écartées. Je pose mes mains sur ses genoux pour préserver mon équilibre. J'avance ma tête entre ses cuisses largement écartées. Aude-Élie me retient. M'en interdit l'accès.
<< Ça me gêne ! >> chuchote t-elle. J'insiste en avançant encore. Pour pouvoir le faire dans les toutes meilleures conditions, je pose ma bouche sur son clitoris. Ma complice tire le rideau. Dès la première succion son gémissement résonne dans toute l'église. Je n'aurais pas droit à ses substances. Il me faudra me contenter de son "bouton". << Ça fait partie de votre thérapie Docteur ? >> demande t-elle en chuchotant. Sans cesser mes caresses linguales je ris. Aude-Élie caresse mes cheveux. Elle tient à présent des propos amphigouriques. Je ne comprends plus ce qu'elle marmonne. Enivrée de l'indicible plaisir que je lui prodigue elle murmure, gémit, reprenant son souffle entre deux apnées. << Tu vas me rendre folle. C'est trop bon ! >> arrive t-elle à murmurer. Je cesse aux instants critiques. Parfois, saisissant la petite ficelle entre le pouce et l'index, je tire un peu. Je donne des à coups. << Arrête ! >> murmure t-elle. Je chuchote : << C'est pour divertir. Pour retarder l'échéance ! >>
Nous restons ainsi un long moment. Soudain, en se tortillant, essayant d'étendre ses jambes, ma complice pousse un long râle. Profond. Grave. Elle veut me repousser alors que des spasmes secouent tout son corps. Je résiste. Elle insiste. C'est une lutte qui nous fait rire. Je cesse pour me redresser. Mes genoux sont douloureux. Moi aussi, noyé dans le plaisir, j'avais fait abstraction de mes sens physiques. Je suis debout. Aude-Élie masse mes genoux. Ce qui lui permet de reprendre ses esprits. Elle se lève pour enfiler sa culotte. Avec précaution elle se met contre moi, mais sans serrer ses seins contre ma poitrine. Le bruit du battant de la grande porte. C'est un groupe de touristes. Nous sortons du confessionnal pour nous diriger vers la sortie. Sans oser affronter les regards des arrivants. Il est 17 h30.
<< Comme c'était bien ! >> lance ma belle aventurière en saisissant mes deux mains des siennes. Elle pose ses lèvres sur les miennes. Le ciel semble s'obscurcir au-dessus de l'horizon. Si nous voulons trouver un restaurant pour ce soir, il faut prendre le chemin du retour. Comme à l'aller, avec un arrêt pipi dans les broussailles. << Je me fais toujours piquer par des bestioles ! >> lance t-elle depuis les bosquets. Il est dix neuf heures trente quand nous sommes de retour à la voiture. << Put-Hein ce jaune ! >> lance ma compagne de "confessions“. Le Ty-Coz et sa table nous attendent. Cette crêperie qui a attiré l'attention de ma passagère ce matin. Sa tête sur mon épaule, alors que je roule prudemment, Aude-Élie me confie son ressenti. << Et toi ? >> demande t-elle soudain en posant sa main sur ma "bosse". Je réponds : << Tu ne peux plus poser cette question sans te voir imposer un gage ! >>. Elle s'écrie : << Oh oui, un gage ! Super ! Comme hier ? Le même ? >>. Nous rions.
Nous avons beaucoup de chance. Il reste quelques tables. Confortablement installés sous la tonnelle, nous nous goinfrons de crêpes plus délicieuses les unes que les autres. Nous traînons longuement devant nos coupes de glaces à présent vides. Malgré les clients qui nous entourent, nous sommes seuls au monde. Le crépuscule. Puis la nuit. Un éclair zèbre soudain les cieux. Suivit rapidement d'un coup de tonnerre assourdissant. Aude-Élie saisit mes mains. Nous nous fixons. J'ai beaucoup de mal à soutenir son regard. Il fouille mon âme jusqu'au plus profond de mon être. L'addition. La fatigue se fait sentir. En rangeant l'auto dans le garage, ma complice me saisit le bras pour bâiller à s'en décrocher la mâchoire. Une rapide douche. Je la laisse seule. Elle vient me rejoindre en plongeant sous les draps. La pluie tombe. Des éclairs, des coups de tonnerre. Sa tête imbriquée dans le creux de mon épaule, elle se blottit. Rapidement sa respiration devient régulière. Elle dort déjà. Je tente de résister au sommeil encore un peu, mais je ne tarde pas à plonger.